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athlétisme est une affaire de duos s’ajoutant les uns aux autres. Des paires
démultipliées à l’infini. En autant de couples qu’il y a d’entraîneurs et
d’athlètes. Chaque athlète ayant une relation particulière avec « son »
entraîneur, même s’il n’est qu’un élément parmi tant d’autres d’un groupe
d’entraînement.
Le club est lui aussi un repaire de groupes, de duos multiples
s’ajoutant les uns aux autres dans une identité commune matérialisée par la
couleur d’un maillot, d’un écusson apposé sur un survêtement. Cet alignement de
groupes se transforme en un empilement constitutif des ligues de wilaya qui,
dans un espace géographique déterminé et par empilement successif, donnent les
ligues régionales et in fine les fédérations qui s’agrègent, en tout bout du
processus national, en un comité olympique national et, dans le contexte
international, dans des confédérations continentales et une fédération
internationale.
Qu’avons-nous décrit, si ce n’est une structuration du mouvement
sportif hyper connue de tous et en même temps oubliée ? Une structure composée
de binômes s’attirant et/ou se repoussant comme le font des atomes dans une
molécule. Chaque niveau de la structure est sensée satisfaire aux besoins du
niveau inférieur, lui permettre de donner sa pleine mesure.
A la base du système, la paire athlète-entraîneur est une relation
particulière basée sur la satisfaction mutuelle se traduisant par la jouissance
née d’un record (serait-il simplement personnel, le « PB »
des instances sportives internationales, invisible dans les annales de la
discipline mais éternellement mémorisé dans la mémoire de son auteur) pour
l’athlète et l’expression d’un travail bien fait pour l’entraîneur qui n’a pas
l’impression d’avoir perdu son temps à conseiller « son »
athlète, que l’effort intellectuel (celui de l’athlète est plus somatique)
consenti n’a pas été vain.
La satisfaction existe également à tous les niveaux de la structure
(clubs, ligues, fédération). Sans avoir la même intensité émotionnelle. La
satisfaction d’une réussite collective démultipliée par le nombre de réussites
individuelles, le nombre de médailles décrochées. Il s’y ajoute normalement
aussi, le sentiment d’avoir su gérer au mieux les deniers publics à
disposition, d’avoir donné à tous les moyens de se surpasser, de ne pas avoir
laissé en retrait un athlète ou un duo.
Une structure administrative de soutien à la pratique sportive est
comptable, lors de la reddition annuelle des comptes devant les membres de son
assemblée générale et des autorités publiques qui la finance, non seulement
d’une bonne gestion comptable et administrative (qui en est le premier
critère), mais aussi de la rentabilité des fonds reçus. Une rentabilité qui se
manifeste, en plus du nombre de titres et de médailles remportées (et de la
classification des clubs en découlant), dans l’évolution des effectifs et du
niveau de performance de chacun des athlètes qui ne peuvent se situer dans la
hiérarchie nationale, en l’absence d’un système de classification de la
performance, que par rapport aux records nationaux de chaque catégorie d’âge et
à l’insuffisant « Top 10 » ou encore en fonction de la
dernière édition des championnats nationaux.
Les courants migratoires saisonniers des athlètes (pour des stages de
préparation et pour des compétitions) vers la rive Nord de la Méditerranée permettent
à la Fédération de se désengager de ce volet de son activité et de s’enfermer
dans une forme de misérabilisme qui nuit à la respectabilité des athlètes
obligés de quémander, d’accepter de maigres avantages (frais de séjour, primes
ou indemnités dérisoires, prises en charge éventuelles du billet d’avion) pour
se donner une visibilité qui leur est refusée sur le territoire national, pour
se préparer dans des conditions qui ne sont pas toujours mirobolantes mais
incomparables avec celles qui ne leur sont même pas offertes par les clubs, par
les ligues et la fédération.
Souvenons-nous
simplement de ce stage hivernal des jeunes talents organisé par la fédération
(en prévision des championnats arabes juniors et des championnats du monde de
la catégorie) au stade de Souk El Tenine (wilaya de Béjaïa) avec
hébergement-restauration dans une auberge de jeunesse de Ziama Mansouriah (wilaya de Jijel) à trente
kilomètres à parcourir sur la RN 43, réputée pour sa dangerosité matérialisée
par sa sinuosité, son étroitesse et les multiples chutes de transport de
personnes (cars et fourgons) et de marchandises dans la mer. Et dire que Souk
El Tenine est une station balnéaire renommée pour ses camps de vacances et son
hôtellerie touristique au même titre que les localités voisines (Aokas et
Tichy), à respectivement 10 et 20 kilomètres par une voie rapide. Une absurdité
quand on sait que Souk El Tenine accueille les compétitions nationales jeunes.
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