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endant l’été 2012, Zahra Bouras, effondrée par sa mésaventure, suit
les jeux olympiques de Londres à la télévision. Quelques semaines plus tôt,
alors qu’elle s’apprêtait à disputer le 800 mètres des championnats d’Afrique,
elle a été suspendue provisoirement à la suite d’un double contrôle antidopage
positif. La durée de la suspension n’est pas encore connue mais elle sait
qu’elle sera comprise entre une et deux annnées. Elle écopera d’une suspension
de deux années qui prend effet à compter de la mi-juin 2012.
Nombreux sont ceux qui entre athlètes, entraîneurs, officiels, médias
et grand public s’interrogent sur ce que l’avenir lui réserve. Sur son avenir
sportif. En effet, depuis, la fin de
carrière de Hassiba Boulmerka, elle est celle que l’on voit lui succéder. Au
cours de 20 dernières années, elle a été la seule Algérienne à faire mieux que
2 minutes au 800. La seule à se mêler à la meute de jeunes femmes avides de se
faire un nom sur la distance, à rivaliser avec les demoiselles du Kenya, de
Russie et autres grandes nations du demi-fond féminin. Un exploit attribué à
l’association Amar Bouras-Ahmed Mahour Bacha, les entraîneurs terribles, les
pivots de l’athlétisme algérien. Un exploit entaché maintenant par ce contrôle
positif qui remet tout en cause. Un contrôle qui crée le doute dans l’esprit de
ceux qui furent leurs partisans et qui également renforce les déclarations de
ceux qui les dénonçaient pour leur mainmise sur l’athlétisme national.
Aux journalistes lui
demandant si elle va continuer sa carrière, elle répond catégoriquement qu’elle
ne peut pas « arrêter après ce qui vient de m'arriver ». Les
motivations de cette décision qui n’est, au moment où elle faite dans la
presse, qu’une annonce médiatique sont multiples. La première est qu’elle a
fait de son retour sur les pistes, un « défi personnel ».
Ensuite, arrêter sa carrière sur cette fausse note serait « comme
reconnaître l'accusation qui est portée contre moi » alors qu’elle se dit innocente. Poursuivre
sa carrière, c’est aussi engager une forme de combat destinée à démontrer
qu’elle a été dopée à son insu, que cet acte répréhensible de tricherie à
l’éthique n’a pas été volontaire, délibéré.
Alors qu’elle est à l’arrêt, elle annonce
qu’elle va reprendre l’entraînement pour préparer cette reprise qui
n’interviendra, du moins elle le suppose, alors que la décision des instances disciplinaires
n’est pas encore connue, que dans deux années. Elle a déjà élaboré un programme
de préparation pour gérer cette période pendant laquelle elle doit affronter le
regard des autres. Elle est forte de certitudes. Elle sait ainsi, que quel que
soit le résultat des analyses à venir, celles qui portent sur ce que la
procédure appelle l’échantillon B, sa réputation est souillée. Elle est
consciente qu’avec le contrôle positif « le mal est fait »
et qu’elle doit « apprendre à vivre avec une faute que je n'ai pas
commise ».
Elle pressent que le plus dur
est à venir et que la société sera impitoyable. Elle affirme sans détours que
« le système va m'enfermer dans la case des "athlètes dopés"».
Elle se voit en paria. En ce début du mois d’août 2012,
se projetant dans l’avenir, elle comprend aussi et déjà que ses « prochaines
victoires seront l'objet de discussions ». Une appréciation qui,
de son point de vue, indiquait qu’à sa reprise, ses courses ne peuvent être que
victorieuses. Victoire sur elle-même, sur ses adversaires et en particulier de
la part de tous ceux qui se sont réjouis de ce qui lui est arrivé, de ce qui, à
ce moment-là, est pour elle une contamination ou pire encore une machination d’« une
main étrangère qui avait rajouté le Stanozolol dans l'injection ».
Zahra est cependant dans
l’erreur. Les gens ne se réjouissent pas
de sa mauvaise passe mais plutôt des effets que sa suspension pour dopage a,
parmi les plus irréductibles adversaires de son père et de son ex-entraîneur,
sur leurs notoriétés.
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