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omprendre la présente « affaire Aden Jama » - celle
qui vient de débuter avec l’opération coup de poing menée par les forces de
police et de douanes, mobilisées par l’agence espagnole de lutte contre le
dopage à la demande de l’IAAF, qui, selon toutes les apparences, est enfin
résolue à mettre fin à ce fléau qu’est l’utilisation de produits illicites en
employant les grands moyens – connue sous le nom de code d’ « opération
Rial » implique nécessairement de remonter le temps.
Le sport (dans sa dimension professionnelle) est devenu un spectacle
attractif. Un volet de la vie sociale moderne aimantant les médias. C’est l’aspect
spectaculaire de l’ « opération Rial », une
descente de police dans un hôtel, emprunté au cyclisme, qui a été mis en scène à
Sabadell, dans la périphérie de Barcelone, capitale de la Catalogne avide
d’indépendance, dans un de ces deux pays (Espagne et Italie) qui, comme ceux
qui bordent la mer Méditerranée, ont un point commun, dans leurs habitudes
sociétales, l’esbroufe, les fanfaronnades, l’apparat, la magnificence, les sociétés
secrètes et les confréries. Des nations minées par le dopage donnant l’illusion
de le combattre en le prenant à bras le corps, désirant à tout prix s’attribuer
une image de probité. Des sociétés indélébilement marquées par le
fonctionnement de la « Sainte Inquisition » et du
Vatican, piliers du catholicisme romain et du choc des civilisations entre la
Croix et le Croissant, entre la chrétienté et l’Islam, rythmé par l’âge d’or
arabo-musulman, les croisades et la Reconquista.
L’histoire trébuche. Et se répète justifiant cette théorie des cycles
qui facilite les recoupements, permet à l’inspiration de donner sa pleine
mesure en renouvelant ad aeternam cette autre théorie (du complot) qui rythme
les rencontres entre l’Occident et l’Orient en cette terre toute proche de
l’Andalousie reconquise par Isabelle et Ferdinand.
C’est en ces terres d’élection de connaissances, de jouissances, de
massacres que ce sont entrechoqués deux mondes diamétralement opposés et
pourtant si semblables. Un territoire où a élu domicile un mode de vie
empruntant énormément aux « paradis artificiels » que
procurent ces plantes cultivées sur l’autre rive du détroit séparant le « Vieux
continent » du « continent noir », celles
ramenées du « Nouveau monde », le continent américain découvert
par les compagnons de Christophe Colomb, Cortés, Magellan et autres conquistadores ou celles
venues de beaucoup plus loin, des champs d’Afghanistan, dans les bagages
transitant par la « route de la soie » (chère à Marco
Polo) aboutissant dans les échoppes des marchands vénitiens après avoir
transité par les caravansérails de Constantinople. Ou encore celles produites
dans les montagnes du Yémen traversant la mer Rouge, chargées sur les boutres
de contrebandiers à Aden pour être débarquées à Djibouti où à Zanzibar.
En quelques lignes qui ne restituent guère la densité de ce phénomène
social que l’on retrouve dans les milieux des arts, nous avons tenté de schématiser
un monde, une culture, un mode de vie où la recherche du nirvana (pour
poursuivre encore plus loin le voyage) est un élément incontournable de la vie
en société. Plus exactement d’une
société parallèle à la bonne société, enfermée entre les quatre murs d’un harem
moyen oriental, où dans ces maisons romaines ou hellènes promises aux orgies.
Le groupe d’entraînement qui s’est formé autour d’Aden Jama est
cosmopolite. Il réunit (malheureusement personne ne l’a remarqué ou n’a voulu
en parler) des membres de ces sociétés où la drogue (cannabis, opium, cocaïne, etc.)
est un élément de la vie festive, nocturne, exubérante ou amollissante. Sous
d’autres cieux, mâcher une feuille d’arbuste fait oublier les tourments, fait
partie des rites de la vie….depuis la nuit des temps, depuis le règne de la
Reine de Saba, depuis les Incas et les Mayas.
A ce monde profondément ancré dans les
traditions, fait face une société puritaine, feutrée, ouverte sur la
modernité, fondée caricaturalement sur le dieu Argent et sur la « main
invisible », un monde manipulateur, innovateur, monopolisateur,
producteur industriel de cette ivresse artificielle recherchée. Ici, ce ne sont
plus les produits de la nature qui dominent mais les comprimés (et autres
formes) sortis des laboratoires ultramodernes qui, si l’on écoute ceux qui
semblent posséder une bonne connaissance de ces milieux interlopes,
partageraient le même bleu que ce Viagra ressuscitant le potentiel érectile des
descendants d’Adam, adjuvant à l’impuissance masculine, aux limites humaines.
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