dimanche 17 juillet 2016

Autour de Jama, Le choc de deux cultures

C
omprendre la présente « affaire Aden Jama » - celle qui vient de débuter avec l’opération coup de poing menée par les forces de police et de douanes, mobilisées par l’agence espagnole de lutte contre le dopage à la demande de l’IAAF, qui, selon toutes les apparences, est enfin résolue à mettre fin à ce fléau qu’est l’utilisation de produits illicites en employant les grands moyens – connue sous le nom de code d’ « opération Rial » implique nécessairement de remonter le temps.

Le sport (dans sa dimension professionnelle) est devenu un spectacle attractif. Un volet de la vie sociale moderne  aimantant les médias. C’est l’aspect spectaculaire de l’ « opération Rial », une descente de police dans un hôtel, emprunté au cyclisme, qui a été mis en scène à Sabadell, dans la périphérie de Barcelone, capitale de la Catalogne avide d’indépendance, dans un de ces deux pays (Espagne et Italie) qui, comme ceux qui bordent la mer Méditerranée, ont un point commun, dans leurs habitudes sociétales, l’esbroufe, les fanfaronnades, l’apparat, la magnificence, les sociétés secrètes et les confréries. Des nations minées par le dopage donnant l’illusion de le combattre en le prenant à bras le corps, désirant à tout prix s’attribuer une image de probité. Des sociétés indélébilement marquées par le fonctionnement de la « Sainte Inquisition » et du Vatican, piliers du catholicisme romain et du choc des civilisations entre la Croix et le Croissant, entre la chrétienté et l’Islam, rythmé par l’âge d’or arabo-musulman, les croisades et la Reconquista.

L’histoire trébuche. Et se répète justifiant cette théorie des cycles qui facilite les recoupements, permet à l’inspiration de donner sa pleine mesure en renouvelant ad aeternam cette autre théorie (du complot) qui rythme les rencontres entre l’Occident et l’Orient en cette terre toute proche de l’Andalousie reconquise par Isabelle et Ferdinand.

C’est en ces terres d’élection de connaissances, de jouissances, de massacres que ce sont entrechoqués deux mondes diamétralement opposés et pourtant si semblables. Un territoire où a élu domicile un mode de vie empruntant énormément aux « paradis artificiels » que procurent ces plantes cultivées sur l’autre rive du détroit séparant le « Vieux continent » du « continent noir », celles ramenées du « Nouveau monde », le continent américain découvert par les compagnons de Christophe Colomb, Cortés,  Magellan et autres conquistadores ou celles venues de beaucoup plus loin, des champs d’Afghanistan, dans les bagages transitant par la « route de la soie » (chère à Marco Polo) aboutissant dans les échoppes des marchands vénitiens après avoir transité par les caravansérails de Constantinople. Ou encore celles produites dans les montagnes du Yémen traversant la mer Rouge, chargées sur les boutres de contrebandiers à Aden pour être débarquées à Djibouti où à Zanzibar.

En quelques lignes qui ne restituent guère la densité de ce phénomène social que l’on retrouve dans les milieux des arts, nous avons tenté de schématiser un monde, une culture, un mode de vie où la recherche du nirvana (pour poursuivre encore plus loin le voyage) est un élément incontournable de la vie en société. Plus exactement  d’une société parallèle à la bonne société, enfermée entre les quatre murs d’un harem moyen oriental, où dans ces maisons romaines ou hellènes promises aux orgies.

Le groupe d’entraînement qui s’est formé autour d’Aden Jama est cosmopolite. Il réunit (malheureusement personne ne l’a remarqué ou n’a voulu en parler) des membres de ces sociétés où la drogue (cannabis, opium, cocaïne, etc.) est un élément de la vie festive, nocturne, exubérante ou amollissante. Sous d’autres cieux, mâcher une feuille d’arbuste fait oublier les tourments, fait partie des rites de la vie….depuis la nuit des temps, depuis le règne de la Reine de Saba, depuis les Incas et les Mayas.  


A ce monde profondément ancré dans les  traditions, fait face une société puritaine, feutrée, ouverte sur la modernité, fondée caricaturalement sur le dieu Argent et sur la « main invisible », un monde manipulateur, innovateur, monopolisateur, producteur industriel de cette ivresse artificielle recherchée. Ici, ce ne sont plus les produits de la nature qui dominent mais les comprimés (et autres formes) sortis des laboratoires ultramodernes qui, si l’on écoute ceux qui semblent posséder une bonne connaissance de ces milieux interlopes, partageraient le même bleu que ce Viagra ressuscitant le potentiel érectile des descendants d’Adam, adjuvant à l’impuissance masculine, aux limites humaines.

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