mercredi 13 juillet 2016

Bataille des minima (5), La philosophie des minima de participation

A
vec nos dernières chroniques, nous avons vu comment la FAA nage à contre-courant, plonge la tête la première dans la boue et offre, à qui veut lui porter préjudice, toutes les opportunités possibles et imaginables. Tant qu’elle était repliée sur elle-même, son incompétence, aujourd’hui avérée, passait inaperçu aux regards du grand public. Aujourd’hui qu’elle cherche à se « professionnaliser » - pour faire plaisir à ses sponsors et aux instances sportives nationales qui la soutienne contre vents et marées – elle se dévoile impudiquement à travers une politique de communication inopérante et désastreuse.

Depuis 1963, la fédération a capitalisé sur la ressource humaine, sur les compétences qui, au fil des années, ont émergé et ont fait de l’athlétisme la discipline sportive que l’on cite en premier lorsqu’il faut parler de résultats sportifs de niveau mondial. Les soubresauts qu’a connu la discipline (et la fédération) indiquent que rien n’a été parfait. Les polémiques ont toujours existé obligeant la fédération à se regarder en face, à évoluer pour notre bonheur de spectateurs et téléspectateurs chauvins.

Le plongeon dans le passé (et plus particulièrement ce dernier débat que nous aurions bien voulu éviter) nous amène à nous souvenir d’un certain Piaget, psychologue de l’éducation et épistémologue, qui s’est penché sur l’apprentissage des connaissances et a formulé une théorie dans laquelle l’apprentissage comporte deux stades : l’assimilation et l’accommodation. Une théorie dans laquelle l’ « assimilation » est définie comme la restitution des connaissances dans l’état dans lequel a lieu l’acquisition (ce "parcœurisme" servant de socle à nos éducation nationale et enseignement supérieur) et l’ « accommodation » serait la personnalisation et l’intégration de l’ensemble des connaissances acquises, une sorte de syncrétisme cognitif qui fait honneur aux universités étrangères et aux chercheurs de tous bords.

Avec cette « affaire des critères », la fédération démontre qu’elle n’a pas encore atteint le niveau abouti de l’ « assimilation » et qu’elle est loin d’atteindre le niveau de l’ « accommodation ». L’assimilation aboutie aurait d’abord permis de maintenir les critères de qualifications aux jeux olympiques en comprenant (c’est plus important que toutes nos élucubrations) les mécanismes intellectuels qui ont conduit l’IAAF à les édicter puis à les algérianiser en les confrontant au contexte national.

Les critères de qualification aux jeux olympiques sont (la fédération l’a perdu de vue au moment de se lancer dans la communication) le fruit d’une accumulation d’expériences (certaines réussies, d’autres moins) et de la prise en compte de l’élargissement du nombre de membres concernés par ces jeux en prise avec l’universalité de la pratique sportive.

La consultation de ces critères montre que l’IAAF a voulu préserver deux philosophies aujourd’hui difficiles à concilier : la performance, l’aura des  champions, qui exerce un magnétisme sur les médias et les sponsors  conduisant à l’enrichissement financier de l’IAAF et du CIO et l’universalisme sportif revendiqué via le slogan de Pierre de Coubertin menant à la propagation de la discipline (traduite dans les faits par l’invitation par le CIO de deux athlètes – un homme et une femme – et un relais représentant les nations n’ayant pu répondre aux critère de performance).

Le niveau de performance requis par l’IAAF équivaut approximativement à la 50ème place mondiale en ne retenant (au cours de la saison sportive qui précède les jeux olympiques et/ou les championnats du monde d’athlétisme) que la meilleure performance de chaque athlète et 3 athlètes par nation.

Par égards aux soutiens politiques et financiers, le stade ne doit pas donner l’impression d’être vide. Le programme de la compétition propose (en général) deux étapes éliminatoires (séries, demi-finales) et une épreuve finale consacrant le champion. Le nombre de participants par épreuves est également défini en fonctions des spécifications du règlement technique de l’IAAF. Il varie autour de la cinquantaine (entre 32 et 56 selon les épreuves) et permet ainsi d’éventuellement compléter (après que les comités olympiques nationaux aient transmis la liste de leurs représentants) la liste finale des engagés par des athlètes n’ayant pas rempli la condition première (réalisation du minima) tout en étant proche. Nous rappellerons à ce propos que la FAA  a bénéficié, aux championnats du monde de Pékin 2015, de cette possibilité concrétisée par le repêchage de Zerifi Abdelhamid (3000 mètres steeple) et (sauf erreur de notre part) d’un coureur de 800 mètres.    


  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire