Baghdadi Si Mohamed est considéré comme le père de la « Réforme
sportive ». Nous devons entrevoir Saïd Lounnas comme celui du
cadre juridique qui l’a supplanté (ou du moins d’en être l’un des concepteurs
ou inspirateurs). Nous en avons donné un aperçu de ces cadres législatifs avec
nos chroniques qui ont traité (très superficiellement) du mouvement sportif
national. Le cadre conceptuel et idéologique mis en place en 1989-1990 a permis
la transition entre le professionnalisme d’Etat et le professionnalisme tendant
à se libéraliser, en phase avec les mutations politiques et économiques du pays.
Une certitude demeure, Saïd Lounnas a été le moteur de l’implantation
de cette vision au niveau de la fédération d’athlétisme. Il a été le promoteur,
le maitre d’œuvre des résultats de
Hassiba Boulmerka et Noureddine Morceli ( ?). Et à ce titre, il ne peut que
défendre un système, une organisation qui perdure dans les esprits de ceux qui
furent ses émules et d’être aux côtés de ses épigones momifiés dans une
juridiction ayant évolué à plusieurs reprises depuis.
Pour Saïd Lounnas, Amar Bouras n’a pas spolié Abboud Labed. Nous voulons
bien admettre un abus de langage de notre part. Pour faire plaisir à l’ami
Saïd, nous remplaceront ce mot gênant et dérangeant, à plus d’un titre, qu’est "spoliation"
par celui de "dépossession" ou nous utiliseront (compte
tenu de la difficulté à employer le terme de "nationalisation" qui
s’applique essentiellement à des biens mobiliers et immobiliers, la prise de
possession de ces biens privés par l’Etat) celui de "fédéralisation"
auquel nous donnerons (pour cette circonstance particulière) le sens d’appropriation
par la fédération d’athlétisme de talents sportifs découverts, promus et
développés par d’autres entraîneurs, par d’autres structures de niveau hiérarchique
inférieur.
Nous observons que Saïd Lounnas (ou plus exactement l’être humain qui
sommeille dans le technocrate) s’est laissé emporter en évoquant « une
complicité de la FAA »
alors que nous avons écrit qu’Amar Bouras (qui était sans résultats probants à
ce moment de sa carrière d’entraîneur) s’est retrouvé à entrainer Hassiba Boulmerka
(que sans y paraitre, Abboud Labed, enseignant d’EPS et entraineur du 3ème
degré, en ne prenant pas en compte les titres africains et les résultats de des
jeux olympiques de Séoul porteurs de subjectivité, a conduit, sur le plan
chronométrique, à moins de 2.03 au 800 et de 4.08 au 1 500, sans les
moyens que la fédération dirigée par Lounnas mettra à la disposition de Bouras)
grâce à « sa place dans la mécanique fédérale qui s’esquissait alors
autour des diplômés de l’ISTS. Des entraîneurs, comme on a bien daigné nous le
rappeler, étaient formés pour le haut (le très haut) niveau de performance, la
super-élite du mouvement sportif algérien ». Une discussion sur
"complicité " n’apportant rien au débat, nous
admettrons à nouveau qu’il s’agit d’un nouvel abus de langage. Sur ce plan,
nous sommes prêts à toutes les concessions.
Il y a simplement que lorsque nous parlons de « mécanique
fédérale », Lounnas parle de choix « tant en matière
d'organisation que de prise en charge des talents » et poursuit en
précisant que « ces choix étaient clairement orientés vers
l'atteinte de l'excellence et le haut niveau ».
C’est ce haut niveau que Fethi Benachour (enseignant lui aussi mais en
mathématiques) permettra à Réda Abdenouz d’atteindre. Les performances de
Hassiba et de Réda (1.45.40 en 1991, vainqueur du 800 des jeux méditerranéens
de 1991, finaliste du 800 m des jeux olympiques de Barcelone), dirigés par des
entraîneurs n’ayant pas suivi les enseignements de l’ISTS, doivent faire pâlir
d’envie 25 ans plus tard.
Il existait sans nul doute un potentiel chez ces deux entraîneurs de
clubs qui n’a pas été développé afin de leur permettre de dépasser leurs
capacités cognitives, de se réaliser socialement et de fournir aux citoyens de
ce pays, avides de résultats probants, d’autres athlètes de la même dimension.
Les résultats obtenus par leurs athlètes en sont la meilleure preuve.
Sans qu’il n’y prenne garde, Saïd Lounnas conforte notre opinion,
celle contenue dans la phrase
suivante qui sert à caractériser les diplômés de l’ISTS: « Une
« caste » qui a siphonné la plus grosse partie des
moyens mis à la disposition de la fédération ». Nous voulons bien
reconnaitre à nouveau un usage abusif pour l’emploi de « caste »
et nous nous étonnons de cette explication du schéma organisationnel, de
la structuration de la FAA qui dit exactement la même chose sous une forme
moins polémique.
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