jeudi 22 septembre 2016

Polémiques (16), La politique du "profitage"

Baghdadi Si Mohamed est considéré comme le père de la « Réforme sportive ». Nous devons entrevoir Saïd Lounnas comme celui du cadre juridique qui l’a supplanté (ou du moins d’en être l’un des concepteurs ou inspirateurs). Nous en avons donné un aperçu de ces cadres législatifs avec nos chroniques qui ont traité (très superficiellement) du mouvement sportif national. Le cadre conceptuel et idéologique mis en place en 1989-1990 a permis la transition entre le professionnalisme d’Etat et le professionnalisme tendant à se libéraliser, en phase avec les mutations politiques et économiques du pays.

Une certitude demeure, Saïd Lounnas a été le moteur de l’implantation de cette vision au niveau de la fédération d’athlétisme. Il a été le promoteur, le maitre d’œuvre  des résultats de Hassiba Boulmerka et Noureddine Morceli ( ?). Et à ce titre, il ne peut que défendre un système, une organisation qui perdure dans les esprits de ceux qui furent ses émules et d’être aux côtés de ses épigones momifiés dans une juridiction ayant évolué à plusieurs reprises depuis.

Pour Saïd Lounnas, Amar Bouras n’a pas spolié Abboud Labed. Nous voulons bien admettre un abus de langage de notre part. Pour faire plaisir à l’ami Saïd, nous remplaceront ce mot gênant et dérangeant, à plus d’un titre, qu’est "spoliation" par celui de "dépossession" ou nous utiliseront (compte tenu de la difficulté à employer le terme de "nationalisation" qui s’applique essentiellement à des biens mobiliers et immobiliers, la prise de possession de ces biens privés par l’Etat) celui de "fédéralisation" auquel nous donnerons (pour cette circonstance particulière) le sens d’appropriation par la fédération d’athlétisme de talents sportifs découverts, promus et développés par d’autres entraîneurs, par d’autres structures de niveau hiérarchique inférieur.

Nous observons que Saïd Lounnas (ou plus exactement l’être humain qui sommeille dans le technocrate) s’est laissé emporter en évoquant « une complicité de la FAA » alors que nous avons écrit qu’Amar Bouras (qui était sans résultats probants à ce moment de sa carrière d’entraîneur) s’est retrouvé à entrainer Hassiba Boulmerka (que sans y paraitre, Abboud Labed, enseignant d’EPS et entraineur du 3ème degré, en ne prenant pas en compte les titres africains et les résultats de des jeux olympiques de Séoul porteurs de subjectivité, a conduit, sur le plan chronométrique, à moins de 2.03 au 800 et de 4.08 au 1 500, sans les moyens que la fédération dirigée par Lounnas mettra à la disposition de Bouras) grâce à « sa place dans la mécanique fédérale qui s’esquissait alors autour des diplômés de l’ISTS. Des entraîneurs, comme on a bien daigné nous le rappeler, étaient formés pour le haut (le très haut) niveau de performance, la super-élite du mouvement sportif algérien ». Une discussion sur "complicité " n’apportant rien au débat, nous admettrons à nouveau qu’il s’agit d’un nouvel abus de langage. Sur ce plan, nous sommes prêts à toutes les concessions.

Il y a simplement que lorsque nous parlons de « mécanique fédérale », Lounnas parle de choix « tant en matière d'organisation que de prise en charge des talents » et poursuit en précisant que « ces choix étaient clairement orientés vers l'atteinte de l'excellence et le haut niveau ».

C’est ce haut niveau que Fethi Benachour (enseignant lui aussi mais en mathématiques) permettra à Réda Abdenouz d’atteindre. Les performances de Hassiba et de Réda (1.45.40 en 1991, vainqueur du 800 des jeux méditerranéens de 1991, finaliste du 800 m des jeux olympiques de Barcelone), dirigés par des entraîneurs n’ayant pas suivi les enseignements de l’ISTS, doivent faire pâlir d’envie 25 ans plus tard.

Il existait sans nul doute un potentiel chez ces deux entraîneurs de clubs qui n’a pas été développé afin de leur permettre de dépasser leurs capacités cognitives, de se réaliser socialement et de fournir aux citoyens de ce pays, avides de résultats probants, d’autres athlètes de la même dimension. Les résultats obtenus par leurs athlètes en sont la meilleure preuve.


Sans qu’il n’y prenne garde, Saïd Lounnas conforte notre opinion, celle contenue dans la phrase suivante qui sert à caractériser les diplômés de l’ISTS: « Une « caste » qui a siphonné la plus grosse partie des moyens mis à la disposition de la fédération ». Nous voulons bien reconnaitre à nouveau un usage abusif pour l’emploi de « caste » et nous nous étonnons de cette explication du schéma organisationnel, de la structuration de la FAA qui dit exactement la même chose sous une forme moins polémique. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire