samedi 24 septembre 2016

Polémiques (17), L’athlétisme à deux collèges

Lounnas nous explique que « le système national des compétitions comme les ligues et clubs avaient pour principales missions la détection et la confirmation de jeunes talents » et qu’avec la nouvelle approche (celle tendant vers  l’excellence, et le haut niveau) la prise en charge des talents est réservée aux cadres de haut niveau formés par l’ISTS et les ITS.

Nous ne croyons pas dénaturer cette idée en affirmant que le mouvement sportif est séparé distinctement en deux catégories organisationnelles avec à la base de la pyramide, les  clubs et les ligues  effectuant le « travail de base » (celui du dégrossissage) d’une part, et au sommet, la fédération recueillant les meilleurs athlètes du pays, quasiment prêts à entrer dans l’arène internationale, les offrant (sur un plateau) aux caciques du système afin qu’ils puissent capter les honneurs et les dividendes.

Sans y prendre garde, nous sommes revenus, par la voix de notre ami Lounnas en personne, à la fameuse et vieille distinction entre les « empiriques » et les « scientifiques », entre  les «  qualifiés » et les « diplômés ». Sauf que, dans les clubs et les ligues, on trouve des diplômés de l’ITS et de l’ISTS. On en a donc fait des cadres du sport intégrés dans une sorte de  deuxième collège et, qui plus est, mis dans l’incapacité de prétendre à l’excellence à laquelle chacun peut postuler.

Dans l’esprit de "nos amis", la répartition des tâches est ainsi clairement définie et de plus, toujours selon Lounnas, il y a lieu d’opérer une seconde séparation entre l’EPS et la pratique sportive de compétition. Ce qui prête aujourd’hui à dérision et à lamentations, c’est que l’exclusion (ou la mise à l’écart forcée) des enseignants d’EPS du mouvement sportif (dit civil) a conduit (avec d’autres facteurs sociaux aggravants) au dépérissement du sport scolaire et à la suppression de la passerelle qui existait (par la seule présence de ces enseignants, ces bénévoles ne coûtant pas un sou à l’administration sportive) entre le "sport scolaire" et le "sport civil".

Les cadres formés par le MJS (les techniciens supérieurs en sport et les conseillers en sport) en poste dans les clubs et les ligues n’ont malheureusement pas su suppléer au retrait des enseignants d’EPS et des bénévoles et investir la détection et la formation des talents. Ces deux corps (enseignants d’EPS et cadres du sport) se sont enfermés dans leurs catégories, dans leurs bulles, dans leurs champs d’interventions. Les uns dans les cours d’écoles en boom démographique et les autres sur leurs stades désertés.

On connait aujourd’hui le résultat de cette vision qui est encore enkystée dans les mentalités. Une 5ème place aux jeux olympiques est un exploit sportif!

Le concept d’excellence était partagé par certains clubs dont l’emblématique Mouloudia d’Alger qui eut, pendant longtemps, pour directeur technique sportif cet Amar Brahmia qui est devenu le président de la commission de la préparation olympique.
L’excellence a été non pas à l’origine du phénomène de la « captation d’athlètes » mais a permis son accentuation dans un cadre organisé, systématisé. Cette captation a eu pour pôle attractif essentiellement le club parrainé par la compagnie pétrolière et le passage obligé en a été pendant longtemps la fédération algérienne d’athlétisme. Comme nous avons eu à l’écrire, le Mouloudia d’Alger, grâce à la puissance financière et aux compétences managériales de Sonatrach, fut à la fois l’antichambre des équipes nationales et un complément de ces équipes nationales.
Nous sommes même tentés d’écrire que le Mouloudia et la FFA ont été complices, partenaires, associés dans cette pratique d’orientation des jeunes talents sportifs dont les effets furent quelquefois pervers.

Quand avons-nous connu et rencontré pour la première fois Amar Brahmia ? Nous ne serions le dire avec exactitude. De lui, nous n’avions que des échos plutôt négatifs de la part des entraîneurs et des dirigeants de clubs de l’Est algérien (Constantine, Annaba, Sétif, Batna) qui, dans les années 80, se rencontraient (au moins une fois par mois) au stade du 17 juin de Constantine, lors du week-end consacré à une compétition inédite en Algérie, le CRIC (challenge régional interclubs). Une compétition interclubs ouverte également aux individualités en mal de compétitions. Une rencontre sportive organisée en direction des clubs et des athlètes de la ligue régionale de Constantine qui s’était, au fil des années, élargie aux associations des ligues régionales de l’Est. Pour caricaturer, nous dirons que ce fut un « zonal » (un interrégional) mensuel qui dans toutes les épreuves atteignaient une dimension nationale.

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