lundi 26 septembre 2016

Polémiques (19), Le Mouloudia de la transition


La captation d’athlètes par le Mouloudia d’Alger (essentiellement dans la seconde partie des années 80 et le début des années 90) a été facilitée par les facteurs sociaux de l’époque. Quelques entraîneurs d’Annaba (ceux qui furent dans le staff de Prosider plus particulièrement) s’en souviennent avec une sensation d’amertume, d’autres avec un goût prononcé d’inachevé. Vingt-cinq ans après, la polémique à propos de jeux olympiques de Rio aidant, certains (dont quelques-uns ont pris la voie de l’exil) n’ont pas manqué de le rappeler dans des commentaires publiés sur des sites d’informations générales.

Nous noterons ici que, le phénomène de la captation étant ce qu’il est (avec tous les avantages et les inconvénients que nous avons déjà signalé et bien d’autres), le Mouloudia d’Alger a fait œuvre d’utilité publique en permettant à beaucoup d’athlètes de persévérer (à l’abri des regards indiscrets) dans la pratique sportive d’un certain niveau. Le Mouloudia était devenu l’antichambre des équipes nationales quand elle n’était pas l’équipe nationale. Cela nous l’avons déjà écrit.

N’oublions pas qu’en ce temps-là, la vision du sport n’était pas celle que nous en avons aujourd’hui, que la culture du running ne faisait pas partie de la société et que, passé un certain âge, le sportif était un être…… anormal. La réalisation sociale par le sport n’était pas encore intégrée dans les esprits. Elle le sera par une voie perverse lorsque le salaire des footballeurs dépassera des milliers de fois celui des métiers de prestige socialement marqué (médecins, pharmaciens, avocats, ingénieurs). Le regard de la société a alors changé.

Jusqu’au début de la décennie 1990, les relations entre les clubs de l’intérieur du pays et le Mouloudia d’Alger étaient plutôt tendues. Le club algérois étant celui qui pouvait prétendre (par sa puissance financière) à l’excellence, beaucoup ont fait contre mauvaise fortune bon cœur ont accepté de se faire dépouiller des athlètes qui auraient pu permettre une amélioration de leur ranking national et du montant des subventions locales déterminées justement par ce ranking institué comme critère. D’autres se sont engagés (avec les moyens du bord) dans des challenges dont l’objectif premier était de faire mordre la poussière au dragon de l’athlétisme algérien.  Beaucoup d’entraîneurs et de dirigeants ont critiqué le Mouloudia mais autant (si ce n’est les mêmes) sollicitaient le club.

Au tournant de la décennie 90, la donne a complétement changé. La fédération (voir la contribution de Saïd Lounnas) a modifié les règles du jeu, l’organisation antérieure. En se voulant détentrice de ce concept d’ « excellence » nouvellement apparue comme un leitmotiv dans le discours économique et sportif, s’est érigée en rivale directe du Mouloudia sans avoir les moyens de sa politique, sans que cela ne soit sa mission première.

Dans la catégorisation de Saïd Lounnas, le Mouloudia d’Alger (nous évoquons ici le Mouloudia dont le lien avec Brahmia est évident alors que la problématique vaut pour les grands clubs algérois en tête de la classification nationale) appartenait indubitablement à la base de l’organisation athlétique, celle des clubs et des ligues chargés d’approvisionner le « club  FAA » en talents dégrossis à mettre à la disposition d’entraîneurs n’ayant pas fait leurs preuves.

Les lecteurs des bilans nationaux se limitant à ce fameux « Top 10 » auront remarqué certainement l’apparition d’un sigle curieux faisant apparaitre la fédération (ou une ligue) comme structure d’appartenance de l’athlète. Nous reconnaissons ici que, pour ce cas particulier, nous avons une vision passéiste et que nous sommes restés à la notion d’ « athlète individuel » indiquant, il y a des décennies, que l’athlète - n’étant pas affilié à la fédération via l’appartenance à un club - se faisait établir une licence par sa ligue de rattachement et qui, par obligation réglementaire, lors d’une compétition, devait porter un maillot noir. Le comble est que les « mutations » d’athlètes ne répondent pas aux règles qui, décidées par la fédération, s’appliquent aux ligues et aux clubs mais pas à elle. L’accord du club quitté n’est pas dans ce type de situation indispensable.

Le Mouloudia a été, quoiqu’on puisse prétendre aujourd’hui, dans un contexte précis, un vecteur du développement sportif et social. Le Mouloudia (via le parrainage de Sonatrach) apportait un plus à des athlètes issus de milieux le plus souvent démunis et dont l’avenir social était fortement bouché.  


Structure de gestion de l’athlétisme sur l’ensemble du territoire national, la fédération s’est donc mise sur le même plan que les clubs. Avec un statut et surtout un budget de fonctionnement insuffisant pour la bonne marche de ses ambitieux projets sportifs. 

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