Certaines de ces informations,
bruits de coulisse, rumeurs et autres ragots étaient intéressants, étaient
porteurs de sens. Celle de l’organisation de la saison compétitive des deux
champions, leaders chacun de son groupe, en faisait partie. Fallait-il
privilégié l’organisation d’un programme de
3 ou 4 compétitions interrompues par un stage avant à nouveau de courir
3 ou 4 autres meetings (on parlait alors de la « méthode allemande »
retenue pour Hassiba) ? Ou alors une série plus longue de courses très
rapprochées (la « méthode américaine » que l’on disait
être celle de Noureddine) ? La « guerre des écoles »
sans que ne soit pris en considération le background de chacune d’elles.
L’activité de manager de Brahmia
dérangeait énormément. C’est elle qui avait induit cette « pseudo
guerre » qui aboutissait irrémédiablement à un cul-de-sac, une
impasse voulue, désirée par ceux qui l’avait déclenchée. Cette activité n’était
pas encore bien connue. Elle détonait dans une organisation sociale
profondément marquée par le « socialisme spécifique »
et les conditionnements sociaux et psychologiques qu’il avait produit dans les
esprits des Algériens avec une prédisposition manifeste pour toutes les formes
d’assistanat.
Le « formatage »
était puissant et ne laissait guère de place à la libre entreprise dont les
jalons avaient été inscrits dans la législation algérienne générale et
sportive. Amar Brahmia était, dans ce domaine, en avance sur son temps, sur les
autres. Sur ceux que l’on considérera comme ses rivaux dans la « maison
athlétisme ».
Noureddine participait
fréquemment aux grands meetings. Ceux qui rapportent beaucoup financièrement. On
comprend rétrospectivement que cette manne, comptée en dollars, fasse jaser. Sans
être encore un champion, Noureddine remportait des courses, réalisait des
résultats de bonne valeur internationale. Il appartenait incontestablement à
l’élite mondiale et était perçu comme un outsider sérieux pour les titres. Sa
valeur financière augmentait régulièrement avec les performances et son
attitude combative en course qui tranchait nettement avec l’attentisme des
autres athlètes Algériens. Des chronos certes mais aussi du panache. Noureddine
donnait le spectacle attendu par les spectateurs et les téléspectateurs.
Sur cet aspect de la carrière de
Hassiba, les informations étaient rares, quasiment nulles. Ses détracteurs et
ceux de Bouras disaient que sa côte, à la bourse des valeurs athlétiques,
n’atteignait pas celle de Noureddine. On peut le comprendre, le mot « parité »
n’était pas encore intégré dans le discours.
Dans le camp Bouras, la
transition de l’amateurisme au professionnalisme déclaré n’a pas été aisée.
Pourtant, les intérêts financiers, la participation de Hassiba avaient été pris
en charge par Enrico Dionisi, un manager connu dans le circuit international.
Amar Bouras, à son contact, devait donc appréhender correctement les us et
coutumes régissant le fonctionnement des meetings.
Nous avons souvenir que grâce à
ses contacts cubains, il avait permis la participation des athlètes de l’ile de
la mer des Caraïbes aux meetings internationaux de Constantine. Par ailleurs,
les athlètes constantinois (Gatte Ryad et ensuite Tarek Zoghmar), membres du
« groupe Bouras » et, à ce titre, partenaires
d’entraînement de Hassiba Boulmerka, servaient aussi de traducteurs lors des
rencontres entre les organisateurs ou les représentants de la presse locale et
les membres de la délégation cubaine. En 1996, Amar Bouras avait intercédé pour
que les primes de résultats des athlètes cubains, de petites sommes (500
dollars) versées de la main à la main ne soient pas remises dans leur
intégralité au chef de la délégation et qu’une partie le soit entre les mains
des athlètes bénéficiaires.
Les rivaux de Brahmia avaient
beau jeu de lier les nombreuses courses de Noureddine avec la cupidité, la rapacité, l’appât du gain qui aurait été à
l’origine d’une véritable boulimie chez
Amar Brahmia, celle d’accumuler les beaux billets verts qui, comme toutes les autres devises
étrangères, faisaient se pâmer d’envie toute la population algérienne.
La relation de partenariat entre
l’athlète (Morceli) et le manager était-elle adossée à un contrat ? Nous
ne serions l’affirmer ! Une certitude. En 1991, le duo semblait
fonctionner à merveille pour le bénéfice des deux parties.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire