Nous avons affirmé que la CPO n’est pas la structure directement
concernée par la cryothérapie. Cela nous oblige à remonter le temps et
faire renaître un souvenir celui de « l’homme
qu’il faut à la place qu’il faut », le slogan politique vedette
des années 80. Un discours et une idéologie qui renvoient à une période où le
système politique en place - en des temps de disette ressemblant à s’y
méprendre à ce moment de réduction drastique des recettes pétrolières que nous
vivons présentement - a voulu insérer la population dans un nouvel ordre
social, dans une organisation scientifique du travail prônée dans le cadre d’une pensée très début
du 20ème siècle (taylorisme, fordisme) ayant conduit à une
atomisation des activités, à une spécialisation à outrance….qui s’est débridée
au cours des trois dernières décennies et a permis l’émergence d’émirats, d’une
féodalité sportives démultipliée à l’infini.
Cette conception très mécanique, industrielle de la perception du
monde du travail, cette pensée a muté en une organisation politique
prétendument scientifique de la société empruntant également à une vision d’une
société à enrégimenter qui se verrait appliquer la discipline des armées. Cette
vision du monde a déteint sur le mouvement sportif national et a abouti à une conception du sport se caractérisant, ainsi que nous l’a montré avec
beaucoup de pertinence Saïd Lounnas, par deux niveaux de pratiques très
nettement différenciées entre le sport de base et le sport d’élite. Une
répartition des tâches à l’échelle de la société algérienne.
L’entraîneur, porte-voix des athlètes, est aujourd’hui dans une
situation où il serait comme un électron……
libre de tous ses mouvements lui donnant un sentiment de liberté. Contrairement
à ce que l’on pourrait penser, ceci est la marque non pas de l’importance qu’on
daignerait lui accorder mais d’un abandon. A la fois agent d’ordonnancement et
agent de production de performances, il est en charge également des opérations
de logistique. Une nouvelle perspective faisant de lui un super-ouvrier
professionnel, rouage essentiel d’un mouvement de regroupement des tâches né de
l’allégement, du largage de celles d’intervenants
plus hauts placés dans la hiérarchie.
Malgré son intégration dans une structure sportive (club, ligue,
fédération) sensée lui apporter aide et soutien, il agit en « cavalier
solitaire », en « chevalier à la triste figure »
disputant à Don Quichotte de la Manche le statut d’ « antihéros »
évoluant dans un univers ultra-socialisé, hyper-compartimenté, dominé par des
règles obscures dont le sens lui sont incompréhensibles, un mode de fonctionnement
qui est celui de l’administration, des
règles qui relèvent de l’ordre et de la
méthode. Les moulins à vent de l’imaginaire de Miguel de Cervantès. Un
antagonisme multiséculaire perpétuant les différents entre les ateliers et les
bureaux d’études et de méthodes, entre les stades et les bureaux des
administrations, les cols bleus et les cols blancs, les survêtements et les
costumes.
L’entraîneur a, dans son projet sportif, besoin d’une solution la plus
immédiate possible ou obtenir la satisfaction,
dans les meilleurs délais, d’un besoin exprimé. La difficulté réside dans la
perception, dans ces deux sphères antagoniques (celle du terrain et celle des
bureaux), de la notion du temps qui à la grande déception du duo
entraîneur-athlètes, n’est pas joué dans le même tempo. L’entraîneur est
éternellement pressé, bousculé par des échéances, des objectifs événementiels
dont il n’a pas la maîtrise. Pour sa part, le responsable des infrastructures sportives
est conditionné par un contexte dominé par le respect des formes, freiné par
les règles procédurales. Kafka chez les sportifs !
Mahour Bacha (au vu de ses déclarations à la presse à propos de la
maintenance et de la conformité avec les normes des installations sportives) ne
doit pas avoir bonne presse auprès des responsables. Nous pouvons imaginer les
relations tendues, conflictuelles jaillissant à chacune de ses plaintes, de ses
récriminations. Bien qu’elles soient souvent avérées, justifiées.
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