mardi 1 novembre 2016

Polémiques (44), Antagonisme temporel

Nous avons affirmé que la CPO n’est pas la structure directement concernée par la cryothérapie. Cela nous oblige à remonter le temps et faire renaître un souvenir celui de  « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut », le slogan politique vedette des années 80. Un discours et une idéologie qui renvoient à une période où le système politique en place - en des temps de disette ressemblant à s’y méprendre à ce moment de réduction drastique des recettes pétrolières que nous vivons présentement - a voulu insérer la population dans un nouvel ordre social, dans une organisation scientifique du travail  prônée dans le cadre d’une pensée très début du 20ème siècle (taylorisme, fordisme) ayant conduit à une atomisation des activités, à une spécialisation à outrance….qui s’est débridée au cours des trois dernières décennies et a permis l’émergence d’émirats, d’une féodalité sportives démultipliée à l’infini.

Cette conception très mécanique, industrielle de la perception du monde du travail, cette pensée a muté en une organisation politique prétendument scientifique de la société empruntant également à une vision d’une société à enrégimenter qui se verrait appliquer la discipline des armées. Cette vision du monde a déteint sur le mouvement sportif national  et a abouti à une conception du sport  se caractérisant, ainsi que nous l’a montré avec beaucoup de pertinence Saïd Lounnas, par deux niveaux de pratiques très nettement différenciées entre le sport de base et le sport d’élite. Une répartition des tâches à l’échelle de la société algérienne.

L’entraîneur, porte-voix des athlètes, est aujourd’hui dans une situation  où il serait comme un électron…… libre de tous ses mouvements lui donnant un sentiment de liberté. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ceci est la marque non pas de l’importance qu’on daignerait lui accorder mais d’un abandon. A la fois agent d’ordonnancement et agent de production de performances, il est en charge également des opérations de logistique. Une nouvelle perspective faisant de lui un super-ouvrier professionnel, rouage essentiel d’un mouvement de regroupement des tâches né de l’allégement, du largage  de celles d’intervenants plus hauts placés dans la hiérarchie.   

Malgré son intégration dans une structure sportive (club, ligue, fédération) sensée lui apporter aide et soutien, il agit en « cavalier solitaire », en « chevalier à la triste figure » disputant à Don Quichotte de la Manche le statut d’ « antihéros » évoluant dans un univers ultra-socialisé, hyper-compartimenté, dominé par des règles obscures dont le sens lui sont incompréhensibles, un mode de fonctionnement  qui est celui de l’administration, des règles qui relèvent  de l’ordre et de la méthode. Les moulins à vent de l’imaginaire de Miguel de Cervantès. Un antagonisme multiséculaire perpétuant les différents entre les ateliers et les bureaux d’études et de méthodes, entre les stades et les bureaux des administrations, les cols bleus et les cols blancs, les survêtements et les costumes.

L’entraîneur a, dans son projet sportif, besoin d’une solution la plus immédiate possible  ou obtenir la satisfaction, dans les meilleurs délais, d’un besoin exprimé. La difficulté réside dans la perception, dans ces deux sphères antagoniques (celle du terrain et celle des bureaux), de la notion du temps qui à la grande déception du duo entraîneur-athlètes, n’est pas joué dans le même tempo. L’entraîneur est éternellement pressé, bousculé par des échéances, des objectifs événementiels dont il n’a pas la maîtrise. Pour sa part, le responsable des infrastructures sportives est conditionné par un contexte dominé par le respect des formes, freiné par les règles procédurales. Kafka chez les sportifs !


Mahour Bacha (au vu de ses déclarations à la presse à propos de la maintenance et de la conformité avec les normes des installations sportives) ne doit pas avoir bonne presse auprès des responsables. Nous pouvons imaginer les relations tendues, conflictuelles jaillissant à chacune de ses plaintes, de ses récriminations. Bien qu’elles soient souvent avérées, justifiées.

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