lundi 31 octobre 2016

Polémiques (43), Metaiech fi la poubelle


La « cryothérapie de Cro-Magnon » relève d’une ère qui n’est pas aussi révolue qu’elle ne le parait de prime abord, qu’on voudrait le croire. Comme Cro-Magnon, cette période  a connu, dans le même temps et sur le même territoire, deux Hommes : l’homme de Neandertal et l’homo Sapiens. Elle existe encore dans les coins perdus de l’Algérie profonde mais aussi dans les quelques grandes villes où l’athlétisme de performance a, tant bien que mal, droit de montrer (pour combien de temps ?) le bout de son nez, de faire illusion.

Elle (la cryothérapie) est arrivée dans le pays, dans l’esprit des athlètes et des entraîneurs, avec le retour de stages à l’étranger où elle avait été expérimentée avec une certaine réussite par les membres des équipes nationales. La solution apportée pour faciliter la récupération après des efforts intenses a marqué les esprits de certains d’entre eux qui, contrairement à une  idée fortement répandue, ne se sont pas déplacés (à l’étranger) pour faire du tourisme sous le couvert du sport. Il est vrai que cette catégorie de voyageurs  est rare parmi eux et qu’on la trouve essentiellement chez les dirigeants.

Les bienfaits et le concept de la cryothérapie a été progressivement assimilés, grâce au lent processus de transfert de technologie et de savoir d’une part et avec le concours de l’accommodation piagétienne. Profitant de la vélocité de la transmission via les nouvelles technologies de l’information et de la communication, ses vertus se sont propagées par réseaux. Le résultat est que l’idée a fait son chemin, a essaimée dans tout le pays. Ce qui est admirable et réhabilite les cadres du mouvement sportif,  c’est que chacun (chaque entraîneur) a adapté ce moyen de récupération aux conditions de pratiques qui sont les siennes, dans le milieu où il évolue.

A la recherche insatiable des bienfaits procurés par l’utilisation du froid sur la performance, la progression et la récupération de l’athlète, ces entraineurs ont imaginé, mis en place  toutes les formules qui ont pu se présenter à leurs esprits. Elles sont variées. Y compris quelque fois les plus farfelues, les plus surprenantes, les plus saugrenues, les plus choquantes.

La difficulté première, essentielle dans ce transfert de connaissances qui n’attend pas la signature de conventions internationales par les plus hautes autorités politiques, a été de trouver le réceptacle susceptible de contenir à la fois l’eau glacée et un athlète dont le gabarit n’est certainement pas celui d’une poupée Barbie. Certains sont allés jusqu’à employer des bacs détournés de leur usage habituel, de leur destination originelle  socialement normalisée…… contenir les ordures ménagères.

Une photo nous a été adressée. Elle montre un jeune champion si grand (par le potentiel et surtout par la taille) qu’il a du faire appel à des talents insoupçonnés de contorsionniste pour plier ses segments inférieurs et s’accroupir dans une poubelle…. comme celles que l’on voit dans nos quartiers, au bas de nos immeubles, ceux dans lesquelles nous déposons, chaque jour que Dieu fait, nos déchets domestiques. La photo le montre claquant des dents. Elle lui donne l’apparence d’un thon replié dans une boite de sardines.

Cette photo déprimante nous oblige, comme le font tous les entraîneurs passionnés par leurs métiers, luttant inlassablement pour surmonter les difficultés de tous ordres qui se présentent quotidiennement à eux, à positiver. Elle nous incite à voir autre chose qu’un athlète…. jeté à la poubelle, « metaiech fi la poubelle », pour reprendre une formule utilisée par un enfant de 9 ans regardant ahurie la photo. La « vérité sort de la bouche des enfants » affirme un adage. Leur innocence dans ce cas est lourde de sens. La photo illustre le peu de considération que le système sportif national leur accorde.


Une accusation enfantine visant en réalité les hommes qui font fonctionner ce système. Des cadres, issus le plus souvent des mêmes écoles que ces techniciens, qui ont perdu de vue les valeurs qu’ils partagèrent (peut être) un jour bien lointain. Des hommes qui tapissent les bureaux, alourdissent les rouages et freinent le mouvement sportif.  

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