dimanche 4 décembre 2016

Polémiques (60), Marche ou crève !

La première participation de Zerrifi aux championnats du monde qui se déroulèrent à Moscou (2013) est inoubliable. Le premier contact avec le très haut niveau devrait rester gravé dans sa mémoire. Comme l’est la « boule à zéro » lorsque la recrue du service national faisait son entrée à la caserne.

Pour Zerrifi, cela y ressemble un peu. Ou plutôt il y a une grande similarité avec la remise du paquetage. Le trouffion (ici le garde matériel ou le chargé de la logistique) marque sa position présente et ponctuelle de supériorité.  Celle que lui donne la distribution des effets vestimentaires qui lui permet  par anticipation de marquer son territoire par rapport à celui qui sera  peut être son supérieur, dans ce cas un champion.  Le coureur de Montpellier se souvient : « je me rappelle qu’on s'est vu remettre les tenues dans une poche en plastique avec une paire de basket même pas à notre pointure ».

Zerrifi relève l’incapacité de la fédération à doter correctement ses représentants, les ambassadeurs de l’athlétisme algérien, de leur fournir des équipements à leurs tailles et à leurs pointures. Ecoutons-le : « il y avait une délégation d'une vingtaine d'athlètes au maximum ce n'était pas comme si c'était une grosse délégation où il y avait beaucoup d'athlètes à prendre en charge ». Il n’est pas nécessaire de commenter.

A la lecture de l’interview accordée par Abdelhamid Zerrifi, les lecteurs comprennent mieux que les accompagnateurs des équipes nationales d’athlétisme sont des opportunistes. Les frais de taxi payés par Zerrifi, l’argent de poche qu’il n’a pas reçu étaient (du moins cela fait partie de la norme) disponibles sur les lieux des championnats du monde, prêts à être utilisés en tant que de besoin, dans la limite préalablement définie. Dans le meilleur des cas, la somme inutilisée a été restituée au Trésor Public.  Ce qui est anormal puisque des dépenses engagées (frais de taxi) et d’autres initialement prévues (argent de poche) restent à payer. Alors pourquoi apurer cette dette en dinars après les relances de l’athlète?

Il ne fait aucun doute ici que le premier responsable de cette situation saugrenue est le chef de délégation ou son collaborateur chargé des finances, de la trésorerie…..ou une autre personne mieux placée dans la hiérarchie fédérale.

Il n’y a sans doute pas de lien entre le récit de Zerrifi et un autre incident qui a longtemps fait les gorges chaudes du Sato, au sujet d’une facture de produits pharmaceutiques (3 000  euros ?) acquis à Moscou, qui mènera à la suspension du chef de délégation et aurait suscité, selon certaines rumeurs que nous n’avons malheureusement pas pu vérifiées, une enquête de l’Inspection Générale du MJS et des réserves de la part du commissaire aux comptes. Il n’y a pas de fumée sans feu. Surtout lorsqu’on relie cet achat aux accusations de dopage étatique en Russie qui seront médiatisés quelques mois plus tard.

L’interview a apporté des informations sur ce que ressent un athlète pris en grippe par les autres membres du groupe, par les officiels, les responsables de la délégation. Bien qu’intéressante, elle a cependant été bâclée. Certains détails manquent pour mieux saisir la complexité de l’ambiance.

On ne sait pas si ce sont les mêmes membres de la délégation qui sont concernés dans l’anecdote suivante : « Au championnat du monde, dans le stand de Nike, les dirigeants ont osé me demander du fait que je connaissais un peu la personne de prendre des paires pour eux ».


Le laissé pour compte devient un personnage incontournable. « On » le spolie (ou on laisse faire) des quelques euros qui lui reviennent de droit et on lui demande un service : intercéder en leurs faveurs auprès d’un équipementier sportif. En jeu, une paire de chaussures d’une marque réputée mondialement, Nike qui fut l’équipementier de Morceli. Des chaussures disponibles  sur le marché local dans les magasins d’articles de sport. Il est vrai qu’il s’agit d’autres modèles, les plus récents, de meilleures qualités, également plus onéreux que ceux mis à la disposition des athlètes algériens.  

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