La première participation de Zerrifi aux championnats du monde qui se
déroulèrent à Moscou (2013) est inoubliable. Le premier contact avec le très
haut niveau devrait rester gravé dans sa mémoire. Comme l’est la « boule
à zéro » lorsque la recrue du service national faisait son entrée
à la caserne.
Pour Zerrifi, cela y ressemble un peu. Ou plutôt il y a une grande
similarité avec la remise du paquetage. Le trouffion (ici le garde matériel ou
le chargé de la logistique) marque sa position présente et ponctuelle de supériorité.
Celle que lui donne la distribution des
effets vestimentaires qui lui permet par
anticipation de marquer son territoire par rapport à celui qui sera peut être son supérieur, dans ce cas un champion. Le coureur de Montpellier se souvient :
« je me rappelle qu’on s'est vu remettre les tenues dans une poche en
plastique avec une paire de basket même pas à notre pointure ».
Zerrifi relève l’incapacité de la fédération à doter correctement ses
représentants, les ambassadeurs de l’athlétisme algérien, de leur fournir des
équipements à leurs tailles et à leurs pointures. Ecoutons-le : « il y
avait une délégation d'une vingtaine d'athlètes au maximum ce n'était pas comme
si c'était une grosse délégation où il y avait beaucoup d'athlètes à prendre en
charge ». Il n’est pas nécessaire de commenter.
A la lecture de l’interview accordée par Abdelhamid Zerrifi, les lecteurs
comprennent mieux que les accompagnateurs des équipes nationales d’athlétisme
sont des opportunistes. Les frais de taxi payés par Zerrifi, l’argent de poche
qu’il n’a pas reçu étaient (du moins cela fait partie de la norme) disponibles
sur les lieux des championnats du monde, prêts à être utilisés en tant que de
besoin, dans la limite préalablement définie. Dans le meilleur des cas, la
somme inutilisée a été restituée au Trésor Public. Ce qui est anormal puisque des dépenses
engagées (frais de taxi) et d’autres initialement prévues (argent de poche)
restent à payer. Alors pourquoi apurer cette dette en dinars après les
relances de l’athlète?
Il ne fait aucun doute ici que le premier responsable de cette situation
saugrenue est le chef de délégation ou son collaborateur chargé des finances,
de la trésorerie…..ou une autre personne mieux placée dans la hiérarchie
fédérale.
Il n’y a sans doute pas de lien entre le récit de Zerrifi et un autre
incident qui a longtemps fait les gorges chaudes du Sato, au sujet d’une
facture de produits pharmaceutiques (3 000
euros ?) acquis à Moscou, qui mènera à la suspension du chef de
délégation et aurait suscité, selon certaines rumeurs que nous n’avons
malheureusement pas pu vérifiées, une enquête de l’Inspection Générale du MJS
et des réserves de la part du commissaire aux comptes. Il n’y a pas de fumée
sans feu. Surtout lorsqu’on relie cet achat aux accusations de dopage étatique en
Russie qui seront médiatisés quelques mois plus tard.
L’interview a apporté des informations sur ce que ressent un athlète pris
en grippe par les autres membres du groupe, par les officiels, les responsables
de la délégation. Bien qu’intéressante, elle a cependant été bâclée. Certains
détails manquent pour mieux saisir la complexité de l’ambiance.
On ne sait pas si ce sont les mêmes membres de la délégation qui sont
concernés dans l’anecdote suivante : « Au championnat du monde, dans le
stand de Nike, les dirigeants ont osé me demander du fait que je connaissais un
peu la personne de prendre des paires pour eux ».
Le laissé pour compte devient un personnage incontournable.
« On » le spolie (ou on laisse faire) des quelques euros qui lui
reviennent de droit et on lui demande un service : intercéder en leurs
faveurs auprès d’un équipementier sportif. En jeu, une paire de chaussures d’une
marque réputée mondialement, Nike qui fut l’équipementier de Morceli. Des
chaussures disponibles sur le marché
local dans les magasins d’articles de sport. Il est vrai qu’il s’agit d’autres
modèles, les plus récents, de meilleures qualités, également plus onéreux que
ceux mis à la disposition des athlètes algériens.
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