Les explications de
Keddar donnent de la consistance, du crédit aux anecdotes incroyables de
Zerrifi. Keddar, jeune espoir du demi-fond algérien (3.35 en 2015) nous apprend
qu’il a été soumis à une forme de chantage. Incroyable mais vrai. Il déclare en
effet que « la Fédération avait exigé que je paie moi-même le billet ou que je
rejoigne Rio de Janeiro le 27 juillet dernier, avec le reste de la
délégation ». La fédération lui a donné le choix de partir à Rio
avec l’ensemble de la délégation olympique ce qui aurait eu pour conséquence de
le « privé de près de deux semaines de stage à la veille des JO»
alors qu’il était en pleine préparation. Le jeune Keddar a privilégié la
préparation au voyage en groupe.
Keddar appartient au
quatrième niveau de l’élite nationale. Pour des considérations méritant
élucidation il est avec Toufik Makhloufi. Comme le fut un temps, Abderrahmane
Anou devenu aujourd’hui chasseur de primes et se refait une santé sportive sous
d’autres cieux. Le jeune espoir a l’illusion d’appartenir au cercle des grands
coureurs de demi-fond. Il se brule les ailes à les suivre dans un programme
démentiel.
Le billet d’avion
Paris-Rio avait créé un tollé. Il faut se remettre dans l’ambiance du mois
d’août quand la CPO était la cible de tous les énergumènes de l’athlétisme
algériens tapis à la fédération. Il était alors de bon ton de dénigrer cette
commission mise en place par le COA pour préparer au cours de la dernière année
de l’olympiade les jeux olympiques de Rio. Pourtant, cette commission était
représentative du mouvement national sportif. Elle était composée de présidents
de fédération et de directeurs techniques nationaux. Ce n’était pas seulement
Brahmia qui n’en est que la figure de proue.
Amar Brahmia,
co-président de la CPO devenu chef de mission de la délégation algérienne aux
JO de Rio, s’est vu cependant dans l’obligation de réagir aux propos du coureur
Salim Keddar. Ainsi que nous l’avons vu dans notre précédente chronique, le
coureur natif d’Ain Defla avait déclaré que c’est son camarade d’entrainement,
le champion olympique du 1 500 mètres des jeux de Londres (2012) Toufik
Makhloufi qui lui a payé le billet d’avion pour se déplacer jusqu’au Brésil. Il
a avancé la somme nécessaire pour cet achat avant de se faire rembourser par la
CPO. Il connait les mécanismes des déblocages de situations imprévues. Il les a
déjà utilisés.
La déclaration de
Keddar a le mérite de la clarté. Elle explique le fait (achat du billet par
Makhloufi) par le chantage formulé par la fédération. Sans que l’on ne sache
qui est l’auteur des propos incriminés. Selon toute vraisemblance, Amar Brahmia
n’est pas totalement informé de la déclaration de Keddar.
Nous ne savons pas ce
qui lui a été rapporté. Dans ce milieu, dans l’ambiance délétère qui prévaut
alors, les « rapporteurs » sont légions, les bonnes âmes sont toujours nombreuses
pour souffler sur les braises. Brahmia, révolté par ce qui est rapporté, réagi (comme souvent au quart de tour quand
l’attaque vient de l’athlétisme) en affirmant : « Nous
n’avons jamais refusé une prise en charge à un athlète ». Pour
exemple, il citera le cas de la marathonienne Souad Ait Salem qui a fait jouer
la règle de l’exception en demandant un billet spécial (voyager autrement que
le reste de la délégation) au sujet de laquelle Brahmia déclare que « nous
lui avons donné notre accord ».
Souad Aït Salem (une
vétérane de la course à pied) ne s’est pas compliqué l’existence. Elle était
sans doute mieux informée sur les procédures. Elle (ou ses proches dont
Abdallah Mahour Bacha, frère d’Ahmed, à la fois son conjoint et entraineur)
« a juste introduit une demande en bonne et due forme au niveau du comité
olympique ». Il suffisait de demander pour obtenir satisfaction.
De respecter les formes.
Nous devons noter (dans
un coin de nos mémoires) ce point de procédure, à la fois administrative et
protocolaire. Brahmia utilisera plus tard cette même formule à propos d’un
entraîneur qui alimenta la polémique au moment du retour de l’avion spécial.
Une polémique sur laquelle nous reviendrons.
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