Ne soyons pas dupe. L’athlétisme
n’est pas le football. Une vérité que le marquis de la Palice n’aurait
certainement pas reniée. Il est
incontestable que ces deux disciplines sportives ne produisent pas la même
ferveur dans le public. Au point que, dans notre pays (comme dans beaucoup
d’autres sur la planète et presque autant qu’en cette Amérique latine servant de
référence) il est devenu un aspect non négligeable et incontournable de la vie sociale, de la paix sociale dans un
contexte de professionnalisme prétendument orienté vers le secteur économique privé (mais
dont les besoins financiers insatiables sont satisfaits via les subventions
publiques), le football a remplacé la religion dans la citation que l’on
attribue à Karl Marx. Celle qui affirme que la « religion est
l’opium des peuples ».
L’athlétisme n’intéresse le grand
public (et la presse modulant cet intérêt) qu’à l’approche des grands
événements internationaux. En ces moments-là, la discipline, reine du mouvement
olympique, vibre dans nos médias et dans nos pensées de supporters chauvins. La
morosité ambiante peut être secouée par l’espoir d’une médaille que les vaillants
athlètes de demi-fond sont en capacité de remporter.
Ce sont ces athlètes qui ont
remporté des médailles d’or ou d’argent aux championnats du monde ou aux jeux
olympiques et font briller la course à pied. Alors, peu importe le flacon
(football ou athlétisme) pourvu qu’on ait l’ivresse, ce sentiment éphémère de
bonheur extatique qui fait descendre dans les rues des villes une population
désireuse d’exprimer une joie passagère, futile et fugitive.
Cet hiver, la mer athlétique, sur
la côte algérienne, a été calme. Très calme. Après la tempête médiatique qui a
marqué l’année 2016, qui a précédé, a accompagné et suivi les jeux olympiques
de Rio de Janeiro, les vagues propices à la pratique du surf et la houle
tumultueuse qui fait tanguer les plus solides des navires de guerre s’en sont
allées s’étioler on ne sait où. La mer est d’huile.
Rien à se mettre sous la dent. Pas
le moindre scandale. Bien que le renouvellement de plusieurs ligues de wilaya
ait fait un peu jaser avec des recours qui mettent en cause l’instance locale (et
nationale) de régulation et montrent du doigt des pratiques électorales (déjà
vues par ailleurs) établissant que les valeurs éducatives et la notion de
service public ne font plus partie du répertoire des dirigeants sportifs.
Ce n’est qu’un début avant le grand
déballage annonçant les AG de la fédération. Certainement, le calme avant la
tempête, ou plutôt l’ouragan dévastateur. Un déballage qui sera certainement
endiablé, débutant par des nouvelles, des informations, des rumeurs sur fond de
surfacturations, d’attributions illicites de marchés dit publics, de trous dans
la comptabilité de quelques ligues et de la fédération. En attendant, l’athlétisme se morfond dans un
silence imposé.
Toufik Makhloufi a été, ces
dernières années, celui qui (en période de frimas) donnait un semblant de vie à
cette discipline qui n’attire guère l’attention. Au cours des deux précédents
hivers, Toufik Makhloufi a brisé la monotonie déprimante que même les résultats
des cross du challenge national n’ont
pas fait frissonner. Nous plagierons donc Victor Hugo dans son évocation de la
bataille de Waterloo, en nous écriant « Athlétisme, morne plaine ! ».
Makhloufi est celui que l’on attend
en toutes circonstances. A ce titre, il a fait la « Une »
des rubriques sportives avec ses
diatribes contre la gouvernance sportive, au sens large du terme. Il n’a pas
attendu Rio pour se faire entendre de qui de droit.
Lorsque l’on dépasse l’analyse
factuelle des déclarations volcanique du coureur placé sur le trône du
Champion-Roi, on prend acte qu’en fait c’est toute l’olympiade qui pour lui n’a
pas été sereine. On pourrait presque dire qu’elle fut à l’image de la fin de la
précédente (Jeux de Londres 2012). Alambiquée.
Au printemps 2012, alors qu’il vient de remporter un titre
africain, synonyme d’une probable future bonne performance à Londres avec les
moyens locaux mis à sa disposition, ceux essentiellement du GSP et du « groupe
de Brahmia », Makhloufi laisse tout tomber pour rejoindre le
« groupe Aden Jama ».
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