samedi 21 janvier 2017

Polémiques (88), Le silence hivernal de T. Makhloufi

Ne soyons pas dupe. L’athlétisme n’est pas le football. Une vérité que le marquis de la Palice n’aurait certainement pas reniée.  Il est incontestable que ces deux disciplines sportives ne produisent pas la même ferveur dans le public. Au point que, dans notre pays (comme dans beaucoup d’autres sur la planète et presque autant qu’en cette Amérique latine servant de référence) il est devenu un aspect non négligeable et incontournable de la  vie sociale, de la paix sociale dans un contexte de professionnalisme prétendument  orienté vers le secteur économique privé (mais dont les besoins financiers insatiables sont satisfaits via les subventions publiques), le football a remplacé la religion dans la citation que l’on attribue à Karl Marx. Celle qui affirme que la « religion est l’opium des peuples ».
L’athlétisme n’intéresse le grand public (et la presse modulant cet intérêt) qu’à l’approche des grands événements internationaux. En ces moments-là, la discipline, reine du mouvement olympique, vibre dans nos médias et dans nos pensées de supporters chauvins. La morosité ambiante peut être secouée par l’espoir d’une médaille que les vaillants athlètes de demi-fond sont en capacité de remporter.
Ce sont ces athlètes qui ont remporté des médailles d’or ou d’argent aux championnats du monde ou aux jeux olympiques et font briller la course à pied. Alors, peu importe le flacon (football ou athlétisme) pourvu qu’on ait l’ivresse, ce sentiment éphémère de bonheur extatique qui fait descendre dans les rues des villes une population désireuse d’exprimer une joie passagère, futile et fugitive.
Cet hiver, la mer athlétique, sur la côte algérienne, a été calme. Très calme. Après la tempête médiatique qui a marqué l’année 2016, qui a précédé, a accompagné et suivi les jeux olympiques de Rio de Janeiro, les vagues propices à la pratique du surf et la houle tumultueuse qui fait tanguer les plus solides des navires de guerre s’en sont allées s’étioler on ne sait où. La mer est d’huile.
Rien à se mettre sous la dent. Pas le moindre scandale. Bien que le renouvellement de plusieurs ligues de wilaya ait fait un peu jaser avec des recours qui mettent en cause l’instance locale (et nationale) de régulation et montrent du doigt des pratiques électorales (déjà vues par ailleurs) établissant que les valeurs éducatives et la notion de service public ne font plus partie du répertoire des dirigeants sportifs.
Ce n’est qu’un début avant le grand déballage annonçant les AG de la fédération. Certainement, le calme avant la tempête, ou plutôt l’ouragan dévastateur. Un déballage qui sera certainement endiablé, débutant par des nouvelles, des informations, des rumeurs sur fond de surfacturations, d’attributions illicites de marchés dit publics, de trous dans la comptabilité de quelques ligues et de la fédération.  En attendant, l’athlétisme se morfond dans un silence imposé.
Toufik Makhloufi a été, ces dernières années, celui qui (en période de frimas) donnait un semblant de vie à cette discipline qui n’attire guère l’attention. Au cours des deux précédents hivers, Toufik Makhloufi a brisé la monotonie déprimante que même les résultats des cross du challenge national  n’ont pas fait frissonner. Nous plagierons donc Victor Hugo dans son évocation de la bataille de Waterloo, en nous écriant « Athlétisme, morne plaine ! ».
Makhloufi est celui que l’on attend en toutes circonstances. A ce titre, il a fait la « Une » des rubriques  sportives avec ses diatribes contre la gouvernance sportive, au sens large du terme. Il n’a pas attendu Rio pour se faire entendre de qui de droit.
Lorsque l’on dépasse l’analyse factuelle des déclarations volcanique du coureur placé sur le trône du Champion-Roi, on prend acte qu’en fait c’est toute l’olympiade qui pour lui n’a pas été sereine. On pourrait presque dire qu’elle fut à l’image de la fin de la précédente (Jeux de Londres 2012). Alambiquée.

Au printemps 2012, alors qu’il vient de remporter un titre africain, synonyme d’une probable future bonne performance à Londres avec les moyens locaux mis à sa disposition, ceux essentiellement du GSP et du « groupe de Brahmia », Makhloufi laisse tout tomber pour rejoindre le « groupe Aden Jama ». 

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