jeudi 19 janvier 2017

Polémiques (87), Les griefs de Bouraâda

Selon ces discours que, souvent on retrouve dans les commentaires sur Facebook et qui sont repris en partie par Larbi Bouraâda, les membres de la Fédération sont considérés comme faisant partie « en principe des enfants de la discipline » avec un en principe qui aurait tendance à les en bannir.

Ce discours est maintes ressassé, en particulier lorsque « les enfants de la discipline », restant à identifier, veulent en chasser les « bouchers et les boulangers » (insulte suprême dans leur jargon) qui seraient les représentants d’une pratique athlétique commerçante et commerciale et qui aurait investi la discipline. Une pratique qui serait, dans ce milieu devenu interlope, celui des groupes (entraîneurs, dirigeants et athlètes) attirés, préoccupés par la quête et la conquête de l’euro.

Dans le discours de Bouraâda, les membres de la FAA, parce qu’ils appartiennent justement « à la  famille » sont sensés bien connaitre « les exigences du haut niveau ». On ne sait par quel  revirement, Larbi Bouraâda s’est inscrit dans un registre proche de la dérision. Ceux qui devraient être des soutiens inébranlables et inconditionnels seraient en fait des freins.

Selon lui, ce sont ces comportements qui empêche de « de gagner des médailles aux JO, malgré la  présence de talents». Bien évidemment, nous devons comprendre qu’il fait partie de ces talents dont on doit prendre soin.

Le décathlonien algérien en a gros sur le cœur.  Il en a plus qu’assez de l’improvisation : « À l’approche d’un événement sportif, on court à gauche et à droite et on tente de préparer l’athlète à la dernière minute ». Il en profite pour pousser un cri de rage, certainement partagé par beaucoup d’acteurs de l’athlétisme algérien : « Nous sommes très loin du niveau mondial ». En matière de planification de la préparation, oublie-t-il de préciser. Parce qu’ils  auraient le potentiel, les capacités, les qualités pour atteindre ce niveau.

On serait tenté de le croire si, pour illustrer les manquements fédéraux, il n’avait pas évoqué les problèmes rencontrés  pour avoir à ses côtés son entraîneur-adjoint Hocine Mohamed. Un entraîneur évincé lors du retrait récent de son entraîneur de toujours.

Bien qu’il n’ait pas réussi le challenge que l’on pronostiquait, celui de décrocher une médaille olympique, Larbi Bouraâda se dit  « (…) très content de ma performance, ce n’est pas chose facile de se classer dans les cinq premiers aux JO ». Avant de ressortir l’argument du « manque de moyens et de compétition ainsi que la blessure m’ont empêché de réaliser mon objectif ». On sait ce qu’il en est.

La rengaine qui a cours dans l’athlétisme algérien est connue de tous. Elle est celle qui contient la formule magique que prononcent régulièrement les « sorciers » de la discipline et du mouvement sportif national : « avec plus de soutien et d’encouragements ».
Avec cette incantation concluant généralement l’échec, il est certain que Larbi  Bouraâda aurait titillé le champion olympique, l’Américain Ashton Eaton. Un rêve éveillé qui aurait pu devenir réalité avec une prise en charge plus sérieuse qu’elle ne l’a été, qu’elle ne l’est actuellement.

 C’est pour cela que via les média, il interpelle les pouvoirs publics : « J’ai besoin d’aide de la Fédération, des moyens pour travailler et progresser. Je veux des moyens de récupération et du matériel d’entraînement. Je veux aussi disposer d’un kinésithérapeute, c’est la moindre des choses pour un athlète de l’équipe nationale ».

Le cri de Larbi Bouraâda est assourdissant. Il retentit dans un univers où les athlètes sont sous perfusion permanente. Eternels assistés. En l’écoutant, il nous revient en mémoire des narrations sur les vies estudiantines contemporaines d’athlètes de toutes nationalités recoupant celles de champions algériens  racontant leurs vies sur les campus universitaires américains. Sans soutiens et les petits boulots dans les cafétérias du collège obtenus grâce à l’entraîneur.

Serions-nous amener à un mea-culpa ? Toute l’aide multiforme reçue de la fédération, du comité olympique, du ministère serait-elle illusoire ? Que doivent dire les autres athlètes de l’équipe nationale ? L’athlétisme algérien est véritablement déroutant !

A Rio, seuls Makhloufi et Bouraâda ont pu bénéficier des services de la voiture officielle. Ils ont été les seuls également à avoir eu recours aux prestations de la clinique italienne de Técarthérapie. Etrangement, Bouraâda, pendant la durée de son épreuve, avait à sa disposition un kinésithérapeute qui s’est déplacé jusqu’à cette clinique. Makhloufi en avait deux !

Sans le vouloir,  Larbi Bouraâda a dévoilé la gestion de l’excellence athlétique, le fonctionnement du haut niveau par la fédération.


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