A plusieurs reprises, nous avons incidemment abordé le phénomène
grandissant du dopage sous l’angle du changement de nationalité constitué en
élément, de plus en plus récurrent (mais non déterminant de notre perception de
la chose), du profil des athlètes dopés selon les règles de l’AMA et à ce titre
sanctionnés.
Nous l’appréhendons aujourd’hui à travers les explications fournies
par la partie vouée (par la force des choses) au mutisme, à savoir un lanceur
d’alerte, un athlète américain ayant récemment (en juin 2016) acquis la
nationalité sportive péruvienne lui permettant de prendre part aux jeux
olympiques de Rio sous les couleurs du pays andin.
Le 3 juin dernier, David Torrence s’apprêtait à courir le 800 d’un
meeting (« Adrian Martinez Classic »), organisé à
Concorde (Massachusetts), lorsqu’il reçut la nouvelle qu'il attendait avec
impatience. Le Comité international olympique avait officiellement approuvé sa
demande de participation sous les couleurs du Pérou aux Jeux olympiques de cet
été à Rio. Une information qui, pour cet athlète américain, marquait l'aboutissement
d'un processus commencé 11 mois plus tôt aux Jeux panaméricains de Toronto.
Aux cours de ces jeux abrités par la ville canadienne, David Torrence
avait remporté, pour le compte des Etats Unis, la médaille d’argent du
5 000 mètres et s’était (c’était le plus important) en outre entendu avec le
président du comité olympique péruvien pour un changement de nationalité
sportive. Une situation peu ordinaire !
Les formalités administratives régissant le changement de nationalité
sportive impliquent une attente minimale d’une année entre la demande de
changement et le changement effectif de nationalité sportive. La demande ayant
été déposée le 25 juillet, David Torrence est donc éligible (en sa qualité de
citoyen sportif péruvien) à une participation aux jeux olympiques.
Nous noterons que Torrence dispose de la nationalité péruvienne (un
élément de sa personnalité, dit-il) depuis le début de l’année 2016. Il décrit
les méandres de la procédure qui l’obligea à se rendre (à l’automne dernier) au
Pérou pour y déposer un dossier administratif en signalant au passage que s’il
avait âgé de moins de 18 ans (il en a 30), et s’il avait été inscrit auprès de
l’ambassade péruvienne, tout aurait été plus simple.
Dans son cas, l’acquisition de la nationalité péruvienne était
possible car sa mère est née sur le sol de ce pays, y a grandi avant d’émigrer à
l’adolescence aux Etats Unis où elle a conservé la nationalité péruvienne
d’origine en acquérant celle du pays d’accueil. Comme sa mère américano-péruvienne
est encore péruvienne, l’américain David Torrence pouvait obtenir celle de sa
mère.
L’idée de devenir péruvien est apparue à la fin des études
universitaires (2008) lorsque, arrivé à ce carrefour de l’existence, il s’est
senti athlète esseulé, sans sponsor, n’appartenant à aucun groupe
d’entraînement, sans aucune des facilités permettant d’entrevoir une carrière
professionnelle. Une situation qui a rapidement changé lorsqu’il a rejoint le groupe
entraîné par John Cook (retenez ce nom) et qu’il fut parrainé par Nike.
Le changement de nationalité sportive envisagé fut mis en attente, placé
en « stand-by », sous le boisseau parce qu’il s’était
adressé à des personnes qui lui communiquèrent des informations erronée comme
celle de l’obligation de résider pendant trois années au Pérou. Sur cet épisode
retardateur, il raconte : « Avec cette nouvelle situation
d'entraînement et avec mon parrain, je sentais que ce n’était pas possible. J’ai
mis en veilleuse ce projet parce que je savais que je voulais courir pour le
Pérou finalement. Cela n’aurait pas été intelligent de le faire à ce moment-là alors
que je venais de commencer avec ce nouveau groupe ».
Le projet a refait naissance 8 ans plus tard, aux Jeux panaméricains
de 2015, à la suite d’une discussion avec le président du comité olympique
péruvien qui l’informa que les informations reçues précédemment étaient
incorrectes. Ensemble, ils explorèrent les possibilités légales et étudièrent
le calendrier des démarches pour ce changement de nationalité.
Le changement envisagé était raisonné puisqu’il était prévu qu’il
courre sous la bannière du Pérou lors des Jeux panaméricains qui s’y
dérouleront en 2019 ou 2020. Les jeux olympiques de Rio ne figuraient pas dans
leurs plans.
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Note : Cette chronique (ainsi que la prochaine) a été
publiée à la mi-août. Juste avant que n’entamions un essai de compréhension des
événements, des faits, des dits qui ont agité l’athlétisme algérien au cours de
l’année olympique.
Avec David Torrence, nous plongeons (à nouveau) dans l’univers
du groupe Aden. Après avoir visité celui d’Alberto Salazar. Deux groupes qui
ont en commun d’être suspectés de dopage. Aden a des liens avec l’athlétisme
algérien. Des liens dangereux (de notre point de vue) que nous avons abordés au
début de l’année 2016.
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