mardi 14 février 2017

Ingérence du MJS, La grande embrouille (2)

Dans la gigantesque pétaudière qu’est devenu le mouvement sportif, on oublie allégrement que sans l’apport des pouvoirs publics, nombre de ces fédérations (à l’exception de la FAF qui aurait retourné les subventions étatiques et a participé à l’emprunt obligataire d’Etat à hauteur de 5 milliards de dinars),  en fait toutes les autres fédérations sans exception, n’aurait pu financer ne serait-ce qu’une partie dérisoire de leurs activités.
Certaines, parmi les plus illustres d’entre elles (telle celle de l’athlétisme) se sont ingéniées à gâcher le dérisoire soutien financier des sponsors relevant pour la plupart de la sphère économique publique. Des subsides souvent obtenus par des particuliers, admirateurs de la discipline, évoluant dans la marge de la communauté sportive, sans aucun lien organique. Pour l’amour de la discipline.
Les points de vue exprimés, les raisonnements, les argumentaires présentés (aussi honorables les uns que les autres soient-ils) sont viciés par les préjugés forgés par les années et les magouilles qui ont  marqué le quotidien du mouvement national sportif. Les débatteurs se connaissent très (trop) bien. Déjà sur les réseaux sociaux, certains aspects hideux de leurs comportements sont dévoilés par des cadres du sport qui ne risquent plus rien.
Or donc, nos agitateurs de l’été ont vu le vent tourner. Leur exigence d’enquête sur le fonctionnement du COA a été entendue. La loi algérienne, depuis la fin de l’année 2015 (décret 15.153 publié au journal officiel une année avant la fin du mandat olympique), stipule que les bilans des présidents de fédération postulant à un nouveau mandat sont examinés par les services du MJS sur un triple plan (administratif, financier et des objectifs définis par eux dans le cadre d’une gestion participative).
Pour qui n’est pas aveugle, l’ensemble du dispositif de contrôle INTERNE a seulement été renforcé par un contrôle EXTERNE, exercé par le représentant du gouvernement algérien en charge des activités sportives (MJS) intervenant en fin d’un processus faisant appel préalablement aux contrôles et missions dévolues au commissaire aux comptes (examen de la régularité, de la sincérité, de la conformité des écritures comptables enregistrées par le trésorier avec au final la certification du bilan comptable), des membres de l’assemblée générale ordinaire (bilan moral et financier se penchant sur l’opportunité des actes de gestion).
Les commentateurs (opposés à l’intervention du ministère dans le contrôle de l’utilisation des fonds publics) brandissent la menace de l’ingérence des instances transnationales sportives qui ne pourront que constater que le processus d’élection démocratique a été formellement respecté. La procédure d’audit administratif et financier ne peut être mise en cause.
Dans le raisonnement des opposants à la loi algérienne, il fait abstraction du fait que toutes les candidatures sont examinées par une commission de candidature (avec possibilité de faire appel à une commission de recours) élue par l’assemblée générale ordinaire.
Cela suppose que seuls les présidents de fédération (et de ligues) sont assujettis à un contrôle de gestion. Une démarche tout à fait logique puisque les nouveaux candidats à ces fonctions ne sont jugés que sur un dossier administratif faisant toutefois référence à leurs antécédents sportifs ou judiciaires.
Une douzaine de fédérations (dont l’athlétisme, le judo, le cyclisme et la boxe, celles qui prétendaient aux médailles olympiques) est pour l’heure concernée par une inéligibilité de leurs présidents sortants. Présageons que le couronnement du processus de renouvellement des instances sportives sera attendu avec impatience au mois d’avril lorsqu’il s’agira de clôturer les opérations par l’élection du président du COA.
C’est alors que les accusations proférées, par Makhloufi, Bouraâda et d’autres (boxeurs, judokas, cyclistes), à l’encontre des responsables sportifs connaitront véritablement leurs issues.
Radio trottoir, « Radio Sato » (appuyée par les réseaux sociaux) est, dans le contexte actuel, en effervescence, livrant des éléments parcellaires de connaissance fort pertinents d’une logique aussi statique que le serait une girouette.
Le vent a tourné. L’ingérence ministérielle (que nous venons de décrire) est apparue dans un rôle d’équilibre tardif, de neutralité retardataire. Le premier responsable du secteur ne s’est intéressé qu’à la finalisation du processus reposant sur des fondations fragilisées par les agissements des membres de ligues, élus au début du précédent cycle olympique, soutenus à la fois par les membres des bureaux fédéraux et des lobbyistes incrustés, depuis des décennies dans le mouvement sportif national et local.

A nouveau, comment souvent, la révolte n’est pas celle du peuple sportif mais une rébellion des seigneurs du sport contre d’autres féodaux avec lesquels ils sont en conflit. 

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