Dans la gigantesque pétaudière
qu’est devenu le mouvement sportif, on oublie allégrement que sans l’apport des
pouvoirs publics, nombre de ces fédérations (à l’exception de la FAF qui aurait
retourné les subventions étatiques et a participé à l’emprunt obligataire
d’Etat à hauteur de 5 milliards de dinars),
en fait toutes les autres fédérations sans exception, n’aurait pu
financer ne serait-ce qu’une partie dérisoire de leurs activités.
Certaines, parmi les plus illustres
d’entre elles (telle celle de l’athlétisme) se sont ingéniées à gâcher le dérisoire
soutien financier des sponsors relevant pour la plupart de la sphère économique
publique. Des subsides souvent obtenus par des particuliers, admirateurs de la
discipline, évoluant dans la marge de la communauté sportive, sans aucun lien
organique. Pour l’amour de la discipline.
Les points de vue exprimés, les
raisonnements, les argumentaires présentés (aussi honorables les uns que les
autres soient-ils) sont viciés par les préjugés forgés par les années et les
magouilles qui ont marqué le quotidien
du mouvement national sportif. Les débatteurs se connaissent très (trop) bien.
Déjà sur les réseaux sociaux, certains aspects hideux de leurs comportements sont
dévoilés par des cadres du sport qui ne risquent plus rien.
Or donc, nos agitateurs de l’été
ont vu le vent tourner. Leur exigence d’enquête sur le fonctionnement du COA a
été entendue. La loi algérienne, depuis la fin de l’année 2015 (décret 15.153
publié au journal officiel une année avant la fin du mandat olympique), stipule
que les bilans des présidents de fédération postulant à un nouveau mandat sont
examinés par les services du MJS sur un triple plan (administratif, financier
et des objectifs définis par eux dans le cadre d’une gestion participative).
Pour qui n’est pas aveugle,
l’ensemble du dispositif de contrôle INTERNE a seulement été renforcé par un
contrôle EXTERNE, exercé par le représentant du gouvernement algérien en charge
des activités sportives (MJS) intervenant en fin d’un processus faisant appel
préalablement aux contrôles et missions dévolues au commissaire aux comptes (examen
de la régularité, de la sincérité, de la conformité des écritures comptables
enregistrées par le trésorier avec au final la certification du bilan comptable),
des membres de l’assemblée générale ordinaire (bilan moral et financier se
penchant sur l’opportunité des actes de gestion).
Les commentateurs (opposés à
l’intervention du ministère dans le contrôle de l’utilisation des fonds
publics) brandissent la menace de l’ingérence des instances transnationales
sportives qui ne pourront que constater que le processus d’élection
démocratique a été formellement respecté. La procédure d’audit administratif et
financier ne peut être mise en cause.
Dans le raisonnement des opposants
à la loi algérienne, il fait abstraction du fait que toutes les candidatures
sont examinées par une commission de candidature (avec possibilité de faire
appel à une commission de recours) élue par l’assemblée générale ordinaire.
Cela suppose que seuls les
présidents de fédération (et de ligues) sont assujettis à un contrôle de
gestion. Une démarche tout à fait logique puisque les nouveaux candidats à ces
fonctions ne sont jugés que sur un dossier administratif faisant toutefois
référence à leurs antécédents sportifs ou judiciaires.
Une douzaine de fédérations (dont
l’athlétisme, le judo, le cyclisme et la boxe, celles qui prétendaient aux
médailles olympiques) est pour l’heure concernée par une inéligibilité de leurs
présidents sortants. Présageons que le couronnement du processus de
renouvellement des instances sportives sera attendu avec impatience au mois
d’avril lorsqu’il s’agira de clôturer les opérations par l’élection du
président du COA.
C’est alors que les accusations
proférées, par Makhloufi, Bouraâda et d’autres (boxeurs, judokas, cyclistes), à
l’encontre des responsables sportifs connaitront véritablement leurs issues.
Radio trottoir, « Radio
Sato » (appuyée par les réseaux sociaux) est, dans le contexte
actuel, en effervescence, livrant des éléments parcellaires de connaissance
fort pertinents d’une logique aussi statique que le serait une girouette.
Le vent a tourné. L’ingérence
ministérielle (que nous venons de décrire) est apparue dans un rôle d’équilibre
tardif, de neutralité retardataire. Le premier responsable du secteur ne s’est
intéressé qu’à la finalisation du processus reposant sur des fondations
fragilisées par les agissements des membres de ligues, élus au début du
précédent cycle olympique, soutenus à la fois par les membres des bureaux
fédéraux et des lobbyistes incrustés, depuis des décennies dans le mouvement
sportif national et local.
A nouveau, comment souvent, la
révolte n’est pas celle du peuple sportif mais une rébellion des seigneurs du
sport contre d’autres féodaux avec lesquels ils sont en conflit.
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