mercredi 1 février 2017

Polémiques (98), Les inquiétudes de Dupont

Parce qu’il en a souvent discuté avec l’athlète, l’entraîneur «le sent un peu blessé par ce manque de considération » et par les tracasseries rencontrées. Selon Dupont, c’est cela qui expliquerait le retard dans le démarrage d’ « une préparation optimale » en vue des championnats du monde.

En ce mois de décembre (la question du visa aidant au pessimisme), il entrevoit  la reconduction des péripéties, des contrariétés ainsi que la reproduction (avant les Jeux olympiques de Rio) d’un scénario modélisé par les années. Dupont n’a pas conscience que l’interview donnée provoquera un tsunami dont les effets dureront jusqu’après les jeux.

Dupont n’est pas en permanence aux côtés de Makhloufi. Cette situation est incompréhensible. En effet, dès qu’il a rejoint le « groupe Dupont », Makhloufi aurait loué un appartement à Angers et aurait acquis un petit véhicule pour faciliter ses déplacements dans la petite ville qui est devenue la base à partir de laquelle il rayonne à travers le monde pour des stages de préparation et les compétitions. Cependant, des indiscrétions laissent entendre que régulièrement Makhloufi se déplace sur Alger pour se ressourcer.

Pendant les semaines qui ont précédé l’interview, Makhloufi n’était pas en mode préparation. La saison était terminée. Il prenait du repos avant d’entamer la suivante. Pour la reprise, la présence de Dupont n’était pas indispensable. Dans un autre univers que celui de l’athlétisme algérien s’entend. Celui où les athlètes sont conscients de leurs responsabilités dans la réussite du projet sportif qui est avant tout le leur, disposent d’une certaine culture sportive, respectent au moins à la lettre les consignes qui leur sont données, se conduisent enfin en des professionnels de la course à pied.

Pendant cette période hivernale 2015-2016, Makhloufi est à Alger. Il est hébergé à l’hôtel Sheraton aux frais de la FAA et du COA. Un établissement touristique luxueux peu propice à la gestion de la condition sportive. Une prise en charge onéreuse qui met à mal les caisses de la fédération et du COA.

Malgré la distance, Dupont s’entretient régulièrement avec lui par téléphone. Des discussions qu’il a avec Makhloufi, il ressort qu’il n’est pas satisfait des échos qui lui parviennent d’Alger.

Il est plus particulièrement déçu par le ratage d’un stage qualifié de « très important » qui aurait dû être consacré au « développement général ». Un stage que Dupont avait organisé avec la présence « de grands athlètes français dont Mekhissi, au Portugal, pendant deux semaines ». Un stage raté faute de visa.

Pour préciser l’importance de ce stage, Dupont dit qu’ « Il était vital qu’il soit là. Je voulais absolument qu’il travaille avec Mekhissi pour optimiser la préparation ». Il souligne sa déception du fait  « qu’il n’ait pas pu être de ce regroupement ». Il exprime également son inquiétude à propos d’une absence éventuelle à un second stage prévu au mois de janvier, en Afrique du Sud. A son plus grand bonheur, Makhloufi obtiendra le visa attendu (et sujet à des polémiques qui ne s’éteignirent qu’avec le départ de Makhloufi pour rejoindre le lieu de stage) au moment de l’interview. Relation de causes à effets ?

L’inquiétude de Dupont a été aggravée par une reprise tardive de la préparation qu’il expliqua par deux raisons : « il fallait reprendre le travail au mois de novembre » (ce qui n’a pas été fait) et  « Makhloufi est aux abonnés absents pour des raisons futiles ». A demi-mots, Dupont met en avant un manque de sérieux contrastant avec l’acharnement du printemps.

Dupont conclue son interview par l’espoir d’une amélioration « dans un futur très proche ». Il émet la supposition que Makhloufi « est une idole dans son pays » et que les responsables algériens pourront faire quelque chose pour mettre en branle cette amélioration.  L’entraîneur français ne prend pas de gants en disant simplement « si les Algériens ne font rien pour Mekhloufi qui le ferait à leur place ». 


Dupont généralise bien sûr. Il connait la place de Makhloufi dans le paysage sportif algérien. Ou au moins s’en doute. Cette réflexion est une incitation à agir. Mais à qui s’adresse-t-elle ? Dupont ne le dit pas. Nous devons donc supposer que, dans son esprit cartésien, le premier et seul interlocuteur de Makhloufi est la fédération qui ne donne pas l’impression de s’inquiéter outre mesure.

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