Parce qu’il en a
souvent discuté avec l’athlète, l’entraîneur «le sent un peu blessé par ce
manque de considération » et par les tracasseries rencontrées.
Selon Dupont, c’est cela qui expliquerait le retard dans le démarrage d’ «
une
préparation optimale » en vue des championnats du monde.
En ce mois de décembre
(la question du visa aidant au pessimisme), il entrevoit la reconduction des péripéties, des
contrariétés ainsi que la reproduction (avant les Jeux olympiques de Rio) d’un
scénario modélisé par les années. Dupont n’a pas conscience que l’interview
donnée provoquera un tsunami dont les effets dureront jusqu’après les jeux.
Dupont n’est pas en
permanence aux côtés de Makhloufi. Cette situation est incompréhensible. En
effet, dès qu’il a rejoint le « groupe Dupont »,
Makhloufi aurait loué un appartement à Angers et aurait acquis un petit
véhicule pour faciliter ses déplacements dans la petite ville qui est devenue la
base à partir de laquelle il rayonne à travers le monde pour des stages de
préparation et les compétitions. Cependant, des indiscrétions laissent entendre
que régulièrement Makhloufi se déplace sur Alger pour se ressourcer.
Pendant les semaines
qui ont précédé l’interview, Makhloufi n’était pas en mode préparation. La
saison était terminée. Il prenait du repos avant d’entamer la suivante. Pour la
reprise, la présence de Dupont n’était pas indispensable. Dans un autre univers
que celui de l’athlétisme algérien s’entend. Celui où les athlètes sont
conscients de leurs responsabilités dans la réussite du projet sportif qui est avant
tout le leur, disposent d’une certaine culture sportive, respectent au moins à
la lettre les consignes qui leur sont données, se conduisent enfin en des professionnels
de la course à pied.
Pendant cette période
hivernale 2015-2016, Makhloufi est à Alger. Il est hébergé à l’hôtel Sheraton
aux frais de la FAA et du COA. Un établissement touristique luxueux peu propice
à la gestion de la condition sportive. Une prise en charge onéreuse qui met à
mal les caisses de la fédération et du COA.
Malgré la distance, Dupont
s’entretient régulièrement avec lui par téléphone. Des discussions qu’il a avec
Makhloufi, il ressort qu’il n’est pas satisfait des échos qui lui parviennent
d’Alger.
Il est plus
particulièrement déçu par le ratage d’un stage qualifié de « très important » qui aurait dû être
consacré au « développement général ». Un stage que
Dupont avait organisé avec la présence « de grands athlètes
français dont Mekhissi, au Portugal, pendant deux semaines ». Un stage raté
faute de visa.
Pour préciser l’importance de ce stage, Dupont
dit qu’ « Il était
vital qu’il soit là. Je voulais absolument qu’il travaille avec Mekhissi pour
optimiser la préparation ». Il
souligne sa déception du fait « qu’il n’ait pas pu être de ce regroupement ». Il exprime également son
inquiétude à propos d’une absence éventuelle à un second stage prévu au mois de
janvier, en Afrique du Sud. A son plus grand bonheur, Makhloufi obtiendra le
visa attendu (et sujet à des polémiques qui ne s’éteignirent qu’avec le départ
de Makhloufi
pour rejoindre le lieu de stage) au moment de l’interview. Relation de
causes à effets ?
L’inquiétude de Dupont
a été aggravée par une reprise tardive de la préparation qu’il expliqua par
deux raisons : « il fallait reprendre le travail au mois de
novembre » (ce qui n’a pas été fait) et « Makhloufi est aux abonnés absents pour des
raisons futiles ». A demi-mots, Dupont met en avant un manque de
sérieux contrastant avec l’acharnement du printemps.
Dupont conclue son
interview par l’espoir d’une amélioration « dans un futur très proche ».
Il émet la supposition que Makhloufi « est une idole dans son pays »
et que les responsables algériens pourront faire quelque chose pour mettre en
branle cette amélioration. L’entraîneur
français ne prend pas de gants en disant simplement « si les Algériens ne font rien
pour Mekhloufi qui le ferait à leur place ».
Dupont généralise bien
sûr. Il connait la place de Makhloufi dans le paysage sportif algérien. Ou au
moins s’en doute. Cette réflexion est une incitation à agir. Mais à qui
s’adresse-t-elle ? Dupont ne le dit pas. Nous devons donc supposer que,
dans son esprit cartésien, le premier et seul interlocuteur de Makhloufi est la
fédération qui ne donne pas l’impression de s’inquiéter outre mesure.
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