Le transfert des pratiques liées aux AUT au niveau national ferait que
celles-ci (les AUT) seraient finalement un subterfuge, une légalisation
déguisée du dopage. Une formule destinée avant tout à bénéficier aux « professionnels
du sport ».
L’article 4.4.2 du Code est suivi par un commentaire qui renvoie à
l’article 5.1 du « Standard international ». Ce commentaire
permet à la CNAD de décliner l’étude des demandes (anticipées) d’AUT émanant de
sportifs de niveau national pratiquant des sports qui, selon la planification de
répartition des contrôles établie par la Commission, ne sont pas prioritaires.
Ce même commentaire autorise toutefois la CNAD à accepter, de tout sportif
concerné par cette disposition faisant par la suite l’objet d’un contrôle, une
AUT rétroactive.
La notion de rétroactivité de l’AUT s’applique dans un autre cas
bien particulier qui est celui décrit dans
l’article 4.4.3. Il s’agit de la situation où la CNAD (ou une agence nationale
de lutte contre le dopage choisit de « contrôler un sportif qui
n’est pas un sportif de niveau international ou de niveau national ».
L’interprétation que nous avons de cette disposition est qu’il ne peut
s’agir que d’un athlète (ne relevant pas de ce niveau de pratique donc n’étant
recensé au niveau international ni national) qui serait l’auteur d’une performance
surprenante, car ne figurant pas antérieurement dans les deux catégories
d’athlètes précitées.
Nous remarquerons que pour l’athlétisme, en Algérie, ces deux catégories
sont informelles. Si l’on excepte bien sur les athlètes sélectionnés pour une
participation à des compétitions internationales en passant par le sas des
minima imposés par les institutions sportives organisatrices (IAAF , CAA,
CIO, etc.). Contrairement à d’autres pays (la France par exemple) où le niveau
des athlètes est hiérarchisé par l’entremise d’un barème de performances.
Dans ce cas - qui est, reconnaissons-le, singulier (et ouvrirait, dans
le contexte algérien, la porte à tous
les abus en matière d’AUT)- la CNAD « autorisera ce sportif à
demander une AUT à titre rétroactif pour toute substance interdite ou méthode
interdite utilisée à des fins thérapeutiques ».
L’annexe du Code relatif aux « Définitions » donne
la plus grande liberté d’action et d’interprétation aux agences nationales de lutte contre le
dopage et aux fédérations internationales. Ces deux notions (« sportif
de niveau international » et « sportif de niveau
national ») sont à percevoir comme deux niveaux de pratique
découlant de la notion de « sportif » définie comme
« Toute personne qui dispute une compétition sportive au niveau
international (telle que définie par chacune des fédérations internationales)
ou au niveau national (telle que définie par chacune des organisations
nationales antidopage) ».
En plus de cette liberté qui lui est octroyée, une organisation
antidopage possède également la faculté d’appliquer des règles antidopage à un
sportif qui n’est ni un sportif de niveau international ni un sportif de niveau
national, et ainsi de le faire entrer dans la définition générale de « sportif
».
Le commentaire sur la notion de
« sportif » l’explicite en établissant que « Cette
définition permet également à chaque organisation nationale antidopage, si elle
le désire, d’étendre son programme antidopage aux concurrents de niveaux
inférieurs au niveau national ou international ».
Toutefois, la priorité est
accordée au système compétitif puisque le commentaire ouvre aussi la
possibilité de procéder à des contrôles lors de manifestations réservées
uniquement à des concurrents de niveau « vétérans » tout
en limitant le menu des substances interdites.
L’univers de la lutte contre le
dopage est proche de celui décrit Kafka. Nous noterons que ce commentaire
conférant le pouvoir aux agences nationales de contrôler l’ensemble des
individus participant à des compétitions quel qu’en soit le niveau (régional et
local) leur octroie également la possibilité de s’intéresser jusqu’« aux
individus pratiquant un entraînement physique mais sans disputer de
compétitions », c’est-à-dire aux joggers du week-end.
Pour les distinguer des autres
sportifs (essentiellement ceux de niveau international et de niveau national),
ces « concurrents de niveau récréatif » sont dispensés
de la présentation préalable de l’AUT tout en étant assujetti aux mêmes
conséquences dont nous remarquerons toutefois que l’application est laissée à
la libre appréciation des agences nationales.
Ce que nous devons retenir c’est
qu’en athlétisme sauf cas véritablement exceptionnel, une AUT rétroactive ne
peut avoirs cours.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire