Le sportif lambda, ignorant les subtilités de la réglementation que nous venons de voir et donc peu protégé,
pourrait bien être la première et l’unique victime, le bouc émissaire de la
lutte antidopage et des statistiques qu’elle produit. Lorsqu’il n’est pas bien
évidemment au cœur, l’élément essentiel dans son comportement de consommateur,
d’un trafic d’adjuvants pharmaceutiques à la performance!
Le docteur Mekacher ayant affirmé que l’athlétisme fait partie des
pratiques sportives particulièrement suivies (34 % des contrôles effectués au
cours des 3 premiers trimestres de l’année 2015), la première possibilité (l’appartenance
à la catégorie des sports non prioritaires) ne peut donc être envisagée pour les athlètes, pour les
détenteurs d’une licence délivrée par la fédération algérienne d’athlétisme. Avec
un tiers des contrôles effectués, l’athlétisme est incontestablement une discipline
sportive prioritaire dans le répertoire de la CNAD. N’oublions pas qu’il est
également le premier sport olympique.
Cette dérogation exceptionnelle (qui aurait été accordée à certains
athlètes) semblerait avoir permis l’ouverture d’une brèche dans le système de la
lutte antidopage en Algérie. Elle aurait abouti à une approche paraissant faire
partie des mœurs de l’athlétisme pratiqué à un certain niveau de performances. Une
interprétation laxiste de la règle qui pourrait avoir été entérinée de facto par
la CNAD et son « comité d’AUT ».
Samira Messad, dans ce qui peut ressembler à des divagations (lorsque
l’on n’a pas à l’esprit cet aspect de la lutte antidopage) déclare, qu’après
qu’elle eut reçu la notification de son résultat d’analyse anormal, il lui
aurait été conseillé d’emprunter cette voie de disculpation consistant (dans
une manœuvre d’évitement de la sanction inévitable que l’on comprend qu’elle a été
précédemment éprouvée et donné des résultats probants) à se faire prescrire des
produits pharmaceutiques contenant les substances incriminées dans la
notification reçue et à présenter la prescription médicale adéquate lors de son
audition.
Samira Messad n’a pas accordée une grande importance à la démarche qui
lui a été proposée (celle de la présentation d’une AUT rétroactive) pour deux
raisons essentielles. La première étant la certitude de n’avoir pas ingérer
volontairement les substances trouvées dans ses analyses. La seconde est que la
proposition émanait d’une personne ne faisant pas partie de son entourage
immédiat même si cette personne ne lui était pas tout à fait inconnue car
appartenant au milieu athlétique. Un personnage crédible, en tous points de
vue, de l’instance fédérale.
C’est à ce moment de la compréhension du cas Samira Messad et de
l’affaire non résolue de l’« affaire
de Moscou » que l’on peut établir un lien hypothétiquement ténu entre
l’importation controversée de produits pharmaceutiques et dopants de 2013 et
l’écoulement de ces mêmes produits par le biais d’ordonnances et la couverture
d’AUT. L’hypothèse d’un trafic de produits dopants (diffuse jusqu’à présent)
prend un peu plus de consistance.
Dans cette dualité entre ce qui est admis et ce qui est interdit, entre
le « Hallal et le Haram », entre ce qui est permis aux
uns et interdit aux autres, nous devons convenir qu’un censeur ne peut pas
accorder beaucoup de crédit à la déclaration de l’athlète surprise (selon les
règles établies par l’AMA dont l’article
2.1) en flagrant délit de dopage.
C’est de là où on s’y attendait le moins (de l’instance fédérale
elle-même) que vient une confirmation indirecte des propos tenus par Samira
Messad. Cette confirmation se trouve en page 4 du PV n°08/16 - dans la partie
« Divers » (consacrée - que l’on ne s’y méprenne pas - à
deux des trois cas de résultats d’analyse anormal décelés lors du championnat
national Open du 1er août 2015) - de la réunion du bureau fédéral
qui s’est tenue, à Zeralda, le 12 janvier 2016.
Ce procès-verbal de réunion (document on ne peut plus officiel de la
FAA), publié qui plus est sur le site de la fédération, indique qu’il est
décidé de « ne plus accepté
les documents fournit par le médecin » (sic).
Le médecin, dont la FAA refuse officiellement, à partir de cette date
du 12 janvier 2016, « les documents » (nous sommes
malheureusement amenés à supposer qu’il s’agit de prescriptions médicales dont
nous imaginons qu’elles conduisent à la délivrance d’AUT) n’est pas nommément
désigné.
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