La jeune génération doit savoir
qu’en 1991, après les championnats du monde de Tokyo, certains entraîneurs,
parmi les plus influents de la DTN, s’opposèrent, de toutes leurs forces, à ce
qu’Abderrahmane Morceli (ou Amar Brahmia) soient récompensés au même titre
qu’Amar Bouras ou Ahmed Mahour Bacha.
Le départ à l’étranger d’Abdi
Youcef est encore l’objet de discussions passionnées et passionnantes parmi
ceux qui le côtoyèrent. Pour certains, Abdi fut (bien avant les judokas et
boxeurs qui défrayèrent les informations
sportives nationales) le premier transfuge, au sens propre du terme. Pour
d’autres, son exil s’apparenterait à celui d’Abaoub. Un voyage de
reconnaissance des lieux et de préparation (tous frais payés par la fédération)
suivi par un aller sans retour.
Pour les premiers, il avait été
sélectionné pour participer (en compagnie de Miloud Abaoub et d’Ali Saïdi-Sief)
aux championnats du monde junior organisés à Sidney en 1996. Il aurait fait
défection pendant la compétition et serait resté au pays des kangourous.
Pour les seconds, il aurait
concouru pour l’Algérie, serait revenu avec la délégation puis serait reparti.
Un jour sans doute, quand il souhaitera vider entièrement son sac,
expliquera-t-il, avec plus de précisions qu’il ne l’a fait, ses motivations et
la manière dont il s’y est pris.
A propos du
départ de Youcef Abdi, des hypothèses émises laissent à penser qu’il aurait pu
subir l’influence de son compatriote (légèrement plus âgé) Nabil Adamou qui lui
aurait « préparé » le terrain. Ce sauteur en longueur
(PB : 7m 98 lorsqu’il revint lui-même, après les jeux olympiques de
Sidney, de son exil en Australie) était déjà sur place et aurait servi de guide
à la délégation algérienne. Quoiqu’il en soit les conditions véritables dans
lesquelles Youcef Abdi s’est lancé dans l’aventure restent à élucider.
Attendons que la parole se libère totalement.
Notons
que « Kabylie Times » lui consacra, il y a peu, un
court article qui n’apporte rien de bien nouveau si ce n’est quelques
confirmations sur les difficultés rencontrées. Le coureur kabyle n’est pas
entré dans les détails que nous attendions.
On apprend
ainsi qu’il avait voulu partir pour « réussir ma carrière »
sportive. Il s’était rendu compte « qu’on ne voulait pas me
voir réussir en Algérie ». Un discours que l’on ne connait que
trop bien, tant il a été ressassé.
On ne connait
presque rien des conditions de vie qui furent les siennes. Ce qu’il en dit se
résume en quelques lignes par lesquelles il raconte la première partie (qui
parait avoir été la plus difficile) de sa vie australienne. Elles suggèrent
qu’elles auraient été très proches de celles par lesquelles sont passés les
communautés d’émigrants auxquelles il appartient incontestablement.
Les mots
utilisés par Abdi Youcef sont à la fois simples et significatifs. En
particulier au moment où il confie que pendant une période de deux années,
celles qui suivirent son installation, il a «vraiment galéré ». Il ajouta aussi qu’en certaines
circonstances il n’avait pas les moyens de payer une chambre d’hôtel et qu’en
conséquence il a dû passer des nuits à la belle étoile.
Abdi
Youcef n’a pas été prolixe sur ce thème qui n’était pas la préoccupation
première, il faut en convenir, du journaliste ayant recueilli ses propos. On
apprend cependant que, au cours de cette période, la pratique de l’athlétisme a
été presque reléguée au second plan tout en restant le moteur principal de sa
motivation.
Il affirme
que, même dans les moments les plus durs, il ne pouvait oublier que l’objectif
de son aventure était la réussite sportive. Il reconnait également que ce fut dur « de travailler et
m’entraîner » pour une raison toute simple connue des
migrants illégaux: « je n’avais pas de papiers ».
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