La volonté de se tenir éloigné
des affaires publiques et sportives (une attitude qui a été aussi celle de
nombre de ses prédécesseurs dont beaucoup étaient en outre tenus, en
considération de leurs appartenance aux corps constitués, par une forme
d’obligation de réserve et d’esprit de corps) a souvent été reproché à Morceli par
ceux, de toute appartenance idéologique, qui auraient voulu obtenir ne
serait-ce qu’un soutien de pure forme, de façade à leurs actions et
déclarations.
Bien que répondant favorablement
à toutes les sollicitations à participer aux cérémonies protocolaires en lien
avec le sport, il se tient donc à l’écart des instances sportives (fédération
d’athlétisme, ministère, comité olympique algérien) usant de tous les moyens
pour l’attirer dans leurs girons respectifs.
On peut penser que cette attitude
participe de sa réserve naturelle et de l’adage populaire du « le
chat échaudé craint l’eau froide » reposant vraisemblablement d’une
réaction reposant sur l’épisode des semaines qui suivirent les Jeux Olympiques
de Barcelone qui auront fortement marqué à la fois sa mémoire, son esprit et
son comportement vis-à-vis des institutions nationales qui n’avaient pas été en
mesure de lui apporter le moindre soutien psychologique alors qu’il était à la
fois soumis à un lynchage médiatique des nationalistes et loué par les
islamistes.
Nous devons admettre que, dans
certains esprits, Noureddine Morceli n’était sans doute pas suffisamment
Algérien du moins dans la définition de l’identité nationale qui était la leur
et qui fonde l’idée que la majorité des Algériens ont de leurs concitoyens
dérogeant aux normes érigées par les forces sociales dominantes.
C’est ce conditionnement que l’on
pourrait introduire dans un raisonnement conduisant à disqualifier également ces
jeunes athlètes qui ont suivi cette voie en invoquant la trahison et vilipendant
ensuite les footballeurs (et autres sportifs) franco-algériens sélectionnés en
équipe nationale.
Remarquons que ce mode de pensée
(« le compter sur soi »), dans une forme très édulcorée
et malheureusement de moins bonne
qualité, deviendra prépondérant au cours de la seconde décennie du 3ème
millénaire. Il emporta l’univers athlétique dans une vague lorsqu’interviendra
le déclin managérial de l’athlétisme et de ses structures qui elles aussi été habituées
aux postures d’assistés inscrites dans la permanence de la doxa nationale.
Dans le sillage de Morceli,
quelques années plus tard, après les JO de Barcelone, de jeunes athlètes - ne
faisant pas partie des plans sur la comète concoctés dans les bureaux de la
fédération ou postulant (à tort ou à raison) qu’ils ne sont pas intégrés dans
la réflexion menant au soutien fédéral - aux prises avec les mêmes contraintes
dogmatiques s’imposant à l’ensemble des membres de la société algérienne,
subjugués par le mirage véhiculé par le jeune prodige ténésien, lorgnèrent vers
ces horizons lointains.
Certains de ces jeunes « aventuriers »
trouvèrent refuge sur cette île-continent de l’Océanie chère à l’humoriste
Mohamed Fellag, abordable seulement par ce « Babor pour l’Australie »
illustrant les mirages d’adolescents désespérés en quête de repères et d’un sort meilleur que
celui proposé par la mère-patrie.
Deux faits divers illustrent les équipées
des jeunes athlètes désireux d’un ailleurs plus heureux qui ne le fut pas
toujours.
Le premier « fugueur »
(jeune qui tenta de trouver une échappatoire aux contraignantes emprises sportives et sociales)
fut Miloud Abaoub, un cadet de Batna. Ce coureur, sur le chemin du retour vers
le pays, à l’issue des championnats du
monde scolaires d’athlétisme disputés à Chypre (1994), profita de l’escale de
Rome, pour prendre, avec un petit groupe d’athlètes tentés par l’aventure, la
poudre d’escampette en prenant le train en direction de la France. Rattrapés
avant la frontière par les carabiniers, ils furent remis dans l’avion à
destination d’Alger.
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