Cherif Grabsi a été le premier à avoir cité, devant nous, le nom de ce futur champion. Ce coureur des années
60, était un peu moins oublié que la majorité des athlètes de son époque. Sans
doute parce qu’il continue de « militer » en tant qu’entraîneur
et officiel. Trente ans auparavant, en 1965, il a été membre de la première
sélection nationale ayant couru (en
compagnie de son collègue de travail et
coéquipier, Erridir) le « Cross des Nations », l’ancêtre de
championnats du monde de cross-country.
Employé des Postes et Télécommunication et entraineur à l’ASPTT de
Constantine, Chérif Grabsi appartient à cette catégorie remarquable d’entraîneurs ayant su faire évoluer progressivement
leurs niveaux de compétence sans avoir transité par les grandes écoles de
formation. Cet autodidacte (il est cependant titulaire du diplôme d’entraîneur
du 3ème degré à comparer au diplôme de technicien supérieur des
sports et conseiller des sports) a le mérite de s’être perfectionné
régulièrement auprès des meilleurs encadreurs nationaux et étrangers partageurs
de connaissances.
En cela, il rejoint beaucoup de ses confrères, ceux qui furent (en ces
temps aujourd’hui bien lointains) ses rivaux sur les parcours de cross-country
et sur les pistes en cendrée. Des personnes admirables en tous points de vue
dont on n’a pas suffisamment reconnu la valeur et l’apport à l’athlétisme
national au cours des décennies qui se sont écoulées de l’indépendance au
tournant du millénaire que furent les jeux olympiques de Sidney 2000.
Ce furent (la liste n’est pas exhaustive) les Tayeb M’Ghezzy-Chaa,
Mohamed Mechkal, Ahcène Amri (cheville ouvrière du sport militaire), Djamel Si Mohamed (au sports scolaires) aux
côtés de tant d’autres, disparus ou encore en vie (dont Mohamed Gouasmi que
l’on retrouvait auprès de l’équipe nationale de cross et demi-fond et à
proximité des policiers), qui furent à l’éclosion de tant de champions brillants
à l’international, sur les plans individuel et collectif.
Cherif Grabsi avait le coup d’œil du détecteur de talents et la
compétence indispensable à la formation de jeunes champions de demi-fond. On ne
peut reconstituer la longue liste des coureurs et coureuses de demi-fond qu’il a mené en équipes nationales jeunes et
aux championnats du monde junior de cross-country et d’athlétisme.
Deux des athlètes entraînés par Grabsi (Riad Gatte et Tarek Zoghmar)
ont la particularité d’avoir été les partenaires d’entrainement de Hassiba
Boulmerka dans le groupe constitué, par la fédération autour d’Amar Bouras.
Par bien des aspects, ainsi que nous avons eu à le remarquer, ce
groupe préfigura celui qui se constitua autour d’Adem Djamaa. Un groupe
d’athlète (un « team » dit-on aujourd’hui) dans lequel
évolue l’Ethiopienne Genzebe Dibaba qui elle aussi s’entraine avec des
hommes.
Il fut également un des premiers à prendre conscience que, compte tenu
du contexte, il était devenu impossible, depuis l’affaiblissement progressif de
la DNC Constantine, de lutter contre le système qui se mettait alors en place.
Comme tant d’autres, il s’était rendu compte de l’inanité des efforts à tenter
de conserver à tous prix ces talents que se disputaient le Mouloudia, l’armée
et la police.
Grabsi Cherif n’avait aucun intérêt particulier à évoquer Ali
Saïdi-Sief si ce n’est (ce fut un trait constant de sa relation avec les
athlètes et les autres entraîneurs) celui de participer à la valorisation des
athlètes laissant percer de bonnes perspectives d’avenir.
Nous dirons aussi que son appréciation mettait implicitement en exergue
(cela fait partie de son mode intuitif et habituel de pensée et de sa perception
du monde) une forme de chaîne de transmission de connaissances, de savoir et de
savoir-faire, puisque l’entraîneur du junior Saïdi-Sief avait été son athlète.
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