dimanche 15 avril 2018

Ali Saidi-Sief (22), Le coup d’œil des experts


Cherif Grabsi a été le premier à avoir cité, devant nous, le nom  de ce futur champion. Ce coureur des années 60, était un peu moins oublié que la majorité des athlètes de son époque. Sans doute parce qu’il continue de « militer » en tant qu’entraîneur et officiel. Trente ans auparavant, en 1965, il a été membre de la première sélection nationale  ayant couru (en compagnie de son collègue de travail  et coéquipier, Erridir) le « Cross des Nations », l’ancêtre de championnats du monde de cross-country.

Employé des Postes et Télécommunication et entraineur à l’ASPTT de Constantine, Chérif Grabsi appartient à cette catégorie remarquable  d’entraîneurs ayant su faire évoluer progressivement leurs niveaux de compétence sans avoir transité par les grandes écoles de formation. Cet autodidacte (il est cependant titulaire du diplôme d’entraîneur du 3ème degré à comparer au diplôme de technicien supérieur des sports et conseiller des sports) a le mérite de s’être perfectionné régulièrement auprès des meilleurs encadreurs nationaux et étrangers partageurs de connaissances.

En cela, il rejoint beaucoup de ses confrères, ceux qui furent (en ces temps aujourd’hui bien lointains) ses rivaux sur les parcours de cross-country et sur les pistes en cendrée. Des personnes admirables en tous points de vue dont on n’a pas suffisamment reconnu la valeur et l’apport à l’athlétisme national au cours des décennies qui se sont écoulées de l’indépendance au tournant du millénaire que furent les jeux olympiques de Sidney 2000.

Ce furent (la liste n’est pas exhaustive) les Tayeb M’Ghezzy-Chaa, Mohamed Mechkal, Ahcène Amri (cheville ouvrière du sport militaire),  Djamel Si Mohamed (au sports scolaires) aux côtés de tant d’autres, disparus ou encore en vie (dont Mohamed Gouasmi que l’on retrouvait auprès de l’équipe nationale de cross et demi-fond et à proximité des policiers), qui furent à l’éclosion de tant de champions brillants à l’international, sur les plans individuel et collectif.

Cherif Grabsi avait le coup d’œil du détecteur de talents et la compétence indispensable à la formation de jeunes champions de demi-fond. On ne peut reconstituer la longue liste des coureurs et coureuses de demi-fond  qu’il a mené en équipes nationales jeunes et aux championnats du monde junior de cross-country et d’athlétisme.

Deux des athlètes entraînés par Grabsi (Riad Gatte et Tarek Zoghmar) ont la particularité d’avoir été les partenaires d’entrainement de Hassiba Boulmerka dans le groupe constitué, par la fédération autour d’Amar Bouras.

Par bien des aspects, ainsi que nous avons eu à le remarquer, ce groupe préfigura celui qui se constitua autour d’Adem Djamaa. Un groupe d’athlète (un « team » dit-on aujourd’hui) dans lequel évolue l’Ethiopienne Genzebe Dibaba qui elle aussi s’entraine avec des hommes. 

Il fut également un des premiers à prendre conscience que, compte tenu du contexte, il était devenu impossible, depuis l’affaiblissement progressif de la DNC Constantine, de lutter contre le système qui se mettait alors en place. Comme tant d’autres, il s’était rendu compte de l’inanité des efforts à tenter de conserver à tous prix ces talents que se disputaient le Mouloudia, l’armée et la police.

Grabsi Cherif n’avait aucun intérêt particulier à évoquer Ali Saïdi-Sief si ce n’est (ce fut un trait constant de sa relation avec les athlètes et les autres entraîneurs) celui de participer à la valorisation des athlètes laissant percer de bonnes perspectives d’avenir.

Nous dirons aussi que son appréciation mettait implicitement en exergue (cela fait partie de son mode intuitif et habituel de pensée et de sa perception du monde) une forme de chaîne de transmission de connaissances, de savoir et de savoir-faire, puisque l’entraîneur du junior Saïdi-Sief avait été son athlète.

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