Saidi-Sief termina à la 5ème place du championnat national junior de cross-country
1996 qui le révéla aux observateurs nationaux. Dans le peloton des concurrents,
Sidi Sief était, avec son gabarit déjà impressionnant, une véritable force de
la nature. Un peu à l’image d’ailleurs de Boulhadid, son entraîneur d’alors.
Remarquons, avant toute autre chose, que pour les
anciens entraîneurs et dirigeants évoqués précédemment, la place, le résultat
de Saïdi-Sief dans cette compétition nationale n’avait rien de véritablement surprenant.
Le département de Constantine, tel qu’il avait été pensé
par les administrateurs de la puissance coloniale partageant l’Algérie en trois départements
(Alger, Oran et Constantine), formait un territoire allant (dans le sens
Ouest-Est) de Bejaïa à la frontière algéro-tunisienne (Tébessa, Souk-Ahras), et
(dans le sens Sud-Nord) des limites des départements actuels de M’Sila, Sétif, Bordj
Bou Arreridj, Batna, Khenchela à la mer Méditerranée.
Les puristes de la géographie de l’athlétisme national remarqueront
que nous n’avons pas retenu, dans ce découpage, les wilayas du Sud-Est (El Oued
et Biskra) et la bande côtière orientale (Jijel, Skikda, Annaba, El Tarf) que
nous considérerons (les résultats des années antérieures à 1996 inspirent cette
opinion) comme des wilayas plutôt longtemps portées vers les épreuves de
sprints et de sauts. Une « spécialisation » que les
années mettrons à mal et que Béchar (Sud-Ouest) avait annoncé, dès cette époque
du sport scolaire flamboyant.
Ce vaste département de Constantine a été, depuis des temps oubliés
par les mémoires, un vivier sans cesse renouvelé de jeunes coureurs de cross-country
et de demi-fond. Le mythe de la nature aidant incontestablement au
développement de la course à pied est (il nous faut le reconnaître) à proximité.
L’altitude de ce département y varie globalement (pour les
agglomérations importantes citées plus haut) entre 1 000 m et 1 300m. A titre
indicatif, le stade Ramdane Ben Abdelmalek est situé à environ 650 mètres
au-dessus du niveau de la mer. Anciennement stade de l’armée coloniale versé au
patrimoine de la ville 1925, ce haut-lieu emblématique de l’histoire athlétique
de Constantine débutant avant le 20ème siècle a supplanté le « stade
de la Pépinière » avant de lui céder à nouveau l’honneur lorsque sera édifie l’ensemble sportif de l’OPOW
dénommé d’abord « stade du 17
juin » avant qu’il ne devienne ensuite « stade Hamlaoui ».
Dans la partie orientale de ces Hauts-Plateaux traversant le pays
d’Ouest en Est, entre les deux chaînes de l’Atlas Tellien et de l’Atlas
saharien, la population essentiellement rurale et montagnarde était confrontée
à la dureté de la vie quotidienne, à des conditions climatiques oscillant entre
les deux extrêmes, à des distances importantes à parcourir entre les lieux de
vie (les mechtas) et les centres de modernité (écoles, centres administratifs
et financiers, centres de soins, etc.).
Tout conduit immanquablement à amener à l’esprit des éléments
d’analyse confortant un sentiment de similarité avec les conditions propices à
l’atteinte de résultats chronométriques de première grandeur que l’on décrit en
explication de la supériorité des coureurs de la Corne de l’Afrique avant que
ceux-ci ne soient rattrapés par les démons du dopage. Les mythes prévalant pour
expliquer cette supériorité des coureurs des hautes plaines du Kenya, Ethiopie,
Erythrée, etc. ne pouvaient qu’être présents dans les idées préconçues. Cette
pensée était raffermie par la longue liste des meilleurs performers algériens
issus de cette région et de celles de la partie occidentale (Chlef, Médéa,
Tiaret, Saïda, Tlemcen).
Sur le plan social, le choix offert à Saidi-Sief (et à beaucoup de
jeunes de sa génération) était limité. Nous avons vu quels furent ceux de
Miloud Abaoub et de Youssef Abdi qui privilégièrent l’exil. Pour Saïdi-Sief,
deux alternatives s’offraient à lui : le trabendo ou le professionnalisme.
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