mardi 17 avril 2018

Ali Saidi-Sief (23), Regards sur la carte


Saidi-Sief termina à la 5ème place du championnat national junior de cross-country 1996 qui le révéla aux observateurs nationaux. Dans le peloton des concurrents, Sidi Sief était, avec son gabarit déjà impressionnant, une véritable force de la nature. Un peu à l’image d’ailleurs de Boulhadid, son entraîneur d’alors.

Remarquons, avant toute autre chose, que pour les anciens entraîneurs et dirigeants évoqués précédemment, la place, le résultat de Saïdi-Sief dans cette compétition nationale n’avait rien de  véritablement surprenant.

Le département de Constantine, tel qu’il avait été pensé par les administrateurs de la puissance coloniale  partageant l’Algérie en trois départements (Alger, Oran et Constantine), formait un territoire allant (dans le sens Ouest-Est) de Bejaïa à la frontière algéro-tunisienne (Tébessa, Souk-Ahras), et (dans le sens Sud-Nord) des limites des départements actuels de M’Sila, Sétif, Bordj Bou Arreridj, Batna, Khenchela à la mer Méditerranée. 

Les puristes de la géographie de l’athlétisme national remarqueront que nous n’avons pas retenu, dans ce découpage, les wilayas du Sud-Est (El Oued et Biskra) et la bande côtière orientale (Jijel, Skikda, Annaba, El Tarf) que nous considérerons (les résultats des années antérieures à 1996 inspirent cette opinion) comme des wilayas plutôt longtemps portées vers les épreuves de sprints et de sauts. Une « spécialisation » que les années mettrons à mal et que Béchar (Sud-Ouest) avait annoncé, dès cette époque du sport scolaire flamboyant.

Ce vaste département de Constantine a été, depuis des temps oubliés par les mémoires, un vivier sans cesse renouvelé de jeunes coureurs de cross-country et de demi-fond. Le mythe de la nature aidant incontestablement au développement de la course à pied est (il nous faut le reconnaître) à proximité.

L’altitude de ce département y varie globalement (pour les agglomérations importantes citées plus haut) entre 1 000 m et 1 300m. A titre indicatif, le stade Ramdane Ben Abdelmalek est situé à environ 650 mètres au-dessus du niveau de la mer. Anciennement stade de l’armée coloniale versé au patrimoine de la ville 1925, ce haut-lieu emblématique de l’histoire athlétique de Constantine débutant avant le 20ème siècle a supplanté le « stade de la Pépinière » avant de lui céder à nouveau l’honneur lorsque  sera édifie l’ensemble sportif de l’OPOW dénommé d’abord  « stade du 17 juin » avant qu’il ne devienne ensuite « stade Hamlaoui ».

Dans la partie orientale de ces Hauts-Plateaux traversant le pays d’Ouest en Est, entre les deux chaînes de l’Atlas Tellien et de l’Atlas saharien, la population essentiellement rurale et montagnarde était confrontée à la dureté de la vie quotidienne, à des conditions climatiques oscillant entre les deux extrêmes, à des distances importantes à parcourir entre les lieux de vie (les mechtas) et les centres de modernité (écoles, centres administratifs et financiers, centres de soins, etc.).

Tout conduit immanquablement à amener à l’esprit des éléments d’analyse confortant un sentiment de similarité avec les conditions propices à l’atteinte de résultats chronométriques de première grandeur que l’on décrit en explication de la supériorité des coureurs de la Corne de l’Afrique avant que ceux-ci ne soient rattrapés par les démons du dopage. Les mythes prévalant pour expliquer cette supériorité des coureurs  des hautes plaines du Kenya, Ethiopie, Erythrée, etc. ne pouvaient qu’être présents dans les idées préconçues. Cette pensée était raffermie par la longue liste des meilleurs performers algériens issus de cette région et de celles de la partie occidentale (Chlef, Médéa, Tiaret, Saïda, Tlemcen).

Sur le plan social, le choix offert à Saidi-Sief (et à beaucoup de jeunes de sa génération) était limité. Nous avons vu quels furent ceux de Miloud Abaoub et de Youssef Abdi qui privilégièrent l’exil. Pour Saïdi-Sief, deux alternatives s’offraient à lui : le trabendo ou le professionnalisme.

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