Pour sa part, l’ex-secrétaire du club sablais (elle aussi approchée
par le journaliste d’ « Ouest France ») s’était
sentie tout aussi trahie que l’avait été l’ancien président de l’association.
Elle eut des mots d’une extrême dureté: « Je suis écœurée et
très en colère ! ». La suite de sa réaction est expressive
d’un souvenir à la fois marquant et désagréable et d’une trahison:
« Nous avons déjà été salis par le dopage de Tayeb Kalloud. Nous faisions
confiance à ces athlètes ».
Ce souvenir amer et l’annonce d’une nouvelle incroyable la conduise à prononcer des mots d’une sévérité à
la dimension de l’écart éthique : » Le sport, ce n'est pas ça.
Ces coureurs n'ont rien à faire dans les pelotons et devraient être radiés à
vie ».
Ce sont cet article de 2015 et cette déclaration qui portèrent par
hasard à notre connaissance le cas Tayeb Kalloud. Comme dans « Le
petit Poucet », le conte de Perrault, la recherche
d’informations sur le cas Es-Sraidi nous a fait découvrir l’affaire Kalloud.
Dans la suite de ce même article de « Ouest France »,
une autre opinion, riche de sens,
presque dénuée d’émotions car se
voulant informative, est introduite. Il s’agit
des déclarations du docteur Maryse Dupré (dont on nous dit qu’elle est médecin
du sport à Nantes et référent pour le haut niveau dans les Pays de la Loire,
auprès de la direction régionale de la jeunesse et des sports). Elle apporte un
regard plus neutre, plus pédagogique. Pour ainsi dire plus nuancé.
Pour elle, dans un examen du contexte général, la prise médicamenteuse
illicite n'est pas une surprise. Elle ferait partie des pratiques sociales.
C’est ainsi qu’elle affirme, sous la forme d’un constat, que « les
corticoïdes sont en libre circulation. Il y en a dans toutes les pharmacies
familiales, car c'est maintenant prescrit pour un simple rhume chez l'adulte ou
une bronchiolite chez les enfants ».
A cette situation très fortement répandue, elle adjoint le cas des
sportifs ne pouvant pas échapper à l’emprise exercée par la société. La
formule qu’elle utilise, lorsqu’elle se penche sur les sportifs, est cependant
remplie d’une touche d’ironie : « Un sportif qui en prend alors
qu'il est en bonne santé, c'est certain qu'il est en forme ».
Elle renvoie à un détournement d’utilisation qui est celui de l’ingurgitation
de médicaments (des substances indispensables pour recouvrer la santé) quand
leur consommation n’est pas nécessaire. La bonne santé n’est-elle pas dans
l’esprit de tout un chacun synonyme de forme ?
Le docteur Dupré poursuit toutefois sa déclaration en observant un
autre aspect : « la prise de corticoïdes sur du long terme est dévastatrice pour l'organisme». Un
risque consubstantiel à la dangerosité de ce type de produits sur l’organisme
humain.
On ne peut s’empêcher, en lisant cette séquence phrastique, ce bout de
phrase anodine, d’avoir une pensée compatissante pour les footballeurs
algériens, ayant évolué au sein des
équipes nationales des années 1980 quand les physiothérapeutes soviétiques et
allemands activaient au pays, dont la descendance aurait été frappée par ces
mutations dont la littérature sur le dopage regorge.
L'automédication, en constante progression, serait également une première
explication (liée au contenu des pharmacies familiales) aux contrôles positifs.
A entendre le docteur Dupré, « il n'est pas rare que des sportifs, même
du dimanche, se donnent des médicaments entre eux ».
Elle résume ce phénomène récurent par une expression populaire remplie
de vitalité : « Prends ça, et tu iras mieux, se disent-ils ».
En quelques mots d’une très grande simplicité, elle a abordé ce que l’on appelle, dans les milieux avertis,
les conduites dopantes reconnues comme prémices du dopage.
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