mardi 25 septembre 2018

Ali Saidi-Sief (49), Des entraîneurs dans l’ombre


Ces deux chronos étaient avant-coureurs d’autres performances de niveau mondial tant sur 1 500 m que sur 5 000 m,  En 1999, les chronos s’étaient arrêtés à 3.30.91 au 1 500 m et 7.36.96 au 3 000m. Nous sommes tentés d’expliquer ces deux chronos, cette reprise de la progression par les changements, toujours invisibles aux yeux du grand public, d’entraîneur. Il nous est aujourd’hui de dire, que sur ce plan, on ne peut que reconnaitre a postériori, donc avec le recul que donne le temps, que ce fût l’instabilité la plus totale.  Cet aspect fut, au cours de la carrière sportive de Saïdi-Sief, majeur.

En 1998, Abaoub a provisoirement repris le dessus sur Saïdi-Sief. Il réalisa sa meilleure performance  personnelle (3.34.37). Une performance qu’il ne pourra jamais dépasser ou renouveler. Elle amorce le déclin. Le sien et celui de l’athlétisme national qui pourtant brillera encore de quelques feux, de quelques performances ou médailles qui feront illusions. Avec cette performance, il occupe la neuvième place du classement national tous temps. Il ne fait aucun doute, rétrospectivement, que le choix de l’expatriation lui a été fatal.

C’est en effet au cours de l’année 1999 qu’Ali Saïdi-Sief opta pour l’entraîneur français Philippe Dupont. Ce changement visible d’entraîneur a été indiscutablement le second tournant important de sa carrière sportive. Une fenêtre temporelle, un moment de transition qui le vit  passer de l’antichambre du niveau international au gotha mondial où son record personnel le situe encore aujourd’hui à la 23ème place mondiale…. et à la 3ème place algérienne de  tous les temps sur 1500m et à la 24ème sur 5000 m, distance sur laquelle il détient toujours le record national (12.50.86).

Le tournant de 1999 n’est pas le premier de la carrière sportive d’Ali Saïdi- Sief.  Il y en eût bien d’autres auparavant (dont l’intégration au MCA) et ensuite. Comme bien de ses prédécesseurs (et de ses successeurs), la carrière du coureur de Hamma-Bouziane est enveloppée de zones de pénombre, de mystères, du mutisme de toutes les parties concernées ou d’arrangements avec la réalité.

La vérité est, si on peut le dire ainsi, travestie par tous les ingrédients que chaque narrateur apporte à la sauce en termes d’épices et de fines herbes pour en faire un récit idyllique, romanesque ou dramatique selon les scénarios que l’on veut présenter à son auditeur.

Généralement, lorsqu’il s’agit de réussite ou des éléments accompagnateurs de la réussite, chacun se donne le beau rôle. Celui d’ « adjuvant » (de soutien précieux à un moment-clé du récit narratif) cher au sémiologue Tzvetan Todorov penché sur l’analyse structurale des contes russes.

Même la période « hammia », celle des débuts à Hamma Bouziane, n’est pas revêtue de la transparence à laquelle on pourrait (ou devrait) s’attendre, que l’on est en droit d’espérer. La paternité de la formation de base du futur médaillé olympique est mise implicitement en doute. Elle est en fait attribuée, selon les différentes versions portées, par des voix différentes, à notre connaissance, à deux entraîneurs, deux techniciens supérieurs en poste à l’époque dans la petite agglomération de Hamma.

Si pendant cette période initiale, la place de l’un ou de l’autre dans la mise sur orbite est anecdotique. Elle indique seulement que ce n’est qu’un débat qui agite les mémoires au fond de l’Algérie profonde et qui ne trouble guère les esprits algérocentristes. D’autant que la chicane locale ne fût mise à jour que bien plus tard quand la gloire et les possibles retombées morales sur la notoriété des uns et des autres se furent effacées….et qu’il n’y avait aucun avantage matériel à en tirer.

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