Azaidj fait partie de ces athlètes algériens que l’on a tendance à reléguer
dans les oubliettes mémorielles. Sans doute la conséquence de ce phénomène
naturellement humain qui fait qu’ils appartinrent à la nombreuse cohorte d’athlètes
qui restèrent en-deçà de leurs potentiels, qui auraient pu faire mieux et
auxquels il manqua si peu de choses pour se constituer un palmarès
plus brillant que celui qu’on leur connait et que les bilans et les mémoires retiennent.
Sans doute également qu’il fit partie de ces marées éternelles de
jeunes coureurs qui vinrent rituellement chaque année, à chaque saison de
cross-country, briller avant de se replier dans le reflux de la normalité.
Ils surent toutefois se tirer honorablement d’affaire avec
l’accompagnement que l’on dit à la fois généreux et parcimonieux de Sonatrach
dont la filiale sportive (le MCA) a été longtemps dirigée de main de maître par
Mohamed Djouad ainsi que par l'inspiration plutôt controversée d’Amar Brahmia
faisant figure, dans ce milieu très chahuté par les questions de leadership, de personnage à la
Janus, à la fois ange et démon.
L’attitude si contrastée de Sonatrach (?) ou du MCA est à découvrir
dans la relation qu’entretenait le club avec ses jeunes coureurs talentueux.
Une relation non dénuée d’une prise de risque. En effet, en cette même année
1996, un futur champion du monde du 800m perçait: Aïssa Djabir Saïd-Guerni.
On ne dira jamais assez que les talents mouloudéens étaient l’objet d’une attention particulière, plus qu’elle ne
pouvait l’être dans les autres clubs, hormis les grandes écuries de la capitale
recensant les dernières associations sportives de performance méritant ce label.
A la fin de l’hiver 1996, alors qu’Ali Sidi-Sief était en stage de
regroupement avec ses compères de l’équipe nationale de cross-country, le géant
algérois Saïd-Guerni était en stage, pris en charge (hébergement-restauration)
par le MCA, à « l’hôtel du BCR », à quelques pas des
installations du Golf de Dely Ibrahim et de celles du stade du 05 juillet où il
retrouvait à l’entrainement ses pairs de l’élite nationale junior.
En ces temps glorieux de l’athlétisme algérien auréolé par les titres
et les médailles olympiques, les observateurs étaient déjà bercés par le flot ininterrompu de rumeurs laissant entrevoir
que les jeunes talents étaient enserrés dans les mailles des rets
tendus par les manigances pas toujours glorieuses de leurs mentors techniques et de leurs aînés intéressés.
Ce type de comportement, perdurant jusqu’aux temps présents, donne à
penser qu’il fait partie intégrante des codes athlétiques et sportifs en usage
dans une société peinant à décoller, oscillant en permanence entre les dogmes
révolus et d’autres en gestation, entre le professionnalisme d’Etat inhérent à
la Réforme sportive et celui de la nouvelle doxa installé sur un fond de
débrouillardise débridée.
Aujourd’hui, c’est l’avantage d’avoir été un athlète licencié au sein
du Mouloudia et d’y avoir fait la totalité de sa carrière qui vaut à Azaidj
d’avoir réussi sa reconversion professionnelle en qualité d’éducateur sportif
au sein de la compagnie nationale pétrolière.
Lorsque l’on revisite sa carrière bien des années après qu’il eût
remisé son équipement d’athlète d’élite, on constate rétrospectivement qu’il
fut, en 1995, avant qu’Ali Saïdi-Sief ne lui succède dans la lignée historique
des jeunes athlètes algériens susceptibles de percer au niveau mondial, le plus
jeune ( à 23 ans) meilleur coureur algérien de 5 000 m.
Cette année-là, Azaidj était alors classé à la troisième place
nationale (13.21.27) juste derrière le recordman national de l’époque (Noureddine Morceli, 13.03.85 à
24 ans, en 1994) et son prédécesseur sur les tablettes nationales (Aïssa
Belaout 13.08.03, 24 ans également, en 1993).
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