dimanche 26 avril 2015

USM El Harrach, A “little big club”


                                                                                                                                 
L’USMH est un petit grand club. D’extraction modeste, il est  - malgré tous les événements heureux et malheureux qui ont marqué son histoire - un phare du football algérien qui s’est engagé, selon le discours de ses dirigeants les plus médiatiques, dans une mutation qui copie le discours des autres présidents de clubs.

L’USM El Harrach est, quoiqu’on en dise, un « little big » club, à la fois un petit et un grand club. D’extraction populaire, fondé dans un des quartiers de l’ex-couronne populaire d’Alger, l’ex-club de Maison Carrée ne pouvait qu’être le représentant footballistique du petit peuple, celui à peine arrivé de ses douars et de ses montagnes, qui s’est établi dans la capitale d’un pays sous domination coloniale en y érigeant ce que l’on nomme aujourd’hui des constructions illicites.
Dans de telles conditions, l’USMH, portée par ses valeurs et traditions originelles (du monde paysan et montagnard), ne pouvait que vivre petitement, en fonction de moyens financiers dérisoires, à la mesure des capacités de ses fondateurs et de ses admirateurs. 
Mais, l’USM El Harrach est aussi grande. Un phare dans l’histoire du football algérien. Ballottée par les événements heureux et malheureux, l’association s’est pourtant maintenue dans le gotha national sans avoir animée le marché des joueurs, s’en tenant à une politique sportive où la formation des joueurs a été un leitmotiv permanent. Même les recrutements (lorsqu’il y en a) ne sont pas dispendieux puisque effectués dans les effectifs des divisions dites inférieures et donc parmi des cohortes de jeunes joueurs montrant quelques dispositions devant simplement être affirmées. Un processus réalisé par les différents staffs techniques jalonnant l’histoire du club et lui a donné cette image qui perdure.
Cette vision du sport, cette philosophie – tout en étant encore vivace et fortement ancrée dans les mentalités – certainement en corrélation avec une politique dite des moyens dont l’on dispose, est en cours de mutation ainsi qu’en témoigne les déclarations récentes de ceux qui sont présentement les leaders du staff dirigeant.
Celles qui nous intéressent aujourd’hui sont celles d’Abdelkader Mana (présenté en tant que membre du conseil d’administration et porte-parole officiel de la SSPA, donc la partie concernée par le professionnalisme) qui, dès son retour de soins médicaux à l’étranger (remarquons que les responsables de clubs professionnels sont souvent en voyage en dehors des frontières soit pour soins soit pour des affaires professionnelles), reprend à son compte des arguments tendancieusement et outrancièrement médiatisés par ses pairs des autres SSPA et de la panacée qui permettrait d’y remédier : l’ouverture du capital, l’appel à de nouveaux investisseurs.
Abdelkader Mana reconnait à juste raison qu’ « à l’ère du professionnalisme, il est clair que nos moyens financiers très limités ne nous permettent pas de répondre aux exigences d’un vrai club professionnel et donc l’apport financier d’un éventuel investisseur ne peut être que bénéfique pour le club ».

Une confusion conceptuelle

Les appréhensions des dirigeants du club, doté dit-on du plus faible budget de la Ligue 1 Mobilis, sont compréhensibles. Cependant, le discours tel qu’énoncé ne correspond pas aux actions entreprises (recherche d’investisseurs et de sponsors) pour mener l’équipe à bon port et introduit une confusion (en optant prioritairement pour la recherche d’investisseurs) dans un plaidoyer basé sur des fondements théoriques biaisés.
Le discours de Mana, copie conforme de celui de ses pairs, mêle des concepts financiers différents. Les difficultés financières rencontrées par les clubs sportifs sont des problèmes de trésorerie découlant en premier lieu de décalages dans les mouvements monétaires (entrées vs sorties, ressources vs charges, recettes vs dépenses) ou de leur inadéquation volumétrique (recettes faibles vs charges élevées) pouvant être résolus par une équation consistant à augmenter les recettes (recherches de nouveaux sponsors, révisions à la hausse des contrats de sponsoring ou des subventions , etc.) d’une part et à réduire le train de vie dispendieux, c'est-à-dire les dépenses (salaires, dépenses d’hébergement, restauration et transports, etc.) pouvant l’être, d’autre part. Il s’agit donc d’équilibrer la gestion financière du club.
Mana, comme tous les dirigeants de clubs, estime qu’une meilleure assise financière du club découle inéluctablement d’une augmentation du capital social (quelle que soit la forme juridique qu’elle peut revêtir) via l’acceptation de nouveaux actionnaires (propriétaires du club) que l’on dissimule sous la dénomination d’ « investisseurs » alors qu’ils ne sont que des apporteurs d’argent frais, des renfloueurs permettant de surmonter une situation critique temporaire ou d’assurer la soudure entre deux exercices ou d’éviter le déficit comptable en contrepartie de la prise de possession d’une partie du club matérialisé par des actions. Devenir actionnaire d’un club, investir (engager des dépenses aujourd’hui pour engranger des bénéfices demain) dans un club c’est en fin de compte acheter des actions, une partie du club. Prétendre le contraire n’est que dissimulation de la réalité patrimoniale de l’opération.
En fait, les dirigeants de clubs ont besoin de mécènes, de personnes qui apportent des fonds en sachant pertinemment qu’il n’y a rien à attendre réellement en retour. De l’argent dépensé en pure perte. Ou qui apporte (sous forme de prêts et non de dons) de l’argent remboursable à réception des subventions étatiques. Des personnes (des fans du club) très peu regardants sur les mécanismes réels de gestion pour peu qu’il y ait exposition médiatique concrétisée par une place dans le conseil d’administration de la SSPA, permettant de fructifier ailleurs, dans d’autres activités plus rentables.

Prisonniers d’ambitions démesurées

L’expérience du professionnalisme montre que les fondateurs de la SSPA ne laissent que très rarement la place aux « investisseurs ». Lorsque c’est le cas, lorsqu’ils (les « investisseurs ») prennent la direction du CA, il s’avère que la solution n’en est pas une. Le club ne fonctionne pas comme une société commerciale (ce qu’elle est sensée être) mais continue d’agir comme une association. L’essentiel n’est pas de dégager des bénéfices mais de ne pas être en déficit, d’équilibrer les comptes. C’est pour cela que l’on fait appel « aux enfants du club » qui apportent dans « la corbeille de la mariée « essentiellement l’amour qu’ils vouent aux couleurs. Des individus qui n’y porterons pas sciemment atteinte mais se comportent toujours en amateurs (en personnes qui aiment) mais non pas en gestionnaires (en véritables professionnels du domaine d’activité dont ils ont la charge dont ils ne possèdent pas toujours les compétences attendues pour un fonctionnement harmonieux.

Cette situation est aggravée par les comportements des responsables réels de la SSPA prisonniers des enjeux et des objectifs qu’ils se sont assignés et (ce qui est plus grave) ont médiatisé auprès des supporters dont les attentes sont alors surdimensionnées. Ligotés par leurs promesses, ils sont pris dans le tourbillon inflationniste des salaires alors que la recherches de ressources financières à même dans permettre la concrétisation en sont réduites à leurs plus simples expressions, celles de contacts avec des opérateurs économiques sollicités à l’excès en s’appuyant sur des démarches de type administratif et de projets sportifs qui ne sont que des rêves, des illusions si ce n’est des mirages.

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