L’USMH est un petit grand club. D’extraction modeste, il est - malgré tous les événements heureux et
malheureux qui ont marqué son histoire - un phare du football algérien qui
s’est engagé, selon le discours de ses dirigeants les plus médiatiques, dans
une mutation qui copie le discours des autres présidents de clubs.
L’USM El Harrach est, quoiqu’on en
dise, un « little big » club, à la fois un petit et un grand club.
D’extraction populaire, fondé dans un des quartiers de l’ex-couronne populaire
d’Alger, l’ex-club de Maison Carrée ne pouvait qu’être le représentant
footballistique du petit peuple, celui à peine arrivé de ses douars et de ses
montagnes, qui s’est établi dans la capitale d’un pays sous domination
coloniale en y érigeant ce que l’on nomme aujourd’hui des constructions
illicites.
Dans de telles conditions, l’USMH,
portée par ses valeurs et traditions originelles (du monde paysan et montagnard),
ne pouvait que vivre petitement, en fonction de moyens financiers dérisoires, à
la mesure des capacités de ses fondateurs et de ses admirateurs.
Mais, l’USM El Harrach est aussi
grande. Un phare dans l’histoire du football algérien. Ballottée par les événements
heureux et malheureux, l’association s’est pourtant maintenue dans le gotha
national sans avoir animée le marché des joueurs, s’en tenant à une politique
sportive où la formation des joueurs a été un leitmotiv permanent. Même les
recrutements (lorsqu’il y en a) ne sont pas dispendieux puisque effectués dans
les effectifs des divisions dites inférieures et donc parmi des cohortes de
jeunes joueurs montrant quelques dispositions devant simplement être affirmées.
Un processus réalisé par les différents staffs techniques jalonnant l’histoire
du club et lui a donné cette image qui perdure.
Cette vision du sport, cette
philosophie – tout en étant encore vivace et fortement ancrée dans les
mentalités – certainement en corrélation avec une politique dite des moyens
dont l’on dispose, est en cours de mutation ainsi qu’en témoigne les
déclarations récentes de ceux qui sont présentement les leaders du staff dirigeant.
Celles qui nous intéressent
aujourd’hui sont celles d’Abdelkader Mana (présenté en tant que membre du conseil
d’administration et porte-parole officiel de la SSPA, donc la partie concernée
par le professionnalisme) qui, dès son retour de soins médicaux à l’étranger
(remarquons que les responsables de clubs professionnels sont souvent en voyage
en dehors des frontières soit pour soins soit pour des affaires
professionnelles), reprend à son compte des arguments tendancieusement et
outrancièrement médiatisés par ses pairs des autres SSPA et de la panacée qui
permettrait d’y remédier : l’ouverture du capital, l’appel à de nouveaux
investisseurs.
Abdelkader Mana reconnait à juste
raison qu’ « à l’ère du professionnalisme, il est clair que nos
moyens financiers très limités ne nous permettent pas de répondre aux exigences
d’un vrai club professionnel et donc l’apport financier d’un éventuel
investisseur ne peut être que bénéfique pour le club ».
Une confusion conceptuelle
Les appréhensions des dirigeants du
club, doté dit-on du plus faible budget de la Ligue 1 Mobilis, sont compréhensibles.
Cependant, le discours tel qu’énoncé ne correspond pas aux actions entreprises
(recherche d’investisseurs et de sponsors) pour mener l’équipe à bon port et
introduit une confusion (en optant prioritairement pour la recherche
d’investisseurs) dans un plaidoyer basé sur des fondements théoriques biaisés.
Le discours de Mana, copie conforme
de celui de ses pairs, mêle des concepts financiers différents. Les difficultés
financières rencontrées par les clubs sportifs sont des problèmes de trésorerie
découlant en premier lieu de décalages dans les mouvements monétaires (entrées
vs sorties, ressources vs charges, recettes vs dépenses) ou de leur
inadéquation volumétrique (recettes faibles vs charges élevées) pouvant être
résolus par une équation consistant à augmenter les recettes (recherches de
nouveaux sponsors, révisions à la hausse des contrats de sponsoring ou des
subventions , etc.) d’une part et à réduire le train de vie dispendieux,
c'est-à-dire les dépenses (salaires, dépenses d’hébergement, restauration et
transports, etc.) pouvant l’être, d’autre part. Il s’agit donc d’équilibrer la
gestion financière du club.
Mana, comme tous les dirigeants de
clubs, estime qu’une meilleure assise financière du club découle
inéluctablement d’une augmentation du capital social (quelle que soit la forme
juridique qu’elle peut revêtir) via l’acceptation de nouveaux actionnaires
(propriétaires du club) que l’on dissimule sous la dénomination
d’ « investisseurs » alors qu’ils ne sont que des apporteurs
d’argent frais, des renfloueurs permettant de surmonter une situation critique
temporaire ou d’assurer la soudure entre deux exercices ou d’éviter le déficit
comptable en contrepartie de la prise de possession d’une partie du club
matérialisé par des actions. Devenir actionnaire d’un club, investir (engager
des dépenses aujourd’hui pour engranger des bénéfices demain) dans un club
c’est en fin de compte acheter des actions, une partie du club. Prétendre le
contraire n’est que dissimulation de la réalité patrimoniale de l’opération.
En fait, les dirigeants de clubs ont
besoin de mécènes, de personnes qui apportent des fonds en sachant pertinemment
qu’il n’y a rien à attendre réellement en retour. De l’argent dépensé en pure
perte. Ou qui apporte (sous forme de prêts et non de dons) de l’argent
remboursable à réception des subventions étatiques. Des personnes (des fans du
club) très peu regardants sur les mécanismes réels de gestion pour peu qu’il y
ait exposition médiatique concrétisée par une place dans le conseil
d’administration de la SSPA, permettant de fructifier ailleurs, dans d’autres
activités plus rentables.
Prisonniers d’ambitions démesurées
L’expérience du professionnalisme
montre que les fondateurs de la SSPA ne laissent que très rarement la place aux
« investisseurs ». Lorsque c’est le cas, lorsqu’ils (les
« investisseurs ») prennent la direction du CA, il s’avère que la
solution n’en est pas une. Le club ne fonctionne pas comme une société
commerciale (ce qu’elle est sensée être) mais continue d’agir comme une
association. L’essentiel n’est pas de dégager des bénéfices mais de ne pas être
en déficit, d’équilibrer les comptes. C’est pour cela que l’on fait appel
« aux enfants du club » qui apportent dans « la corbeille de la
mariée « essentiellement l’amour qu’ils vouent aux couleurs. Des individus
qui n’y porterons pas sciemment atteinte mais se comportent toujours en
amateurs (en personnes qui aiment) mais non pas en gestionnaires (en véritables
professionnels du domaine d’activité dont ils ont la charge dont ils ne
possèdent pas toujours les compétences attendues pour un fonctionnement
harmonieux.
Cette situation est aggravée par les
comportements des responsables réels de la SSPA prisonniers des enjeux et des
objectifs qu’ils se sont assignés et (ce qui est plus grave) ont médiatisé
auprès des supporters dont les attentes sont alors surdimensionnées. Ligotés
par leurs promesses, ils sont pris dans le tourbillon inflationniste des salaires
alors que la recherches de ressources financières à même dans permettre la
concrétisation en sont réduites à leurs plus simples expressions, celles de
contacts avec des opérateurs économiques sollicités à l’excès en s’appuyant sur
des démarches de type administratif et de projets sportifs qui ne sont que des
rêves, des illusions si ce n’est des mirages.
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