Bensebaïni, un nom qui sonne et résonne encore timidement. Il resurgit
comme un souvenir enfoui dans la mémoire de vieux Constantinois adeptes du MOC
et du CSC confondus dans une rivalité sportive notoirement connue ayant agité
les rues et les quartiers de Constantine, dans ces lieux de la ₺vieille₺ et de l’₺ancienne₺ ville (par opposition à la ₺nouvelle ville₺ Ali Mendjeli et l’excroissance₺ de Massinissa-El Khroub),
marqueurs de l’Histoire multimillénaire d’une cité antique à laquelle les
pouvoirs public, à coup de milliards de dinars, tentent de redonner une vie
culturelle en célébrant une séquence chronologique (« Constantine,
capitale 2015 de la culture arabe ») tandis que le volet sportif, qui nous
concerne plus ici, se meurt à petit feu. La ville grandit spatialement,
vampirisant des territoires se réduisant comme une peau de chagrin, passant
d’un vaste empire maghrébin à quelques kilomètres carrés d’une wilaya qui se
donne, encore avec une fierté certaine
le titre de ₺capitale
de l’Est₺ qui n’a plus guère de
signification par ce qu’il n’y a plus de capitale. Elle n’a plus rien d’une
capitale.
Ramy est son prénom. Un
prénom que les plus petits associeront, sans effort intellectuel majeur, à une
marque de boissons qui envahit les écrans de télévision. Mais qu’importe, le
jeune adolescent possède, balle aux pieds, du talent. Un talent fou qui en
fera, dans quelques années, par un renversement de réputation, un support
médiatique intéressant et recherché pour cette même marque.
On pourrait croire que ce
gamin est un produit du football constantinois. Que nenni ! Son nom sera
certainement récupéré par les médias constantinois quand il aura réellement
percé mais ils ne pourront jamais occulter qu’il n’est qu’ ₺un
arbre qui cache la forêt₺. En fait une double forêt. Un double désert
serait plus approprié : le désert du foot constantinois et du foot
algérien tel qu’ils sont perçus actuellement. De l’argent qui coule à flot, des
₺noms₺ aux salaires astronomiques et des résultats plus que quelconques. La
médiocrité dans toute sa splendeur. Celle des apparences.
Ramy Bensebaïni est
l’élément le plus visible, en ces temps de disette, d’une démarche
révolutionnaire dans l’univers du football algérien. Une démarche, certes
importée d’Afrique (du Sénégal, pays de confréries religieuses traditionnelles,
tentacules d’une vision empruntée à nos anciennes perceptions séculaires de
l’univers et de la relation avec la Déité), matinée par Jean Marc Guillou,
amoureux du beau jeu teinté du réalisme européen. A 19 ans, Ramy Bensebaïni,
constantinois d’origine est un émigré, un expatrié qui le sera sans doute
pendant longtemps, le temps d’une carrière footballistique de haut niveau. C’est
cela la nouveauté ; l’exportation de jeunes joueurs au talent indéniable
prêt à rejoindre les rangs du foot européen.
L’enfance à peine achevée,
il a intégré le projet ambitieux et fou qui s’apparente par bien, des aspects à
un projet industriel, construire et produire pour l’éternité….qui ne sera pas
éternelle mais en aura toutefois la dimension comparativement aux projets à
court terme (à très court terme) qui sont mis en place. La différence, en
termes économiques, entre un investissement et le commerce, la vente en l’état.
Ramy a appris à jouer au
foot pieds nus, comme les gamins des favelas brésiliennes, ou des cités
sénégalaises ou maliennes. Comme jouèrent les noms d’un football algérien
révolu, ceux qui émergèrent des terrains vagues et des ₺parties₺ avec des ballons faits de bric
et de broc. Pieds nus pour être proches de cette terre (Gé), mère d’un géant (que
combattit dans la mythologie grecque Hercule) qui retrouvait toutes ses forces
en touchant le sol. Pieds nus pour sentir le sol et ses aspérités qui
endurcissent la peau font que plus tard (pendant la carrière de joueur
professionnel) toutes les natures de terrain sont comme un tapis facilitant la
stabilité et la plénitude du geste.
19 ans ! Ramy a joué
(à titre de prêt) le championnat de Ligue belge et jouera la prochaine saison,
prêté par son club, le Paradou AC (qui, par un heureux retournement de fortune,
retrouve (en attendant mieux) un rang qui sied en Ligue 2, après un séjour en
division nationale amateur) à un club de Ligue 1 française, le Montpellier HSC
où brilla jadis un Karim Maroc, dieu parmi les dieux du foot de son époque, de
l’épopée 82-86.
C’est le PAC qui a fait
Ramy Bensebaïni et d’autres qui furent ses camarades à l’Académie du PAC que,
dans quelques semaines, nous retrouverons certainement pour notre plaisir. En
attendant de les retrouver en EN.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire