mardi 21 juillet 2015

Ramy Bensebaïni, Le fleuron du "nouveau" football algérien



Bensebaïni, un nom qui sonne et résonne encore timidement. Il resurgit comme un souvenir enfoui dans la mémoire de vieux Constantinois adeptes du MOC et du CSC confondus dans une rivalité sportive notoirement connue ayant agité les rues et les quartiers de Constantine, dans ces lieux de la ₺vieille₺ et de l’₺ancienne₺ ville (par opposition à la ₺nouvelle ville₺ Ali Mendjeli et l’excroissance₺ de Massinissa-El Khroub), marqueurs de l’Histoire multimillénaire d’une cité antique à laquelle les pouvoirs public, à coup de milliards de dinars, tentent de redonner une vie culturelle en célébrant une séquence chronologique (« Constantine, capitale 2015 de la culture arabe ») tandis que le volet sportif, qui nous concerne plus ici, se meurt à petit feu. La ville grandit spatialement, vampirisant des territoires se réduisant comme une peau de chagrin, passant d’un vaste empire maghrébin à quelques kilomètres carrés d’une wilaya qui se donne,  encore avec une fierté certaine le titre de ₺capitale de l’Est₺ qui n’a plus guère de signification par ce qu’il n’y a plus de capitale. Elle n’a plus rien d’une capitale.
Ramy est son prénom. Un prénom que les plus petits associeront, sans effort intellectuel majeur, à une marque de boissons qui envahit les écrans de télévision. Mais qu’importe, le jeune adolescent possède, balle aux pieds, du talent. Un talent fou qui en fera, dans quelques années, par un renversement de réputation, un support médiatique intéressant et recherché pour cette même marque.
On pourrait croire que ce gamin est un produit du football constantinois. Que nenni ! Son nom sera certainement récupéré par les médias constantinois quand il aura réellement percé mais ils ne pourront jamais occulter qu’il n’est qu’ ₺un arbre qui cache la forêt₺. En fait une double forêt. Un double désert serait plus approprié : le désert du foot constantinois et du foot algérien tel qu’ils sont perçus actuellement. De l’argent qui coule à flot, des ₺noms₺ aux salaires astronomiques et des résultats plus que quelconques. La médiocrité dans toute sa splendeur. Celle des apparences.
Ramy Bensebaïni est l’élément le plus visible, en ces temps de disette, d’une démarche révolutionnaire dans l’univers du football algérien. Une démarche, certes importée d’Afrique (du Sénégal, pays de confréries religieuses traditionnelles, tentacules d’une vision empruntée à nos anciennes perceptions séculaires de l’univers et de la relation avec la Déité), matinée par Jean Marc Guillou, amoureux du beau jeu teinté du réalisme européen. A 19 ans, Ramy Bensebaïni, constantinois d’origine est un émigré, un expatrié qui le sera sans doute pendant longtemps, le temps d’une carrière footballistique de haut niveau. C’est cela la nouveauté ; l’exportation de jeunes joueurs au talent indéniable prêt à rejoindre les rangs du foot européen.
L’enfance à peine achevée, il a intégré le projet ambitieux et fou qui s’apparente par bien, des aspects à un projet industriel, construire et produire pour l’éternité….qui ne sera pas éternelle mais en aura toutefois la dimension comparativement aux projets à court terme (à très court terme) qui sont mis en place. La différence, en termes économiques, entre un investissement et le commerce, la vente en l’état.
Ramy a appris à jouer au foot pieds nus, comme les gamins des favelas brésiliennes, ou des cités sénégalaises ou maliennes. Comme jouèrent les noms d’un football algérien révolu, ceux qui émergèrent des terrains vagues et  des ₺parties₺ avec des ballons faits de bric et de broc. Pieds nus pour être proches de cette terre (Gé), mère d’un géant (que combattit dans la mythologie grecque Hercule) qui retrouvait toutes ses forces en touchant le sol. Pieds nus pour sentir le sol et ses aspérités qui endurcissent la peau font que plus tard (pendant la carrière de joueur professionnel) toutes les natures de terrain sont comme un tapis facilitant la stabilité et la plénitude du geste.
19 ans ! Ramy a joué (à titre de prêt) le championnat de Ligue belge et jouera la prochaine saison, prêté par son club, le Paradou AC (qui, par un heureux retournement de fortune, retrouve (en attendant mieux) un rang qui sied en Ligue 2, après un séjour en division nationale amateur) à un club de Ligue 1 française, le Montpellier HSC où brilla jadis un Karim Maroc, dieu parmi les dieux du foot de son époque, de l’épopée 82-86.

C’est le PAC qui a fait Ramy Bensebaïni et d’autres qui furent ses camarades à l’Académie du PAC que, dans quelques semaines, nous retrouverons certainement pour notre plaisir. En attendant de les retrouver en EN.         

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