dimanche 23 août 2015

Passeports biologiques et re-testings, Comprendre les prochaines sanctions



Un des  griefs adressés à l’IAAF repose sur son inaction face aux résultats que des médias se sont procurés. Il est cependant observé que les données sont  issues du module hématologique du Passeport Biologique de l’Athlète (PBA), utilisées comme une méthode dite "indirecte" de détection. Elles ne pouvaient être qu’une base de données ne pouvant en aucun cas être utilisées pour engager des sanctions. En effet, le PBA n’a été officiellement et légalement mis en place qu’en 2009. Les données portent sur la période 2001-2009.
La suspension de ces 800 athlètes par le biais du passeport,  oblige l’IAAF à suivre une procédure. Le non-respect de cette démarche lui aurait valu d’être systématiquement déboutée par le Tribunal Arbitral du Sport. Il est noté que la caution scientifique a été obtenue grâce a la publication des résultats de l’étude dans Clinical Chemistry.
Depuis  que la méthode indirecte a été entérinée et approuvée, c’est une longue procédure qui est mise en œuvre. Elle dure entre 2 et 3 ans, faites d’une succession de vérifications  qui permet à l’IAAF d’éviter de punir un « faux positif », et une série d’appels formulés par les athlètes pour échapper à la sanction. Cependant, une cinquantaine d’athlètes a été suspendue.
Depuis la publication de cette série d’articles, l’IAAF a annoncé que les analyses rétrospectives des échantillons prélevés des championnats du monde de 2005 et de 2007 a permis de confondre 28 athlètes positifs, dont 27 avaient pris des stéroïdes ( a priori des lanceurs, des sprinters ou des sauteurs).  Ces contrôles dits « re-testings »,  qui relèvent de la méthode "directe", n’ont rien aucun lien avec le PBA (« méthode indirecte »). Il s’agit de rechercher avec les dernières avancées technologiques les traces de produits indétectables à l’époque. On notera que l’athlétisme est l’un des rares sports à s’être doté du PBA, et qu’il est le seul à pratiquer des analyses rétrospectives dont la période avant prescription a été étendue de 8 à 10 ans. Concernant les mondiaux de 2005, 5 Russes ou Biélorusses ont déjà été déchus de leur récompense (en sauts ou en lancers) lors du précédent "re-tests" effectués en 2013. D'autres modifications de palmarès sont donc attendues.
Le journaliste de Le Monde.fr trouve quand même matière à critiquer l’IAAF. Il liste une longue série d’insuffisances : l’incapacité à protéger les bases de données du passeport et la préservation de l’anonymat ainsi du secret médical des athlètes concernés ; les annonces de cas positifs en remettant à plus tard la divulgation des noms qui contribuent à alimenter les rumeurs et dénonciations calomnieuses ; la gestion du programme de localisation des athlètes ; le manque de réactivité aux sanctions (ou absence de) prononcées par des fédération nationales complaisantes à l'égard de leurs athlètes ; l’insuffisance du budget  alloué à la lutte antidopage (6 millions d’euros par an)  qui, bien que relativement plus conséquent que dans d’autres sports, reste modeste comparé à d’autres budgets comme celui du gala de récompense de fin d’année qui coûte plus du double ; les critères de plus en plus exigeants de qualification pour les championnats du monde, la suppression des minima B alors que depuis deux décennies on observe une stagnation des performances, voire des régressions dans certaines régions du monde ou pour certaines disciplines, conduisant certains à y voir un encouragement au dopage afin de rester dans la course.
En conclusion, le bloggeur après avoir reconnu à l’ARD et au Sunday Times le mérite d’avoir contribué « à une meilleure compréhension du phénomène du dopage avec des recueils de témoignages effarants sur les pratiques en cours en Russie et au Kenya » et constaté que « l’utilisation des études portant sur le questionnaire dont personne ne voulait et le passeport que tout le monde réclamait pour accabler l’IAAF relève plutôt du sensationnalisme à quelques jours des mondiaux » remarque avec pertinence qu’il y a « suffisamment de motifs d’inquiétude au sujet de l'IAAF pour ne pas l’accuser de comploter précisément là où elle agit ».


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