Un des griefs adressés à l’IAAF
repose sur son inaction face aux résultats que des médias se sont procurés. Il
est cependant observé que les données sont
issues du module hématologique du Passeport Biologique de l’Athlète
(PBA), utilisées comme une méthode dite "indirecte" de détection.
Elles ne pouvaient être qu’une base de données ne pouvant en aucun cas être
utilisées pour engager des sanctions. En effet, le PBA n’a été officiellement
et légalement mis en place qu’en 2009. Les données portent sur la période
2001-2009.
La suspension de ces 800 athlètes par le biais du passeport, oblige l’IAAF à suivre une procédure. Le
non-respect de cette démarche lui aurait valu d’être systématiquement déboutée
par le Tribunal Arbitral du Sport. Il est noté que la caution scientifique a
été obtenue grâce a la publication des résultats de l’étude dans Clinical
Chemistry.
Depuis que la méthode indirecte
a été entérinée et approuvée, c’est une longue procédure qui est mise en œuvre.
Elle dure entre 2 et 3 ans, faites d’une succession de vérifications qui permet à l’IAAF d’éviter de punir un «
faux positif », et une série d’appels formulés par les athlètes pour échapper à
la sanction. Cependant, une cinquantaine d’athlètes a été suspendue.
Depuis la publication de cette série d’articles, l’IAAF a annoncé que
les analyses rétrospectives des échantillons prélevés des championnats du monde
de 2005 et de 2007 a permis de confondre 28 athlètes positifs, dont 27 avaient
pris des stéroïdes ( a priori des lanceurs, des sprinters ou des sauteurs). Ces contrôles dits « re-testings », qui relèvent de la méthode "directe",
n’ont rien aucun lien avec le PBA (« méthode indirecte »). Il s’agit
de rechercher avec les dernières avancées technologiques les traces de produits
indétectables à l’époque. On notera que l’athlétisme est l’un des rares sports
à s’être doté du PBA, et qu’il est le seul à pratiquer des analyses rétrospectives
dont la période avant prescription a été étendue de 8 à 10 ans. Concernant les
mondiaux de 2005, 5 Russes ou Biélorusses ont déjà été déchus de leur
récompense (en sauts ou en lancers) lors du précédent "re-tests"
effectués en 2013. D'autres modifications de palmarès sont donc attendues.
Le journaliste de Le Monde.fr trouve quand même
matière à critiquer l’IAAF. Il liste une longue série d’insuffisances : l’incapacité
à protéger les bases de données du passeport et la préservation de l’anonymat
ainsi du secret médical des athlètes concernés ; les annonces de cas positifs
en remettant à plus tard la divulgation des noms qui contribuent à alimenter
les rumeurs et dénonciations calomnieuses ; la gestion du programme de
localisation des athlètes ; le manque de réactivité aux sanctions (ou absence
de) prononcées par des fédération nationales complaisantes à l'égard de leurs
athlètes ; l’insuffisance du budget
alloué à la lutte antidopage (6 millions d’euros par an) qui, bien que relativement plus conséquent que
dans d’autres sports, reste modeste comparé à d’autres budgets comme celui du
gala de récompense de fin d’année qui coûte plus du double ; les critères de
plus en plus exigeants de qualification pour les championnats du monde, la
suppression des minima B alors que depuis deux décennies on observe une
stagnation des performances, voire des régressions dans certaines régions du
monde ou pour certaines disciplines, conduisant certains à y voir un
encouragement au dopage afin de rester dans la course.
En conclusion, le bloggeur après avoir reconnu à l’ARD
et au Sunday Times le mérite d’avoir contribué « à une
meilleure compréhension du phénomène du dopage avec des recueils de témoignages
effarants sur les pratiques en cours en Russie et au Kenya » et
constaté que « l’utilisation des études portant sur le questionnaire dont personne ne
voulait et le passeport que tout le monde réclamait pour accabler l’IAAF relève
plutôt du sensationnalisme à quelques jours des mondiaux » remarque avec pertinence qu’il y
a « suffisamment de motifs d’inquiétude au sujet de l'IAAF pour ne pas
l’accuser de comploter précisément là où elle agit ».
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