Nous avons vu précédemment, dans une chronique qui s’est
intéressée à Genzebe Dibaba que la nouvelle star du demi-fond européen est
originaire de Bekoji, un village de montagne situé à 200 kilomètres de la capitale Addis-Abeba,
à une altitude de 2 800 mètres.
L’altitude, dans la littérature sur les résultats en athlétisme (les courses de
demi-fond et de fond essentiellement), fait partie des phénomènes facilitateurs
de la pratique à un très haut niveau de la course à pied. Une explication, validée
par ailleurs par les travaux de recherche scientifique sur cette thématique et
la compilation des statistiques, sur les performances à mettre à l’actif des athlètes
nés et ayant vécu dans ces pays (Kenya, Ethiopie, Mexique, Colombie, etc.) et
la ferveur que connaissent les stations de préparation en haute altitude mises
en place dans toutes les parties du monde.
Nous avons vu également que ce petit village est un haut
lieu de la course à pied éthiopienne comptabilisant 10 records du monde, 8
médailles d’or des jeux olympiques et 32 autres aux championnats du monde
d’athlétisme et de cross-country. Nous avons listé quelques uns de ces
champions tels que les frères Bekele Kenenisa (3 médailles d’or olympiques, 5
titres mondiaux sur piste, 12 titre de champion du monde de cross-country) et
Tariku, les sœurs Dibaba( dont la plus jeune, Genzebe a succédé au palmarès
mondial à ses sœurs plus âgées Ejegayehu – l’ainée des 3 sœurs qui fut médaillée d’argent du 10 000
mètres des JO de 2004 et médailles de bronze des 5000 et 10 000 des
championnats du monde de 2005) et la plus connue (jusqu’à présent) Tirunesh -
au palmarès de laquelle on comptabilise (excusez du peu) 3 médailles d’or
olympiques, 5 titres de championne du
monde sur piste et 4 titres de championne du monde de cross- et leur cousine Derartu Tulu (la première des
grandes championnes éthiopiennes et inspiratrice d’une longue liste d’athlètes
de très haut niveau) qui a engrangé une médaille d’or olympique, 3 titres de
championne du monde sur piste, trois de championne du monde de cross-country.
Au Kenya, pays voisin, Eldoret est la capitale de la course
à pied. Comme Bekoji qui lui tient la dragée haute, elle est située en
altitude. Un peu moins haut mais à 2 400 mètres au dessus du niveau de la
mer. La même altitude que Iten, une autre ville kenyane devenu le lieu de rencontre
des meilleurs spécialistes mondiaux qui viennent y chercher les meilleures
conditions de préparation dans un cadre où le confort est absent, réduit à
l’indispensable, qualifié de spartiate par les meilleurs athlètes européens.
Les centres de préparation, les hôtels qui accueillent les plus grands
champions de la course à pied venus goûter au régime kenyan, les écoles et
lycées qui regroupent les jeunes coureurs de la région sont propriétés
d’anciens athlètes, d’anciens champions du monde et olympiques.
C’est à Iten (dont est natif Amos Rudisha, champion du monde
du 800 mètres) que Taoufik Makhloufi, connaissant les lieux pour s’y être déjà
préparé avec le groupe d’entrainement de Djamaa Adem dont est membre Genzebe
Dibaba, avait choisi pour être le lieu de sa préparation hivernale. Certains
cadres au niveau des institutions sportives nationales (FAA et ministère)
avaient considéré que les conditions d’accueil étaient indignes d’un champion
olympique. D’aucuns pensent plutôt qu’elles étaient inadaptés au standing des
accompagnateurs que ces instances se proposaient de désigner. On connait comment s’est terminé
le débat, avec une polémique dans les grands quotidiens généralistes nationaux
et un bras de fer, par déclarations interposées entre le champion et le
ministre des sports de l’époque. La suite, Taoufik Makhloufi n’a pas attendu le
financement de sa préparation par l’Etat pour rejoindre un autre centre de
préparation en altitude aux Etats Unis.
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