mardi 18 août 2015

Retour au « stade Louis II », Ce Tuka qui ne dérange pas


A la mi-juillet, le circuit des meetings de la Ligue de diamant a fait une halte au mythique stade Louis II de la principauté de Monaco. Parmi les principaux résultats (toujours aussi affolants), deux ont attiré l’attention. Le déclencheur de tempête médiatique a été le record du monde du 1 500 mètres de l’Ethiopienne Genzabe Dibaba qui a autorisé beaucoup d’observateurs à extérioriser, sans retenue aucune, la suspicion maladive de dopage par les athlètes des Hautes Plaines de la corne de l’Afrique (Kenya, Ethiopie, Erythrée, Soudan et Djibouti), malheureusement encouragée par le nombre croissant de cas confirmés soit pas des examens de laboratoires soit par des anomalies des passeports biologiques et par la nationalité des précédentes détentrices de ce record (une Soviétique et une Chinoise).
Le niveau de la course masculine, (sans doute l’une des plus rapides de tous les temps) a moins fait parler. Le record d’Hichem El Guerroudj n’ayant pas été amélioré, il n’y avait pas lieu de trop déblatérer surtout que Genzebe Dibaba fournissait matière à le faire à satiété avec un fond de vérité présent avec le dopage de masse qui sévirait dans cette région du monde d’où elle vient.
Une autre performance de tout premier ordre a pourtant été réalisée sans que quiconque ne trouve à redire. Sur le 800 mètres, un coureur inconnu au plus haut niveau a remporté la course devant les meilleurs mondiaux (Mohamed Aman, Nijel Amos et Ayanleh Souleiman), devant des athlètes habitués à affoler les chronos.
Ce coureur, le Bosniaque Amel Tuka, que des observateurs n’ont pas hésité à qualifier de « nouvelle étoile (…) apparue sur le 800 mètres » a couru en 1.42.54 et s’est hissé au 13ème  rang mondial de tous les temps. Remarquons cependant que ces mêmes observateurs ne peuvent s’empêcher de s’exclamer « quelle performance pour ce Bosniaque quasi-inconnu »
Ces mêmes observateurs insistent en affirmant qu’il « supplante les meilleurs mondiaux et descend sous les 1’43’’ ». L’énormité de la performance les oblige cependant à noter que ce chrono marque « une progression incroyable, avec un gain de plus de trois secondes en une saison ».
Ils révèlent toutefois que c’est « une véritable bombe atomique que ce Amel Tuka, qu’on ne connaissait jusqu’alors que pour sa médaille de bronze aux Championnats d’Europe espoirs de Tampere en 2013 » et un chrono à 1.46.
On observe avec pertinence que depuis le début du mois de juillet de cette année, Amel Tuka semble frapper de « frénésie » en réalisant une progression phénoménale (un journaliste écrit même qu’ « il tombe les secondes à tour de bras ») en courant en  1’44’’19 le 1er  juillet, 1’43’’84 le 11 juillet et 1’42’’54 le 17 juillet. Interrogé, le coureur bosniaque a déclaré à l’arrivée de la course de Monaco  « Je ne sais pas ce qui m’arrive ! Vous devez demander à mon entraîneur pourquoi je connais une si grosse progression». Celui-ci est un coach qu’il a rejoint à Vérone (Italie) il y a de deux ans, juste après sa médaille de bronze du championnat d’Europe espoirs.
Gianni Ghidini n’est pas un inconnu. Il a entrainé les Kenyans Wilfred Bungei (champion olympique du 800 en 2008 à Pékin, auteur d’un record personnel à 1’42’’34) et Gregory Konchellah (fils de Bily Konchellah), plus connu comme Yusuf Saad Kamel, nom adopté à sa naturalisation pour le Bahrein, pays sous les couleurs duquel il a décroché, au Mondial 2009, l’or sur 1500 m et le bronze sur 800 mètres et auteur d’un record à 1’42’’79.
Wilfred Bungei avait lui aussi connu une forte progression en passant en un an de 1’44’’23 en 2000 à 1’42’’96 en 2001 qui n’est pas aussi importante que celle de la nouvelle pépite de l’entraîneur italien. Ce qui surprend (on parle d’ « effarement ») ce n’est pas la progression mais la nationalité d’Amel Tuka. Son pays est en effet quasiment inconnu dans le monde de l’athlétisme.

Un amalgame serait alors facile en établissant un lien entre progressions inouïes, entraineur italien (donc originaire d’un pays où le dopage, en athlétisme et surtout cyclisme, est répandu) athlètes kenyans et bosniaque inconnu. Tout pour faire naître des soupçons que l’on n’a pas encore exprimés.

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