A la mi-juillet, le circuit des meetings de la Ligue de diamant a fait
une halte au mythique stade Louis II de la principauté de Monaco. Parmi les
principaux résultats (toujours aussi affolants), deux ont attiré l’attention.
Le déclencheur de tempête médiatique a été le record du monde du 1 500
mètres de l’Ethiopienne Genzabe Dibaba qui a autorisé beaucoup d’observateurs à
extérioriser, sans retenue aucune, la suspicion maladive de dopage par les
athlètes des Hautes Plaines de la corne de l’Afrique (Kenya, Ethiopie,
Erythrée, Soudan et Djibouti), malheureusement encouragée par le nombre
croissant de cas confirmés soit pas des examens de laboratoires soit par des
anomalies des passeports biologiques et par la nationalité des précédentes
détentrices de ce record (une Soviétique et une Chinoise).
Le niveau de la course masculine, (sans doute l’une des plus rapides
de tous les temps) a moins fait parler. Le record d’Hichem El Guerroudj n’ayant
pas été amélioré, il n’y avait pas lieu de trop déblatérer surtout que Genzebe
Dibaba fournissait matière à le faire à satiété avec un fond de vérité présent
avec le dopage de masse qui sévirait dans cette région du monde d’où elle
vient.
Une autre performance de tout premier ordre a pourtant été réalisée
sans que quiconque ne trouve à redire. Sur le 800 mètres, un coureur inconnu au
plus haut niveau a remporté la course devant les meilleurs mondiaux (Mohamed
Aman, Nijel Amos et Ayanleh Souleiman), devant des athlètes habitués à affoler
les chronos.
Ce coureur, le Bosniaque Amel Tuka, que des observateurs n’ont pas
hésité à qualifier de « nouvelle étoile (…) apparue sur le 800
mètres » a couru en 1.42.54 et s’est hissé au 13ème rang mondial de tous les temps. Remarquons
cependant que ces mêmes observateurs ne peuvent s’empêcher de s’exclamer
« quelle performance pour ce Bosniaque quasi-inconnu »
Ces mêmes observateurs insistent en affirmant qu’il « supplante
les meilleurs mondiaux et descend sous les 1’43’’ ». L’énormité de
la performance les oblige cependant à noter que ce chrono marque « une
progression incroyable, avec un gain de plus de trois secondes en une saison ».
Ils révèlent toutefois que c’est « une véritable bombe atomique que
ce Amel Tuka, qu’on ne connaissait jusqu’alors que pour sa médaille de bronze
aux Championnats d’Europe espoirs de Tampere en 2013 » et un
chrono à 1.46.
On observe avec pertinence que depuis le début du mois de juillet de
cette année, Amel Tuka semble frapper de « frénésie » en
réalisant une progression phénoménale (un journaliste écrit même qu’ « il
tombe les secondes à tour de bras ») en courant en 1’44’’19 le 1er juillet, 1’43’’84 le 11 juillet et 1’42’’54
le 17 juillet. Interrogé, le coureur bosniaque a déclaré à l’arrivée de la
course de Monaco « Je ne sais pas ce qui m’arrive !
Vous devez demander à mon entraîneur pourquoi je connais une si grosse
progression». Celui-ci est un coach qu’il a rejoint à Vérone (Italie)
il y a de deux ans, juste après sa médaille de bronze du championnat d’Europe
espoirs.
Gianni Ghidini n’est pas un inconnu. Il a entrainé les Kenyans Wilfred
Bungei (champion olympique du 800 en 2008 à Pékin, auteur d’un record personnel
à 1’42’’34) et Gregory Konchellah (fils de Bily Konchellah), plus connu comme
Yusuf Saad Kamel, nom adopté à sa naturalisation pour le Bahrein, pays sous les
couleurs duquel il a décroché, au Mondial 2009, l’or sur 1500 m et le bronze
sur 800 mètres et auteur d’un record à 1’42’’79.
Wilfred Bungei avait lui aussi connu une forte progression en passant
en un an de 1’44’’23 en 2000 à 1’42’’96 en 2001 qui n’est pas aussi importante
que celle de la nouvelle pépite de l’entraîneur italien. Ce qui surprend (on
parle d’ « effarement ») ce n’est pas la
progression mais la nationalité d’Amel Tuka. Son pays est en effet quasiment
inconnu dans le monde de l’athlétisme.
Un amalgame serait alors facile en établissant un lien entre
progressions inouïes, entraineur italien (donc originaire d’un pays où le dopage,
en athlétisme et surtout cyclisme, est répandu) athlètes kenyans et bosniaque
inconnu. Tout pour faire naître des soupçons que l’on n’a pas encore exprimés.
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