mercredi 21 octobre 2015

Les "économies" de la FAF, Pour se faire une place au soleil


Depuis 5 ans, la FAF loge dans un compte séparé les subventions que lui accorde l’Etat algérien. Ce serait 150 milliards de centimes qui, pendant cette période, auraient été gelés, immobilisés au sens bancaire du terme. Sans que l’on sache s’ils ont été producteurs d’intérêts ou pas. Un véritable pactole constitué pendant que tous les niveaux de la pratique footballistique souffrent d’absence de moyens pour…survivre, pâtissant de l’insuffisance de moyens financiers et de l’octroi de subventions modiques par les autorités locales qui se tournent vers les plus exposés médiatiquement, c'est-à-dire les équipes phares de la localité ou de la wilaya. En un mot, l’opulence capitalistique opposée à l’indigence. Une représentation très illustrative de l’environnement et du libéralisme économique dans lequel se meut la FAF.
Le geste de la FAF, le renoncement aux subventions annuelles que lui accordent les pouvoirs publics en contre partie de la délégation d’activités et de pouvoirs qui lui est concédée en tant qu’organisation d’utilité publique chargée de la gestion et le développement du football national  et l’intention de restituer celles octroyées aux cours des années précédentes), se veut et se présente comme un geste de bonne volonté des membres du bureau fédéral et de bonne gestion. Ces sommes faramineuses inutilisées et inutilisables en l’état actuel des capacités financières de l’instance suprême du football national seraient peut être utiles dans ailleurs qui n’est le football, semblent vouloir dire les membres du bureau fédéral.
Cette question de renoncement et de restitution aux subventions annuelles étatiques est, de notre point de vue, à percevoir sous un autre angle. Celui qui s’inscrit dans le crédo (maintes fois réitéré) des fédérations sportives internationales (mais surtout de la FIFA) de la non-ingérence des Etats dans le fonctionnement des fédérations nationales agissant pourtant, dans beaucoup de nations, par délégation des pouvoirs publics. En renonçant aux subventions, la fédération distant inévitablement le lien vital et ombilical avec l’Etat qui lui permet d’exister juridiquement et légalement. La capacité à subvenir à ses besoins propres est tentante et relève du dogme libéral qui transcende justement ces fédérations internationales.
En tant qu’association dotée de l’indépendance financière, la fédération se place en position d’autonomie autarcique qui dénoue les liens avec l’Etat créateur et se vassalise, sous la forme d’une concession d’activités sur un territoire donné, à une instance supranationale elle-même télécommandées par des multinationales économiques et financières. On remarquera sur ce plan-là que Joseph « Sepp » Blatter, réélu dans ses fonctions de président au début de l’été dernier, a été réduit au rang de président intérimaire (jusqu’en février 2016) par l’action de la justice américaine et suspendu de ses fonctions dans les jours qui ont suivi l’intervention médiatique des 4 sponsors majors (dont 3 américains) de cette organisation internationale qu’est la FIFA. Il en découle un transfert de la vulnérabilité juridico-politique à la vulnérabilité économico-financière.
L’on notera également que la tendance à l’éloignement du giron national (donc des pouvoirs publics mais aussi des associations subalternes que sont les ligues et les clubs) s’est amorcé avec la constitution d’un patrimoine fédéral par un financement multiple : fonds propres, Etat dont l’aide était la bienvenue à ce moment-là, aide au développement de la Fifa dont le projet Goal.
En finançant ses activités par le biais du sponsoring et des droits de retransmissions télévisées (et l’exclusion des subventions étatiques), la FAF réduit également les capacités de l’Etat à lui demander de rendre des comptes sur le plan comptable et annihile sa mission de délégation de service public pour laquelle elle reçoit la subvention. En rendant les subventions, la FAF se libère unilatéralement de cette mission et n’a donc plus de raison d’être. A plus forte raison que déchargée de cette mission, elle ne peut assurer l’autorité qui est la sienne, du point de vue de la loi, sur les ligues et les clubs qui en sont le fondement.

A remarquer aussi que cette restitution, qui se veut être un signe de bonne gestion et consécutivement d’abondance financière, indique au contraire une mauvaise gestion puisque l’article 100 de la loi 13.05 prévoit que « Les fédérations sportives nationales (…) peuvent réaliser avec le concours financier de l’Etat et des collectivités locales et selon des conditions avantageuses, toute opération d’infrastructure et/ou d’équipement liée à leur objet et en relation directe avec leurs missions ».     

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