lundi 5 octobre 2015

Paula Radcliffe, Mise au pied du mur par un parlementaire


Au début de ce mois de septembre, la presse sportive internationale indiquait que l’athlète britannique Paula Radcliffe (une marathonienne de renommée internationale tant par ses résultats que pour le dodelinement de sa queue-de-cheval blonde) aurait publié un communiqué pour contester toute forme de tricherie durant sa carrière. En fait, en publiant un très long communiqué, la Britannique cherchait à  se justifier après avoir eu le sentiment d’être accusée de dopage par un parlementaire britannique durant un comité spécialement consacré aux révélations récentes du Sunday Times  prouvant accessoirement que les politiciens britanniques accordent un intérêt certain au travail d’investigation de leur presse. Même s’il ne s’agit que de sport. Sauf qu’à travers le dopage c’est une question de santé publique qui est abordée.

Paula Radcliffe s’est donc sentie mise en cause, offusquée comme pourrait l’être une lady. Le long communiqué diffusé le mardi 8 septembre par son agence de communication se veut être un témoignage de son indignation face à des allégations qui portent atteinte à son image de marque.
Il y a lieu de replacer ce communiqué dans le contexte. La réaction de Paula Radcliffe fait suite à une réunion d’un Comité Culture, Media, Sport, durant lequel un parlementaire a suggéré sans trop d’équivoque que les vainqueurs du marathon de Londres (y compris des Britanniques) seraient soupçonnés d’avoir recouru  au dopage.
Bien que le nom de Paula Radcliffe n’ait pas été directement cité par le parlementaire, beaucoup ont compris que la marathonienne britannique était dans son viseur puisqu’elle est la seule Britannique victorieuse de ce marathon depuis deux décennies.
On peut donc comprendre la réaction de l’athlète (en retraite sportive) à de pareilles affirmations qui lui permet réitérer sa totale honnêteté dans ce domaine.
L’alliance  presse et Parlement
Le parlementaire britannique réagissait pour sa part à l’enquête du Sunday Times qui s’était intéressée aux 12.000 échantillons collectés par l’IAAF depuis 2001. Cette enquête la mettait directement en cause puisqu’elle faisait ressortit, selon les experts du journal, qu’elle aurait présenté trois tests douteux avant 2009.
Jusqu’à ce communiqué, Paula Radcliffe avait opté, dans un premier temps, pour le silence. Elle avait même  refusé d’accepter la diffusion de ses analyses sanguines et urinaires, comme l’ont fait d’autres athlètes britanniques (dont Mo Farah).
Dans son communiqué, l’actuelle détentrice du record du monde féminin du marathon qui a milité de longue date contre le dopage et en faveur des tests sanguins d’EPO dès 2009, a publié des éléments d’explication des fluctuations constatées dans ses tests. Elle prétend qu’un des trois tests a été effectué après la prise d’antibiotiques et que les deux l’ont été immédiatement après des compétitions s’étant déroulées pendant une période de fortes chaleurs qui auraient provoqué une déshydratation, deux éléments susceptibles de brouiller les interprétations.
Nous noterons que les experts débattent sur les interprétations (possibles ou non) de données remontant avant 2009 et la mise en place du passeport biologique (PBA) et soulignent que des données douteuses prises isolément ne signifient pas le recours au dopage.
Un silence antérieur mystérieux
Pourquoi Paula Radcliffe est-elle restée silencieuse aussi longtemps ? Pourquoi n’a-telle réagi qu’après les affirmations d’un parlementaire l’ait mise en cause alors que des allégations la désignaient comme l’une des 12 Britanniques (observons le nombre de cas qui n’est pas aussi réduit qu’aurait pu le laisser penser l’agressivité des journalistes anglais envers les Russes, les Kenyans, etc.) affichant des résultats douteux pour des contrôles anti dopage ?
Les informations relayées par la presse britannique depuis que l’affaire Radcliffe étant étalée sur la voie publique, elle aurait choisi de suivre cette stratégie du silence qui lui aurait été indiquée fixée par ses avocats mais aussi conseillée aussi bien  par l’Agence Mondiale Anti Dopage (AMA) que par l’IAAF.
Pourtant, Paula Radcliffe avait été mise en cause dès le mois de décembre l’année dernière. A cette époque, un premier documentaire était diffusé par la chaîne de télévision publique allemande l’ARD affirmant que l’IAAF avait couvert des tests anormaux de 150 athlètes, incluant trois Britanniques, dont l’une des plus grandes stars britanniques. Les tests dissimulés par l’instance gérant l’athlétisme mondial remontant à plusieurs années en arrière, beaucoup avaient  deviné qu’il s’agissait de Paula Radcliffe avant que des journalistes britanniques du Daily Telegraph n’en fassent la vérification à la lecture de la liste.
Au cours de l’été, des experts consultés pour la réalisation du 2ème  documentaire de l’ARD avaient à nouveau ciblé Paula Radcliffe qui présentait trois contrôles affichant des résultats ayant très peu de chance d’être naturels (moins de 1 chance pour 1000).
Des menaces après le silence
On rapporte aujourd’hui que les journalistes du Sunday Times n’avaient pu révéler le nom de Paula Radcliffe. Ils affirment qu’elle aurait été très offensive  et les auraient menacés d’une action légale.
Mi-août, peu avant les championnats du monde d’athlétisme, plusieurs athlètes britanniques (dont Mo Farah impliqué dans une suspicion de dopage qui touche son groupe d’entrainement dirigé par Alberto Salazar) avaient accepté de publier leurs analyses sanguines. Paula Radcliffe, qui se présentait jusqu’alors comme une combattante implacable du dopage, avait surpris par son hostilité à cette initiative. Elle arguait de la difficulté de lecture d’analyses isolées. Un argument qu’elle a repris en ce mois de septembre pour se justifier sur les contrôles douteux, qui ne pourraient être pris en compte, en raison d’évènements périphériques les justifiant (l’altitude, une grippe, des problèmes de prélèvements).

Alors que tout la désigne sans ambiguïté et que personne n’en parle, c’est un  parlementaire qui, d’une simple question, sans cité le nom de la marathonienne (elle est la seule Britannique à avoir remporté le marathon de Londres) fait apparaitre un secret bien gardé jusque là. La justification de Paula Radcliffe est largement relayée par la presse britannique qui publie également les nombreuses réactions de soutien qu’elle a reçue de la part d’athlètes britanniques de bonne réputation (Steve Cram, David Bedford) et de son préparateur physique Gerard Hartman (quel crédit apporter au témoignage d’un professionnel étroitement lié à l’athlète) attestant de l’honnêteté de la coureuse.

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