Au début de ce mois de septembre, la presse sportive internationale
indiquait que l’athlète britannique Paula Radcliffe (une marathonienne de
renommée internationale tant par ses résultats que pour le dodelinement de sa
queue-de-cheval blonde) aurait publié un communiqué pour contester toute forme de tricherie durant sa carrière. En fait, en
publiant un très long communiqué, la Britannique cherchait à se justifier après avoir eu le sentiment
d’être accusée de dopage par un parlementaire britannique durant un comité
spécialement consacré aux révélations récentes du Sunday Times prouvant accessoirement que les politiciens
britanniques accordent un intérêt certain au travail d’investigation de leur
presse. Même s’il ne s’agit que de sport. Sauf qu’à travers le dopage c’est une
question de santé publique qui est abordée.
Paula Radcliffe s’est donc
sentie mise en cause, offusquée comme pourrait l’être une lady. Le long
communiqué diffusé le mardi 8 septembre par son agence de communication se veut
être un témoignage de son indignation face à des allégations qui portent
atteinte à son image de marque.
Il y a lieu de replacer ce
communiqué dans le contexte. La réaction de Paula Radcliffe fait suite à une
réunion d’un Comité Culture, Media, Sport, durant lequel un parlementaire a
suggéré sans trop d’équivoque que les vainqueurs du marathon de Londres (y
compris des Britanniques) seraient soupçonnés d’avoir recouru au dopage.
Bien que le nom de Paula
Radcliffe n’ait pas été directement cité par le parlementaire, beaucoup ont
compris que la marathonienne britannique était dans son viseur puisqu’elle est la
seule Britannique victorieuse de ce marathon depuis deux décennies.
On peut donc comprendre la
réaction de l’athlète (en retraite sportive) à de pareilles affirmations qui
lui permet réitérer sa totale honnêteté dans ce domaine.
L’alliance presse et Parlement
Le parlementaire
britannique réagissait pour sa part à l’enquête du Sunday Times qui
s’était intéressée aux 12.000 échantillons collectés par l’IAAF depuis 2001.
Cette enquête la mettait directement en cause puisqu’elle faisait ressortit, selon
les experts du journal, qu’elle aurait présenté trois tests douteux avant 2009.
Jusqu’à ce communiqué, Paula
Radcliffe avait opté, dans un premier temps, pour le silence. Elle avait
même refusé d’accepter la diffusion de
ses analyses sanguines et urinaires, comme l’ont fait d’autres athlètes
britanniques (dont Mo Farah).
Dans son communiqué,
l’actuelle détentrice du record du monde féminin du marathon qui a milité de
longue date contre le dopage et en faveur des tests sanguins d’EPO dès 2009, a
publié des éléments d’explication des fluctuations constatées dans ses tests.
Elle prétend qu’un des trois tests a été effectué après la prise
d’antibiotiques et que les deux l’ont été immédiatement après des compétitions
s’étant déroulées pendant une période de fortes chaleurs qui auraient provoqué
une déshydratation, deux éléments susceptibles de brouiller les
interprétations.
Nous noterons que les experts
débattent sur les interprétations (possibles ou non) de données remontant avant
2009 et la mise en place du passeport biologique (PBA) et soulignent que des
données douteuses prises isolément ne signifient pas le recours au dopage.
Un silence antérieur mystérieux
Pourquoi Paula Radcliffe est-elle restée silencieuse aussi
longtemps ? Pourquoi n’a-telle réagi qu’après les affirmations d’un
parlementaire l’ait mise en cause alors que
des allégations la désignaient comme l’une des 12 Britanniques (observons le
nombre de cas qui n’est pas aussi réduit qu’aurait pu le laisser penser
l’agressivité des journalistes anglais envers les Russes, les Kenyans, etc.) affichant
des résultats douteux pour des contrôles anti dopage ?
Les informations relayées
par la presse britannique depuis que l’affaire Radcliffe étant étalée sur la
voie publique, elle aurait choisi de suivre cette stratégie du silence qui lui
aurait été indiquée fixée par ses avocats mais aussi conseillée aussi bien par l’Agence Mondiale Anti Dopage (AMA) que
par l’IAAF.
Pourtant, Paula Radcliffe
avait été mise en cause dès le mois de décembre l’année dernière. A cette
époque, un premier documentaire était diffusé par la chaîne de télévision
publique allemande l’ARD affirmant que l’IAAF avait couvert des tests anormaux
de 150 athlètes, incluant trois Britanniques, dont l’une des plus grandes stars
britanniques. Les tests dissimulés par l’instance gérant l’athlétisme mondial remontant
à plusieurs années en arrière, beaucoup avaient
deviné qu’il s’agissait de Paula Radcliffe avant que des journalistes
britanniques du Daily Telegraph n’en fassent la vérification à la
lecture de la liste.
Au cours de l’été, des
experts consultés pour la réalisation du 2ème documentaire de l’ARD avaient à nouveau ciblé
Paula Radcliffe qui présentait trois contrôles affichant des résultats ayant très
peu de chance d’être naturels (moins de 1 chance pour 1000).
Des
menaces après le silence
On rapporte aujourd’hui que
les journalistes du Sunday Times n’avaient pu révéler le nom de Paula
Radcliffe. Ils affirment qu’elle aurait été très offensive et les auraient menacés d’une action légale.
Mi-août, peu avant les
championnats du monde d’athlétisme, plusieurs athlètes britanniques (dont Mo
Farah impliqué dans une suspicion de dopage qui touche son groupe
d’entrainement dirigé par Alberto Salazar) avaient accepté de publier leurs
analyses sanguines. Paula Radcliffe, qui se présentait jusqu’alors comme une
combattante implacable du dopage, avait surpris par son hostilité à cette
initiative. Elle arguait de la difficulté de lecture d’analyses isolées. Un argument
qu’elle a repris en ce mois de septembre pour se justifier sur les contrôles
douteux, qui ne pourraient être pris en compte, en raison d’évènements
périphériques les justifiant (l’altitude, une grippe, des problèmes de
prélèvements).
Alors que tout la désigne
sans ambiguïté et que personne n’en parle, c’est un parlementaire qui, d’une simple question, sans
cité le nom de la marathonienne (elle est la seule Britannique à avoir remporté
le marathon de Londres) fait apparaitre un secret bien gardé jusque là. La
justification de Paula Radcliffe est largement relayée par la presse
britannique qui publie également les nombreuses réactions de soutien qu’elle a reçue
de la part d’athlètes britanniques de bonne réputation (Steve Cram, David
Bedford) et de son préparateur physique Gerard Hartman (quel crédit apporter au
témoignage d’un professionnel étroitement lié à l’athlète) attestant de l’honnêteté
de la coureuse.
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