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n août 2013, à la veille des championnats
du monde d’athlétisme de Moscou,
dans une interview publiée sur le site Le
monde.fr, l’ancienne athlète puis entraîneur et enfin dirigeante
(vice-présidente de la fédération ukrainienne), la spécialiste soviétique du
400 mètres, Olga Bryzgina, triple championne olympique et double championne du
monde sur 400 m et 4x400 m entre 1987 et 1991, évoque ses souvenirs et sa pratique de ce sport dans son Ukraine
natale.
La quinquagénaire qu’elle est voue encore, à celui qui fut son
entraîneur, un très grand respect que les athlètes algériens ayant un certain
niveau de notoriété oublient quelque fois bien qu’il soit possible de le
discerner dans ce « cheikh…… » qui
traverse leurs propos. Plus de vingt ans après son dernier titre, celui-ci est
encore, dans une situation de communication officielle comme peut l’être une
interview, « Monsieur Fedorets » dont elle dit qu’il «
était un excellent coach ».
Elle se souvient également que son entraîneur était un adepte de
l’individualisation de l’entraînement qui « concoctait un programme complexe
d’exercices adapté à chacun de nous. Il était très pointilleux et on répétait
les mouvements jusqu’à ce que l’exécution des gestes soit idéale, notamment les
bras, en ce qui me concerne ».
Guy Roux, l’emblématique entraîneur de l’AJ Auxerre, présent à la
cérémonie de remise du Soulier d’or algérien qui s’est déroulée il y a quelques
jours dans un des grands hôtels d’Alger, s’est penché un bref moment sur la
formation en football en racontant une anecdote qui indique que les deux
grandes nations sportives des deux grands géopolitiques, que furent et sont la
Russie et les Etats Unis, privilégient la répétition inlassable des exercices.
Il dit à ce sujet que Tony Parker, une des stars françaises actuelles du basket
américain (NBA) lui aurait confié que « chaque matin que Dieu fait, même
à Noel, il exécute 300 shoots à trois points » avant de poursuive
que « c’est ce qui explique pourquoi il est toujours adroit ». Une façon aussi très subtile de dire que le
talent des grands sportifs est le fruit d’une quantité importante de travail
qui par certains aspects confineraient à une sorte de conditionnement ou, pour
reprendre une expression très actuelle, un formatage qui mènerait à la
perfection technique que l’on accorde à pérorer que c’est la première qualité
sportive.
On ne peut pas dire que la déclaration rouxienne soit innovante. En fait,
elle très éculée puisque Guy Roux n’a fait que répéter un discours connu de
tout un chacun (lecteurs, auditeurs et téléspectateurs) qui aujourd’hui savent
que les Zidane, Messi, Ronaldo et Cristiano Ronaldo et tant d’autres légendes
sportives furent avant tout des bourreaux de travail.
L’ancien entraîneur d’Auxerre, très peu l’ont perçu, avait en cette
rencontre à l’hôtel Aurassi revêtu l’uniforme de l’éducateur, celui du
pédagogue qui sait s’adapter à toutes les conditions. Un survêtement que nos
techniciens et conseillers du sport ont jeté aux orties avec les principes et
valeurs qui l’accompagnent en tous temps et tous lieux.
Cet esprit l’animant encore, alors qu’il a vécu plus des trois quart d’un
siècle, lui fait voir la formation du jeune footballeur avec des riens
disponibles à qui sait chercher et trouver. Loin du « luxe », des
terrains et autres accessoires à profusion qui émaillent les réclamations et
récriminations de nos techniciens et dirigeants habitués, malgré les
difficultés de tous ordres, à un consumérisme né de la fonctionnarisation de
leurs fonctions et des avantages qui s’y rattachent. Nous y rattacherons aussi
le corporatisme qui en fut le déclic au crépuscule de la « Réforme
sportive de 1976», lorsque les diplômés des instituts de formation des
techniciens (et surtout) des cadres du sport mirent au rencart les éducateurs,
les moniteurs et autres enseignants d’EPS qui leur livraient des sportifs à
perfectionner et à spécialiser mais le plus souvent prêts à monter sur les
podiums.
L’affaiblissement du sport scolaire qui a résulté de cette démarche
suicidaire donne les résultats que nous connaissons. L’Algérie n’a plus de
champions dignes de ce nom. On oublie (ou on ne sait pas) que les ₺cadettes de la JS Ouzellaguen₺,
rivalisant avec les seniors de l’élite nationale de hand-ball féminin, comme
tant d’autres sportifs et sportives, s’entraînaient
dans des conditions de fortune, sur un parking souvent, à la tombée de la nuit,
à la lumière des réverbères éclairant la route menant à Ifri, haut lieu de la
Révolution.
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