jeudi 12 novembre 2015

La guerre des langues, Quand la frénésie fait loi


L
a  dernière dissension  au sein du Mouloudia a été déclenchée le jour même de la défaite dans le match derby qui opposait les Chenaoua aux Kawassirs de l’USM El Harrach. Une défaite lourde de conséquences tant sur le plan de la comptabilité qui détermine la hiérarchie footballistique que sur celui des relations internes au sein d’un Mouloudia éternellement confus  et, prétendument, de la relations entre les joueurs et les supporters chauffés à blanc à longueur d’année par des correspondants de presse chauvins et souvent irresponsables.
La fracture interne, si l’on en croit la chronologie des événements, serait apparue avec le comportement atrabilaire et les propos incongrus (auquel il nous a malheureusement accoutumé depuis 2010) du gardien de but Faouzi Chaouchi, héros valeureux d’Oum Dourman qui ne s’est aucunement assagi malgré les multiples sanctions prises à son encontre. Dans cet emportement qui le caractérise aujourd’hui, Chaouchi s’en est pris, dans ses déclarations d’après-match, à son camarade de club (l’autre gardien de but de l’équipe) qui lui aurait, selon l’enfant terrible de Bordj Menaïel, manqué de respect en se levant pour s’échauffer après le second but harrachi. Les déclarations intempestives et épidermiques du bouillant Chaouchi ne pouvaient que donner du grain à moudre à des confrères avides de ces situations médiatiquement à la fois savoureuses et ennuyeuses.
Jonathan Matijas, la « doublure » de Chaouchi, un franco-algérien ayant transité par l’USM Bel Abbés quitté après des péripéties pour le moins troubles (passage par la CRL pour faire valoir ses droits et une relégation de l’équipe) ne fut informé des propos acidulés de Chaouchi que le lendemain de la rencontre par d’autres joueurs du club et les journalistes venus aux nouvelles et prêts à recueillir une déclaration  aussi vindicative et fracassante que celle de Chaouchi qu’ils auraient pu monter en épingle. Il n’en fut malheureusement rien. Il n’avait pas lu la presse et su se montrer, en professionnel, raisonnable dans ses déclarations.
Il n’empêche que les vagues médiatiques, obligèrent l’entraîneur en chef fraichement nommé, Meziane Ighil, à intervenir et à discuter en aparté avec ses deux joueurs pour aplanir un différent qui n’en était pas un. Quant au stage qui devait permettre la mise à niveau physique et tactique il devint un stage de raffermissement des liens.  Pour relancer un incendie éteint dès sa première flammèche le sujet est revenu sur le devant de la scène à travers l’interview d’autres franco-algérien révélant qu’il n’y avait pas de conflit « locaux « » vs «  franco-algériens » mais seulement des rapports distants suite à des difficultés de communication langagière. Comment ne pas l’être quand on ne peut se parler et se comprendre ?
La politique du Mouloudia (et des clubs professionnels algériens) fait que trois langues (arabe, français et amazigh) sont en présence. Les antagonismes socio et psycholinguistiques présents dans la société algérienne seraient donc inévitablement reproduits dans cette équipe et l’on nous fait comprendre qu’il serait impossible d’y échapper.  Si cette théorie fumeuse était exacte, c’est l’esprit d’ouverture et de communion qui normalement préside à la naissance et au bon fonctionnement des clubs qui est remis en question. Ces clubs seraient donc des juxtapositions de groupes sociaux étanches répartis en unilingues (arabophone, théoriquement le plus important sur le plan numérique, amazighophones et francophone) et de groupes bilingues (arabo-francophone, amazigho-francophone) ou plurilingues (arabo-amazigho-francophone) permettant la soudure avec les groupes unilingues. En persévérant dans cette voie  nous entrons de plain-pied dans une autre polémique celle qui a trait à la maitrise des langues maternelles nationales (amazigh et arabe dialectal) et à l’enseignement des langues étrangères et à des problématiques plus complexes que cette apparence de simplicité.   
Dans d’autres circonstances, le dossier aurait été clos en un tour de main. De telles situations existent dans tous les grands clubs professionnels où se côtoient diverses nationalités et diverses langues. Le Réal de Madrid, le FC Barcelone, les Manchester (United et City), le Bayern de Munich, la Juventus de Turin ou le Dynamo de Kiev  et tant d’autres clubs de tous les continents  sont confronté à des effectifs cosmopolites et obtiennent des résultats probants en utilisant une seule langue (celle du ballon rond qui se déplace dans les limites d’un terrain de football) qui transcende toutes les autres.

Si les faits révélés étaient avérés, cela signifierait simplement en fin de compte que les dirigeants ont failli. Mais, cela nous le savons depuis longtemps. Pour d’autres considérations.        

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