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l y a quelques jours, au début de cette année 2016, nous nous étions
arrêtés sur les déclarations du président de la fédération française
d’athlétisme qui se faisait une gloire de mettre au premier plan les avancées de la lutte antidopage dans son
pays et de faire connaitre son crédo. Des informations publiées dans la presse
française semblent indiquer que « la version française du passeport
biologique », opérationnelle depuis deux ans pourrait conduire à
des sanctions dans le courant de cette année.
Il semblerait en effet que 16 profils de sportifs de haut niveau (sur
la soixantaine établie par l’AFLD, agence française de lutte contre le dopage)
présenteraient des anomalies qui les rendraient suspects au premier niveau de
filtrage des données et qu’en conséquence, ils (les profils suspects) auraient
été transmis à trois experts indépendants (un Français, un Allemand et un Italien).
Il a été relevé qu’il ne s’agit que de la première étape d’un
processus potentiellement long et que, jusqu’à présent, aucun sportif français n’a été suspendu sur
la base des données contenues sur son passeport biologique. Il est de même
indiqué que les cas de suspension, sur la base de l’examen du passeport
biologique de l’athlète par une agence nationale de lutte contre le dopage,
sont très rares.
Il est intéressant d’observer que les deux premiers cas soumis, il y a
déjà un an, à cet examen complémentaire sont ceux de deux athlètes ayant déjà
participé aux Jeux olympiques sous le maillot de l’équipe de France
d’athlétisme et qui pourraient en toute vraisemblance disputer les Jeux de Rio au mois d’août. Mais,
ce que l’AFLD appelle le « profil biologique » comporte certes
de nombreux prélèvements qui n’ont cependant
pas entièrement convaincu les experts.
Si l’un d’entre eux est catégorique sur l’origine de leurs variations
hématologiques (le dopage sanguin), aucun
n’a conclu que leur profil était normal. Ils ont cependant estimé qu’il fallait
soit davantage d’échantillons, soit les analyser sous un autre angle pour
élaborer un « scénario de dopage ».
Pour ce qui concerne les quatorze autres profils de sportifs français (transmis
fin 2015 aux mêmes experts) les trois experts ont jugé qu’ils présentaient des courbes
suspectes nécessitant des informations complémentaires (calendrier de
compétition et d’entraînement, lieux de stage) avant qu’ils puissent statuer.
Si les experts sont d’accord sur l’anormalité d’un profil, il sera
alors engagé un échange avec le sportif, souvent assisté d’un scientifique, qui tentera
généralement de convaincre les experts
que les anomalies constatées sont explicables (pathologie, une maladie au
moment d’un prélèvement ou par des variations d’altitude à l’occasion de stages).
De leur côté, les experts s’attachent à constituer un dossier suffisamment
solide pour résister à un éventuel appel.
Le Tribunal arbitral du sport (TAS) n’étant pas reconnu par la France,
c’est le Conseil d’Etat qui statuera sur un cas de passeport biologique anormal.
La longueur et l’incertitude sont les défauts du processus de validation alors
que le temps presse puisque la France pourrait être représentée aux jeux
olympiques brésiliens par des sportifs risquant de provoquer des affaires à
cause de leurs valeurs sanguines douteuses.
Il est également observé une autre difficulté tenant à l’inexistence
de données antérieures à janvier 2014 et à l’impossibilité juridique d’accéder aux
prélèvements effectués par les fédérations internationales dans le cadre de leur
propre passeport biologique. Ces prélèvements ne peuvent être utilisés dans le
dossier disciplinaire du sportif.
Selon le conseiller scientifique de l’AFLD, 8 à 10 échantillons
suffisent pour se faire une idée à condition que les prélèvements aient eu lieu
en compétition mais aussi en période de récupération, lorsque l’athlète n’ayant
plus d’objectifs sportifs n’a pas recours aux produits dopants.
L’AFLD est soumise à des contraintes financières qui l’ont conduite à
diminuer son budget, à fonctionner ave une seule salariée travaillant à
l’élaboration des profils biologiques, en collaboration avec les conseillers interrégionaux dopage et
le responsable des contrôles.
Ayant effectué, depuis 2014, 2 000 prélèvements pour alimenter ses
profils hématologiques, l’AFLD espère en 2016, pouvoir établir un profil
efficace de 150 sportifs, ciblés en fonction de leurs valeurs sanguines ou
performances atypiques.
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