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e mouvement sportif national se voile la face devant le dopage. Bien sur le football donne l’impression
d’avoir saisi le taureau par les cornes et de lutter contre le fléau. Mais l’on
sait par expérience que, comme l’histoire le montre pour beaucoup d’activités
sociales et commerciales (lutte contre le chômage, les bidonvilles, le commerce
informel) qu’il ne pourrait s’agir que d’une campagne, d’une opération coup de
poing destinée à éblouir la populace et mettre plein les yeux épatés des
sponsors qui permettent à la fédération algérienne de s’émanciper des règles
mises en place et de faire croire que les autorités (fédération et ligue)
s’emploient à l’éradiquer. Nous connaissons tous la rengaine qui énonce, sans
le moindre sourcillement, que nous avons
les plus beaux textes du monde.
Les entreprises commerciales évoluant dans une ambiance de libéralisme
financier n’ont pas d’états d’âme. Les ratios (des constructions de l’esprit
humain permettant de structurer leurs comptabilités et de comparer leurs
rentabilités) président à leurs destinées. Elles ont pour
divinités les profits dégagés et les
dividendes à partager entre les actionnaires. Elles ont également leurs idoles
qui, dans l’imaginaire des peuples, ont remplacé les héros antiques. A la place
des statues de marbre ou de bronze édifiées dans des temples, ce sont leurs
portraits virtuels, qui occupent l’espace que proposent les nouvelles
technologies de l’information et de la communication sublimant les désirs de
possession et offrant à l’adoration des produits sans cesse renouvelés. Jusqu’à
ce que les stands des marchés du Temple soient renversés par un Messager de
Dieu ou que les idoles soient brisées par un Autre.
Sponsoring et dopage font bon ménage. Pourquoi diantre s’en
offusquerait-on puisque la « main invisible » des
marchés (celle qui dit-on régule l’offre et la demande) s’est substituée à la
toute puissante main divine dont elle possède tous les attributs (à savoir l’omniscience,
l’omniprésence et la capacité à punir les reniements) que l’on ne peut
dissocier et encore moins discuter ou remettre en cause.
Le Canadien Ben Johnson, figurant en son temps au premier rang de
l’aéropage des Dieux des stades, fut une des premières figures médiatiques
sanctionnées (après avoir conquis la médaille d’or du 100 mètres des jeux
olympiques de Séoul, 1988) pour avoir augmenté artificiellement ses forces à
l’aide du stanolozol (un produit qui 12 ans plus tard provoqua la suspension d’Ali
Saidi-Sief et 12 autres années plus tard celles de Megdoud, Bouras et
Bourraâda). Après bien des années de silence, Johnson expliqua son contrôle
positif par un changement d’équipementier.
Les multinationales, sponsors
des jeux modernes, sont impitoyables. Le cycliste américain Lance Armstrong le
sait pour l’avoir expérimenté à ses dépens. Longtemps protégé par les instances
sportives de tous horizons, le multiple vainqueur du Tour de France cycliste,
s’est vu – en plus de son bannissement de toutes activités sportives -
contraint de rembourser toutes les
récompenses, primes et autres bonus qui lui furent octroyés par ses
sponsors-images. Lilya Shobukova, la marathonienne russe qui a mis en pièce
l’athlétisme de son pays auquel s’accolent aujourd’hui dopage étatique,
corruption, extorsion de fonds, exclusion des jeux olympiques de Rio est
également, malgré la mansuétude de l’AMA, confrontée aux demandes de
remboursement des primes de participation et de victoires versées par les
organisateurs des marathons qu’elle a remporté.
Le sponsoring image n’existe
pas chez nous. Certainement pas en tant que démarche d’accompagnement d’un
sportif montrant des dispositions. Les entreprises nationales qui se lancent
dans le sponsoring s’apparentent à ces « fonds vautours » que la
finance internationale a popularisé par l’acharnement à décharner leurs proies.
Sauf, les entreprises nationales - (exceptées quelques-unes peu nombreuses à
vrai dire- se comportant autant en mécènes qu’en sponsors) ont acquis une
expertise en appropriation de l’image des champions du monde et olympiques, en
les accompagnants dans la conquête d’une seconde médaille.
L’exemple le plus frappant a
été celui de cet opérateur de téléphonie mobile qui aux derniers championnats
du monde de Pékin (2015) a dans sa communication axé ses placards publicitaires
dans la presse écrite sur deux athlètes : Toufik Makhloufi, resté au pied
du podium après sa médaille de vermeil aux jeux olympiques de Londres (2012) et
Larbi Bourraâda, 5ème des épreuves combinées, suspendu pendant deux
années pour dopage.
Cet opérateur qui se veut une
entreprise citoyenne s’est accaparé du sponsoring sportif en donnant son nom à
un beaucoup de compétitions nationales (championnats de football de Ligue 1 et
2, challenge nationaux de cross-country et de courses sur routes) pour lui
permettre de prendre le pas sur ses rivaux dans son secteur d’activité dont la
présence régresse.
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