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‘article que nous avons consacré dernièrement au jeune sauteur
constantinois Triki Yasser Mohamed Tahar (licencié depuis la saison dernière au
MB Bejaïa) est une dérogation à une règle que nous nous sommes imposés il y a
un quart de siècle. Une règle qui nous interdisait (jusqu’à cette exception qui,
diront les syntacticiens, confirme la règle) de dresser le portrait de jeunes
athlètes, de ceux qui, dans la terminologie du mouvement sportif national et de
l’athlétisme, sont « les jeunes talents sportifs ». Des
talents incroyables, une aide parcimonieuse attribuée selon des critères
prétendument objectifs mais bafoués en fonction des intérêts des uns et des
autres, de ceux qui détiennent le pouvoir décisionnaire et discrétionnaire.
En ce temps-là, l’athlétisme national, malgré des résultats plus que
probants, étaient réduits à la portion congrue dans les colonnes de la presse
écrite consacrée exclusivement au football-roi. Les résultats de l’élite
aidant, la discipline a bénéficié d’un espace grandissant qui a atteint son
apogée avec les exploits de Hassiba Boulmerka et de Noureddine Morceli que nous
avons accompagné tôt dans leurs carrières sportives (1986 pour Hassiba, 1988
pour Noureddine). Un accompagnement qui sera également accordé aux champions
des années 90 qui n’ont pas tous atteints les sommets
internationaux auxquels leurs dispositions les prédestinaient : Yahia
Azaidj de Ksar El Bokhari, Kamel Kohil de Lakhdaria que nous avions surnommé le
« requin des routes », les Mohamed Hadef et Aïssa Menai
venus d’Arris, au cœur des Aurès, et qui y retournèrent après avoir achevé une
formation de techniciens des sports à Constantine, les cadettes d’Ouled
Benabdelkader qui rivalisèrent avec les Marocaines aux championnats maghrébins
de cross scolaire se déroulant annuellement à Saket Sidi Youcef la martyre,
Baghdad Nasria de Tiaret, Fatima Zohra Djami-Khedim de Chlef et Hadda
Djakhdjakha, issue d’un petit village de la wilaya de Guelma et tant d’autres de
Béchar, de Biskra, de Skikda, etc. au talent si impressionnant que celui de
Hassiba et Noureddine nous semble rétrospectivement bien pâle.
Il y eut également Miloud Abaoub de Batna, champion du monde du
3 000 mètres cadets à Chypre en 1994 qui se fit remarquer au retour de
Nicosie en fuguant à l’aéroport de Rome et fut rattrapé par les carabiniers
italiens à la frontière franco-italienne et qui, une semaine plus tard, aux
championnats d’Algérie scolaires par équipes (qui se disputaient alors
annuellement à Constantine) se fit remarquer en battant le record national
cadet de la distance avec un chrono que ne réussissait pas beaucoup d’athlètes
seniors (8.15).
Si quelques-uns de ces sportifs eurent une carrière internationale
honorable, beaucoup désertèrent (leurs études achevées) rapidement les parcours
de cross et les pistes d’athlétisme pour s’engager dans la vie active. Seuls
les plus volontaires (surtout chez les féminines obligées de rester dans leurs
douar d’origine) résistèrent à la pression sociale exercée par la décennie
sanglante. A Ouled Mimoun (Tlemcen), à Chettia (Chlef), les équipes féminines
disparurent en un claquement de doigts.
Au début de cette décennie, en 1990, nous découvrions Nouria Merah qui
elle-même venait de rencontrer l’athlétisme et remporter ses premiers titres
nationaux sur 100 mètres et 200 mètres. Elle avait à peine 20 ans. Personne ne
pouvait imaginer qu’elle serait dix plus tard championne olympique sur
…1 500 mètres.
Le junior Djabir Saïd Guerni, était hors des plans de la fédération de
l’époque. Il côtoyait certes les
athlètes de l’équipe nationale de sa catégorie, mais à « l’hôtel de
BCR », au Sato et sur le parcours de cross de Dély Ibrahim. Ses stages
étaient financés par son club (le MCA) qui, utilisant la manne financière de
Sonatrach, ratissait heureusement large et permis à beaucoup de jeunes talents
de s’exprimer. Pourtant, il est de notoriété publique que la politique de
recrutement des talents fut décriée par tous ceux qui voyaient en cette section
d’athlétisme une rivale de l’équipe nationale. Elle en fut et reste
l’antichambre et ……le complément. A se demander même si ce n’était pas le MCA,
le CRB, l’OCA,….qui préparaient les E.N.
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