jeudi 3 mars 2016

Infrastructures sportives (2), Mégalomanie improductive

U
nes des premières gloires de l’athlétisme national, un international de lancers ayant su allier le sport et ces études universitaires que tous les parents souhaitent à leur progéniture - des études scientifiques éloignées (mais pouvant par certains aspects et spécialités en être proches) des sciences, technologie et méthodologie du sport, devenues la voie royale des sportifs d’un certain niveau - avant qu’il ne devienne  dirigeant puis président de fédérations sportives, commentant une de nos précédentes chroniques (de la série « Sport en mutation ») s’est indigné à la fois de la gabegie qui fait loi dans ce système sportif national dépecé et de l’indigence du patrimoine immobilier (infrastructurel) des équipes mythiques du football-roi.
Parmi ces clubs, il cite le MCA financé à perte  par la compagnie pétrolière nationale (Sonatrach). Club omnisports, antichambre des équipes nationales (toutes disciplines sportives confondues) auquel nous avons, dans cette chronique, attribué l’épithète, sous forme d’acronyme, de « SSF » (sans stade fixe) pour illustrer cette situation qui lui vaut en permanence (depuis presque deux décennies) d’être en quête d’un stade pour abriter ses rencontres sportives hebdomadaires. L’effet négatif de cette mégalomanie égocentriste qui l’anime et a conduit ses dirigeants à dédaigner les stades d’hier pour le « complexe olympique du  5 juillet » devenu l’antre de l’équipe nationale après les travaux de réhabilitation qui suivirent des décès accidentels de supporters.
Tous les autres clubs ont su, bon gré mal gré, s’adapter à la situation nouvelle en s’appropriant sous différentes formes juridiques dont celles (pour répondre aux exigences de ce cahier de charge prétendument imposé aux SSPA) de la concession ou de la jouissance des installations sportives publiques. Dans ce contexte, l’absence de clubs rivaux de même envergure permet aux clubs de l’intérieur du pays de bénéficier d’une priorité certaine que nul ne peut contredire.
Depuis le « redressement révolutionnaire » de 1965, les réalisations d’infrastructures sportives ont été nombreuses. Souvent les constructions, les réhabilitations et les extensions d’installations existantes ont  été déterminées par l’organisation d’événements sportifs de grande importance (jeux méditerranéens, jeux africains, championnats d’Afrique). En fait, cette manière d’agir n’a rien d’exceptionnel puisque ce type de politique est  usité par  toutes les nations lorsqu’il s’agit d’offrir une image de modernisme aux touristes sportifs.
La « Réforme sportive », sous tendue par l’idéologie « socialiste spécifique », encadrée par des institutions ayant porté à  son summum une idée de la Planification érigée en dogme, a permis aux grandes villes de disposer de stades  (et de salles) modernes en des temps où les conditions de vie de la population n’encourageaient pas la pratique sportive et que le « PAP » (plan anti-pénuries)  de la gouvernance Chadli introduisait la société de consommation et parallèlement libérait le terrain devant les sociétés d’importations étatiques, ancêtres des sociétés d’import- import de statut privé constituées en une maffia dont les actions néfastes pour l’économie et les finances nationales ont été médiatisées ces dernières semaines par la presse.    
La libéralisation économique et politique a ouvert le champ (lorsque le pays eut retrouvé l’aisance financière portée par l’augmentation sidérale des prix des hydrocarbures) à une politique débridée de couverture du territoire national en infrastructures sportives lourdes, souvent surdimensionnées par rapport aux besoins des populations. Comme de bien entendu, priorité fut donnée aux stades de football. Par ailleurs, les installations ont été envisagées sous l’angle de la compétition et non d’une pratique éducative, ludique ou de préservation de la santé. Aux antipodes d’une politique de socialisation du sport. Mal gérés, mal entretenus, les offices publics des grandes villes (il faut le préciser), comptant essentiellement sur la manne financière étatique et les aides multiformes des collectivités locales (en particulier à l’approche d’un événement sportif attirant les autorités locales et les représentants de la presse nationale puisque les écrits des  correspondants locaux « embeded » n’ont aucun impact) taxent impitoyablement les sportifs du week-end désireux de « bruler quelques calories et de retrouver un souffle perdu » pendant que des centaines de milliers de resquilleurs ont entrée libre.

La gestion des projets de réalisation d’infrastructures répond aux mêmes principes et mêmes insouciances qui président à la vie de tous les projets (insuffisance de maturité, non-respect des délais de réalisation et évidemment dépassement des autorisations de programme) et accompagnent l’ensemble des projets publics sujets à tant de scandales médiatiques et judiciaires. 

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