mercredi 2 mars 2016

Infrastructures sportives, Réussir sans moyens matériels

D
es photos publiées sur les réseaux sociaux  montrent dans quelles conditions repoussantes (et indignes des moyens financiers mis à la disposition du mouvement sportif national) l’une des possibles futures gloires de l’athlétisme algérien (le récent recordman d’Algérie du triple saut junior, Triki Yasser Mohamed Tahar) réalise ses séances de musculation. Des photos surprenantes d’un équipement qui a fait son temps et dont la place serait dans une décharge publique ou, pour se fondre dans les pratiques écologiques qui sont les nôtres, sur les rives ou dans le lit des oueds et pourquoi pas tant qu’on y est au fond du Rhumel (l’oued qui ceinture et protégea Constantine de toutes les invasions et le domine depuis deux millénaires et demi), de Lakhdaria (ex-Palestro) ou de Kherrata où ils se dissimuleraient au moins aux yeux des voyageurs. Un équipement qui, s’il appartenait à des salles privées, aurait pu être réhabilité ou du moins dans un état de présentation acceptable. La preuve que l’entretien et la maintenance ne sont pas la préoccupation des organismes gestionnaires des stades.
Bien entendu, en regardant ces photos, par un de ces réflexes naturels qui sont ceux des techniciens et des dirigeants algériens, on n’en retient que les aspects négatifs, ceux qui broient encore plus les cœurs et les esprits. Les lieux où sont installés les appareils donnent à la salle de sports la plus désolée et la plus déprimante qui puisse exister sur le territoire national (ou même dans les endroits de la planète où la modernité n’a pas fait son apparition) l’impression d’être une salle des plus luxueuses qui soient.
Une recherche d’informations sur cette « salle de musculation », fait apparaitre qu’elle se trouve dans les parties communes d’un des temples du football national, un des plus grands stades du pays, le « stade du 17 juin » qui accueillit, il y a des lustres, des matches de l’équipe nationale des années 80 (celle des Madjer, Belloumi, Assad et consorts) en quête d’une qualification pour la Coupe du monde de 82 et de 86 ou pour la coupe d’Afrique des nations. Devenu le « stade chahid Hamlaoui », il reçoit, lorsque le CS Constantine affiche des résultats probants, une armada des supporters (jusqu’à 50 à 60 000 Sanafirs) dont seulement le tiers paye son ticket aux guichets.
C’est cette même « salle » qui fut interdite, il y a plusieurs mois, par le directeur du complexe sportif en personne, aux lanceurs et lanceuses de l’USH Constantine (Karim Bettina, Nadia Medjmedj, Asmahane Boudjaadar) en préparation pour les championnats du monde  handisports. Malgré cette entrave et les conditions qu’offre cette « salle », ils rapportèrent dans leurs bagages des titres, des médailles et des records mondiaux et/ou continentaux  s’ajoutant à ceux conquis lors des précédents championnats du monde et jeux paralympiques. La démonstration s’il peut en être que souvent la volonté surmonte l’absence de moyens.
L’insulte faite aux sportifs reste en travers de la gorge. Les cyniques diront que nombreux sont les athlètes ne disposant pas (ou n’ayant pu disposer) d’une salle de musculation aussi riche en équipements certes détériorés mais susceptibles de remplir la mission pour laquelle ils ont été fabriqués. Les plus réalistes, ceux qui ont fait feu de tous bois, ceux qui ont connu la période des vaches maigres jugeront sans doute que, avec un peu de débrouille et de l’huile de coude, il serait possible de donner une seconde jeunesse au matériel déglingué. Ce qu’ils ont fait et qui continue à se produire en d’autres lieux très reculés dans l’Algérie profonde. Les plus anciens se souviennent sans doute que lorsqu’ils furent plus jeunes, c’étaient les salles de sports privées qui les accueillaient.

D’autres photos, tout aussi lamentables, montrent ce qu’est la réalité de la piste de l’infrastructure (qui aux yeux de tous, par le biais d’une belle pancarte, est le stade d’athlétisme) que tous les sportifs constantinois connaissent sous le nom de « stade annexe ». Des crevasses repérées par des blocs de béton, un tartan décollé donnant l’impression aux coureurs (lancés en pleine vitesse, au sortir d’un virage) qu’ils ne pratiquent pas la course à pied mais du surf sur les vagues d’Hawaï, des pistes d’élan au gazon synthétique arraché complètent ce paysage de décrépitude qui infirme que Constantine fut l’un des fiefs de l’athlétisme national.   

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