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es photos publiées sur les réseaux sociaux montrent dans quelles conditions repoussantes
(et indignes des moyens financiers mis à la disposition du mouvement sportif
national) l’une des possibles futures gloires de l’athlétisme algérien (le
récent recordman d’Algérie du triple saut junior, Triki Yasser Mohamed Tahar) réalise
ses séances de musculation. Des photos surprenantes d’un équipement qui a fait
son temps et dont la place serait dans une décharge publique ou, pour se fondre
dans les pratiques écologiques qui sont les nôtres, sur les rives ou dans le
lit des oueds et pourquoi pas tant qu’on y est au fond du Rhumel (l’oued qui
ceinture et protégea Constantine de toutes les invasions et le domine depuis
deux millénaires et demi), de Lakhdaria (ex-Palestro) ou de Kherrata où ils se
dissimuleraient au moins aux yeux des voyageurs. Un équipement qui, s’il
appartenait à des salles privées, aurait pu être réhabilité ou du moins dans un
état de présentation acceptable. La preuve que l’entretien et la maintenance ne
sont pas la préoccupation des organismes gestionnaires des stades.
Bien entendu, en regardant ces photos, par un de ces réflexes naturels
qui sont ceux des techniciens et des dirigeants algériens, on n’en retient que
les aspects négatifs, ceux qui broient encore plus les cœurs et les esprits. Les
lieux où sont installés les appareils donnent à la salle de sports la plus
désolée et la plus déprimante qui puisse exister sur le territoire national (ou
même dans les endroits de la planète où la modernité n’a pas fait son
apparition) l’impression d’être une salle des plus luxueuses qui soient.
Une recherche d’informations sur cette « salle de
musculation », fait apparaitre qu’elle se trouve dans les parties
communes d’un des temples du football national, un des plus grands stades du
pays, le « stade du 17 juin » qui accueillit, il y a
des lustres, des matches de l’équipe nationale des années 80 (celle des Madjer,
Belloumi, Assad et consorts) en quête d’une qualification pour la Coupe du
monde de 82 et de 86 ou pour la coupe d’Afrique des nations. Devenu le « stade
chahid Hamlaoui », il reçoit, lorsque le CS Constantine affiche
des résultats probants, une armada des supporters (jusqu’à 50 à 60 000
Sanafirs) dont seulement le tiers paye son ticket aux guichets.
C’est cette même « salle » qui fut interdite,
il y a plusieurs mois, par le directeur du complexe sportif en personne, aux
lanceurs et lanceuses de l’USH Constantine (Karim Bettina, Nadia Medjmedj,
Asmahane Boudjaadar) en préparation pour les championnats du monde handisports. Malgré cette entrave et les
conditions qu’offre cette « salle », ils rapportèrent
dans leurs bagages des titres, des médailles et des records mondiaux et/ou
continentaux s’ajoutant à ceux conquis
lors des précédents championnats du monde et jeux paralympiques. La
démonstration s’il peut en être que souvent la volonté surmonte l’absence de
moyens.
L’insulte faite aux sportifs reste en travers de la gorge. Les
cyniques diront que nombreux sont les athlètes ne disposant pas (ou n’ayant pu
disposer) d’une salle de musculation aussi riche en équipements certes
détériorés mais susceptibles de remplir la mission pour laquelle ils ont été
fabriqués. Les plus réalistes, ceux qui ont fait feu de tous bois, ceux qui ont
connu la période des vaches maigres jugeront sans doute que, avec un peu de
débrouille et de l’huile de coude, il serait possible de donner une seconde
jeunesse au matériel déglingué. Ce qu’ils ont fait et qui continue à se
produire en d’autres lieux très reculés dans l’Algérie profonde. Les plus
anciens se souviennent sans doute que lorsqu’ils furent plus jeunes, c’étaient
les salles de sports privées qui les accueillaient.
D’autres photos, tout aussi lamentables, montrent ce qu’est la réalité
de la piste de l’infrastructure (qui aux yeux de tous, par le biais d’une belle
pancarte, est le stade d’athlétisme) que tous les sportifs constantinois
connaissent sous le nom de « stade annexe ». Des
crevasses repérées par des blocs de béton, un tartan décollé donnant
l’impression aux coureurs (lancés en pleine vitesse, au sortir d’un virage)
qu’ils ne pratiquent pas la course à pied mais du surf sur les vagues d’Hawaï,
des pistes d’élan au gazon synthétique arraché complètent ce paysage de
décrépitude qui infirme que Constantine fut l’un des fiefs de l’athlétisme
national.
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